La liberté, rien que la liberté

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mardi 10 novembre 2009

Cameroun : Paul BIYA ou l'anti-modèle

Pourquoi le Cameroun n'attire-t-il pas les investisseurs ? Son Président est-il un modèle pour la jeunesse ?



Le Cameroun nest pas un pays en guerre, mais un pays de paix comme le laisse dire le RDPC. Mais pourquoi n’y a t-il pas un engouement pour les investisseurs ? Simplement parce que le système a créé les fondements de son autodestruction. Nos institutions sont corrompues, tout agent de l’état, tout haut fonctionnaire en passant par nos élus considèrent que tout service rendu au citoyen est une faveur et par conséquent il faut des dessous de table.
Le président dictateur après 20 ans d’exercice de haute fonction au sein du gouvernement Ahidjo et 27 ans de magistrature suprême donc 47 ans au service de l’Etat du Cameroun continue de traiter les camerounais et son opposition comme des papiers toilettes, des assoiffés du pouvoir, des apprentis sorciers alors que 27 ans ne lui suffisent toujours pas. 27 ans au pouvoir et dire qu’on n’est pas soi-même un assoiffé du pouvoir, c’est traiter les camerounais comme des idiots, des cancres des indolents, des dormeurs, bref un peuple qui a peur et qu’il peut écraser avec son armée de destruction massive.
Le pays de la paix n’attire pas des investisseurs étrangers et sa diaspora, comme cela se voit dans d’autres cieux. Plusieurs facteurs concourent a cette situation : le racquet, la corruption, etc. Les investisseurs sont découragés de venir investir, ce qui prive l’Etat des recettes fiscales et notre jeunesse des emplois que cela aura du générer et par conséquence pas de développement. Un gouvernement a besoin d’être critiqué, d’être contrôlé. Sans critique ni contrôle, on aboutit a une autodestruction, à une inertie amorphe et le meilleur élève de Mitterrand est l’exemple même de cette inertie amorphe qui nous a ramené au plus bas de la fosse.
Rappelez-vous quand Ndembiyembé était directeur de la SOPECAM, il intitulait à la une de Cameroun tribune : «La Magnanimité du Président Paul Biya », ceci après un décret présidentiel attribuant l’ancienne présidence de la république au ministère de la culture, comme si Paul Biya individu faisait don de son bien privé à l’état du Cameroun. A propos des biens, l’article 66 de notre Constitution promulguée par Paul Biya le 18 janvier 1996 stipule que « Le Président de la République, le Premier Ministre, les membres du gouvernement et officiels doivent déclarer leurs biens et avoirs les deux avant et après le terme de leur mandat ». Mais a-t-il déclaré ses biens ? Il prêche lui même par le mauvais exemple. La manière dont on gère les fonds publics amène tout camerounais soucieux du sort de ses compatriotes à se révolter, à dénoncer le système de mafia mis en place pour spolier les plus pauvres.
Ce qui se passe également au sein des partis politiques est le reflet de la gestion de notre pays. Les initiateurs des actes de changements, les courageux, nous savons à quoi ils sont exposés : intimidation, corruption des membres, trahison, dénonciation, emprisonnement, empoisonnement, méthode employée par tous les dictateurs. Le meilleur élève de Mitterrand, a ramené le Cameroun au rang des pays pauvre très endetté. Biya est l’inertie même du peuple camerounais ; il devra par conséquent se rendre au Mali, au Ghana pour se former et se ressourcer à l’école de la démocratie dont il se vante tant.
L’opposition des années 90/92 n’existe plus au Cameroun. Tout est noyé dans un alignement qui ne dit pas son nom, UNDP de Bello, le MDR de Dakole. Issa Tchiroma qui a longtemps erré avec son FSNC rejoint la mangeoire. Regardez nos partis politiques pour ne citer que ces quelques exemples : l’UPC confisqué par Kodock qui en a fait son patrimoine personnel, le SDF de Nfru Ndi, the father founding ne laisse la place à aucune alternance, l’UDC de Ndam est la propriété de ce dernier; et seule la mort de cette classe politique des années coloniales peut permettre l’émergence d’une nouvelle génération des jeunes politiciens en phase avec les réalités de notre époque.
Les partis politiques ne nous présentent aucun programme pour la gestion de la cité pour les élections de 2011, à moins que, comme le Cameroun est habitué au bricolage, c’est en 2010 qu’ils vont nous servir les « Biya must go », formule qui ne tient plus sachant que le réseau se tord mais ne se plie pas (homme lion).
