Que font les agents de contrôle nommés par le régime ?
Des géné
riques habillés sous des noms de marques sont proposés à prix d’or dans les officines camerounaises. Une mafia entretenue par les grossistes transnationaux avec la complicité des fonctionnaires de la direction de la pharmacie et du médicament.
Les pharmaciens et le personnel soignant jouent le jeu. Les usagers subissent le coup. « Aucun des médicaments qui vous a été prescrit n’existe dans notre officine, vous pourrez néanmoins les avoir dans n’importe qu’elle pharmacie de la ville», conseille la vendeuse de l’une des deux pharmacies de l’hôpital Laquintinie de Douala à une de leur patiente.
Cette dame répète ainsi à longueur de journée cette phrase aux nombreux patients, qui consultés dans ce centre de santé public lui présente des ordonnances, pourtant délivrés par les médecins dudit hôpital. En effet, ici comme ailleurs dans les autres hôpitaux du pays, les médecins préfèrent prescrire des médicaments de spécialité ou de marque hors de prix au lieu de leurs équivalents en génériques bon marché et vendus dans les pharmacies intégrés à ces hôpitaux. Les commis de pharmacie tout comme les malades qui ne sont par ailleurs pas qualifiés pour l’exercice n’osent demander les équivalents des molécules prescrites en générique.
Par ailleurs, à cause de leur faible demande, les pharmacies privées ne proposent qu’environ 5% de cette catégorie de médicaments. Seulement, même les molécules vendues ici sous des noms de marque sont en fait des génériques. Le Bactox, l’Ospamox ou le Hiconsil, qui ne sont en fait que de l’Amoxiciline habillée sous ces noms sont vendus à 158 Fcfa le comprimé contre 35 Fcfa sous le nom Amoxiciline.
De nombreux pays à l’instar de l’Algérie ont pourtant depuis 2003 généralisé l’utilisation du médicament générique obligeant tout importateur à n’importer que du médicament générique. Les accords ADPIC (Entente sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce) entérinée par l’organisation mondiale du commerce (Omc) permettent aux pays en voie de développement (PED) d’imposer les médicaments sous forme générique, même ceux sous brevet. Ces accords précisent par ailleurs que pour les maladies telles que le sida, le paludisme, la tuberculose, les PED peuvent recourir aux génériques à travers la licence obligatoire, et faire fabriquer même les molécules encore sous brevet sous cette forme. L’Afrique du sud, le Brésil entre autres ont déjà fait usage de ces dispositions. Pas le Cameroun où les fonctionnaires corrompus profitent de la situation actuelle.

Les pharmaciens et le personnel soignant jouent le jeu. Les usagers subissent le coup. « Aucun des médicaments qui vous a été prescrit n’existe dans notre officine, vous pourrez néanmoins les avoir dans n’importe qu’elle pharmacie de la ville», conseille la vendeuse de l’une des deux pharmacies de l’hôpital Laquintinie de Douala à une de leur patiente.
Cette dame répète ainsi à longueur de journée cette phrase aux nombreux patients, qui consultés dans ce centre de santé public lui présente des ordonnances, pourtant délivrés par les médecins dudit hôpital. En effet, ici comme ailleurs dans les autres hôpitaux du pays, les médecins préfèrent prescrire des médicaments de spécialité ou de marque hors de prix au lieu de leurs équivalents en génériques bon marché et vendus dans les pharmacies intégrés à ces hôpitaux. Les commis de pharmacie tout comme les malades qui ne sont par ailleurs pas qualifiés pour l’exercice n’osent demander les équivalents des molécules prescrites en générique.
Par ailleurs, à cause de leur faible demande, les pharmacies privées ne proposent qu’environ 5% de cette catégorie de médicaments. Seulement, même les molécules vendues ici sous des noms de marque sont en fait des génériques. Le Bactox, l’Ospamox ou le Hiconsil, qui ne sont en fait que de l’Amoxiciline habillée sous ces noms sont vendus à 158 Fcfa le comprimé contre 35 Fcfa sous le nom Amoxiciline.
De nombreux pays à l’instar de l’Algérie ont pourtant depuis 2003 généralisé l’utilisation du médicament générique obligeant tout importateur à n’importer que du médicament générique. Les accords ADPIC (Entente sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce) entérinée par l’organisation mondiale du commerce (Omc) permettent aux pays en voie de développement (PED) d’imposer les médicaments sous forme générique, même ceux sous brevet. Ces accords précisent par ailleurs que pour les maladies telles que le sida, le paludisme, la tuberculose, les PED peuvent recourir aux génériques à travers la licence obligatoire, et faire fabriquer même les molécules encore sous brevet sous cette forme. L’Afrique du sud, le Brésil entre autres ont déjà fait usage de ces dispositions. Pas le Cameroun où les fonctionnaires corrompus profitent de la situation actuelle.
Mafia organisée contre les usagers
Le marché du médicament est dominé à plus de 90% par les transnationales françaises Uc Pharm et Laborex présentes principalement dans les pays africains francophones. Ces dernières se sont ainsi spécialisées dans l’importation des médicaments de spécialité et de ceux dits de marque ou « brandnames ». Or, ces derniers dont plusieurs antipaludiques, sont en fait des génériques habillés sous des noms de marque et proposés trois à quatre fois plus chers que l’équivalent en générique. Ces molécules et leurs prix sont pourtant homologués par la direction de la pharmacie du médicament (Dpm) du ministère de la santé.
En effet, les transnationales habillent les génériques sous des noms de marque et les font homologuer tels quels. «Importer des génériques sous des noms de marque rentre dans une stratégie qui permet aux transnationales de réaliser de grandes marges arrières au moment de l’importation grâce à leurs centrales d’achat en France, de surfacturer les prix pendant l’homologation au ministère de la santé et de réaliser de gros bénéfices une fois le médicament livré dans les pharmacies. Tous les acteurs de la filière le savent mais sont corrompus pour fermer les yeux », explique sous anonymat un pharmacien. La présentation de la molécule sous un nom de marque permet alors d’introduire la notion de prix grossiste hors taxe (PGHT) dans le mode de calcul du prix de cession du produit. A celui-ci sont ajoutés les charges inhérentes au poids réel du produit et enfin le prix public qui intègre ces charges en plus des marges du grossiste et du détaillant en officine. Une équation pas admise, selon la politique pharmaceutique camerounaise dans le cas des génériques dans la mesure où une molécule peut exister dans plusieurs laboratoires, brisant la notion d’exclusivité.
Selon un autre pharmacien, qui préfère lui aussi taire son nom, les prix sont fixés par les transnationaux. « L’ordre des pharmaciens, le syndicat des pharmaciens et le Ministère de la santé à travers la direction de la pharmacie du médicament n’interviennent pas, se contentant de jouir des grosses sommes d’argent qu’ils reçoivent en compensation de ces transnationales », dénonce-t-il. Approchés, ni le ministère de la santé, ni la direction de la pharmacie du médicament en charge de l’homologation des médicaments, ni l’ordre des pharmaciens, ni Laborex et Uc Pharm qui représentent les principaux importateurs de médicaments n’ont souhaité se prononcer sur la question. Uc Pharm a soutenue au téléphone ne pas faire de la publicité et par conséquent pas disposée à parler aux journalistes. Les prix mondiaux de cession des médicaments sont pourtant connus. Selon l’indicateur de prix Internationaux des Médicaments, un document publié tous les ans par quatre organismes de santé dont l’Organisation mondiale de la santé et également disponible sur Internet, aucun antipaludique ne coûte plus de deux dollars. En 2006, le gouvernement camerounais à travers le ministère de la santé a même subventionné le Coartem, un générique sous brandname vendu localement à 4500 Fcfa ayant un prix mondial de 900 Fcfa.
Le personnel soignant complice
Les médicaments de spécialité ou ceux dits de marque (Brandnames) se sont imposés avec la complicité du personnel soignant corrompu pour les prescrire. Ici la corruption est entretenue par les délégués médicaux payés par les laboratoires pour positionner leurs produits ou par les commerciaux des principaux grossistes. « Notre travail à l’origine n’est pas d’aller corrompre le personnel soignant mais de leur présenter les molécules et surtout les nouvelles, mais sur le terrain, ils conditionnent la prescription de nos produits par des petits cadeaux. Et, quand nous les leur donnons, nous voyons les résultats » confie un délégué médical. Une affirmation que rejette le pédiatre Paul Ndenbe du centre médical Medico S.A qui soutient être guidé par la qualité du produit et la bourse de son patient. Les pharmaciens hésitent à substituer les médicaments dits de spécialité ou en brandnames justifiant que des patients les refusent. Mais dans les faits, le chiffre d’affaire réalisé sur la vente d’un Brandname est supérieur à celui d’un générique généralement bon marché. Ils y prélèvent certes le même pourcentage, mais à l’arrivée le montant prélevé est plus élevé dans un cas que dans l’autre.
Zéro nouveau médicament
La plupart des médicaments proposés dans les officines locales sont des molécules découvertes plus de trente ans auparavant, dont ne pouvant plus être considérés comme médicament original ou « princeps ». En effet, le « princeps » est un médicament protégé pendant vingt ans par un brevet. Passé cette date, la protection tombe et le laboratoire pharmaceutique qui l’a fabriquée en perd l’exclusivité. Les autres laboratoires ont alors le droit de fabriquer selon les mêmes exigences et de commercialiser un médicament identique qu’on qualifie dès lors de « générique ». Ce dernier n’ayant pas supporté les frais de recherche et de développement est vendu en moyenne à 30, 50 ou 70% moins cher. « Une nouvelle spécialité pharmaceutique n’est pas nécessairement un nouveau médicament », précise la revue « Pharmacorama, connaissance des médicaments » qui répertorie chaque année les nouvelles molécules. Selon cette revue, l’association de deux principes actifs connus dans une seule spécialité pharmaceutique peut être utile sur le plan pratique mais n’en fait pas un nouveau médicament sur le plan pharmacologique. Cette situation est davantage connue dans le traitement du paludisme où l’Oms recommande depuis 2004 l’association des combinaisons thérapeutiques. Une décision qui fait suite à des essais réalisés entre 2002 et 2003 par l’International Arthémisinin Study group au Vietnam où la majorité des souches de plasmodium Falciparum, vecteur du paludisme sont résistantes.
Charles Ngah, camer-be
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