Ayons le courage d’appuyer là où il y a le mal. Le salut de l’Afrique et celui du Cameroun passe par l’alternance politique, la bonne gestion des fonds publics. Nos dirigeants doivent de dire la vérité. On ne peut pas passer tout le temps à nous cacher l’histoire de notre pays. Cela choque, cela fait mal, ça dérange mais il le faut. Le citoyen ordinaire souffre tandis que la classe politique vieillissante se remplit les poches. Savons-nous d’où nous venons ? Sommes nous patriotes ou bien sommes nous de simple profiteurs au service des puissances étrangères, ce que Ateba Ayéné appelle « le camp des pays organisateurs » ? L’action pour le changement, ne doit pas seulement se limiter au sein des partis politiques.
Sachant que la plupart des guerres civiles en Afrique est le résultat d’élections mal organisées et truquées, les camerounais peuvent chasser pacifiquement le dictateur, à moins de vouloir comme nos 300 « éveilleurs de conscience », sauvegarder son tube digestif au détriment de 18 millions de camerounais qui croupissent dans la misère, alors que notre pays dispose des richesses énormes.
La politique ne saurait être l’art de la manipulation lexicale, des terminologies ; mais l’art de la gestion de la réalité, du vécu quotidien des citoyens, pour apporter des réponses aux problèmes de la vie de tous les jours.
Le rôle de l’intellectuel c’est de montrer le chemin, d’être un guide et non de penser qu’il a le droit absolu de diriger parce qu’il a un doctorat ou une agrégation dans un domaine donné. Et c’est pour mettre en garde ces intellectuels zélés que Jean Paul Sartre a écrit en 1958 son livre « Les mains sales ». Et nous savons tous que ce sont ces derniers qui ont mis le Cameroun au rang des PPTE. Nos intellos au pouvoir ont démontré leur incapacité à mener à bien de manière unilatérale des projets de développement. Pour mener le moindre projet, il faut faire appel aux bailleurs de fonds internationaux, aux partenaires bilatéraux et multilatéraux, ce qui nous fait dépendre de ces partenaires et freine inlassablement nos efforts de développement. Il en est de même pour les Camers de l’extérieur qui pour la moindre initiative, tendent la main aux différents donateurs afin de mener à bien les projets comme si nous étions des incapables.
Pourtant, la diaspora achemine environ 140 milliards Fcfa de maniere formelle vers le Cameroun chaque année. Pourquoi ne pouvons-nous pas canaliser et orienter ces fonds vers la réalisation des projets d’entreprises ? Peut-etre parce que nous avons peur d’être racquetté, peur de la corruption, peur des détournements au proffit d’une élite gouvernante sans foi ni loi, toujours prête à profiter à la moindre occasion et qui ne se soucie pas du citoyen ordinaire, de sa jeunesse. Et comme tout camerounais patriote, nous devons soutenir les initiatives de changement.
En 1982, lorsque Biya arrivait au pouvoir, nous avions eu trop d’espoirs en lui. Mais durant des années j’ai constaté comme d’autres camerounais qu’il était un homme de discours et non de parole. Depuis 1961 qu’il est aux affaires, il n’a jamais connu la misère, la souffrance. Si nous observons la scène politique, Biya n’a jamais lutté pour le bien des camerounais, nous ne le retrouvons nul part dans les mouvements de contestations, de revendications. Il n’a jamais pris position, son père non plus n’a jamais milité pour la démocratie. Sauf pour ceux qui nous font croire tous les jours que le Cameroun est né avec Biya, que notre monnaie doit porter son effigie et que ce pays finira avec lui. Par conséquent il n’est pas un leader politique au sens réel du terme, c’est un animateur, un catéchiste qui lit des sermons, un hypocrite profiteur qui se nourrit des sacrifices consentis par nos martyrs, ceux qui étaient des vrais patriotes et qu’on a vite fait de jeter dans les poubelles. Cela choque de le dire, mais avons-nous le devoir ou le droit de dire l’histoire ou avons-nous tout simplement l’obligation de cacher notre histoire? Qui sont ceux qui ont lutté pour notre décolonisation ? Donnons leurs la place et la dignité qu’ils méritent. Et si nous aimons notre pays nous devons célébrer nos martyrs.
Biya parle de l’inertie. Or c’est lui-même l’inertie ; son régime a conduit le Cameroun au plus bas de la fosse, développé la corruption, la frustration, le tribalisme et bien d’autres choses. En effet Biya a montré ses limites et doit céder la place à des hommes nouveaux. Notre administration est gérée par des délinquants, des voyous. Or le pays regorge, dans tous les domaines, d’hommes capables de diriger et d’améliorer les conditions sociales et économiques de nos compatriotes. Biya est la honte même du Cameroun ; le passé finira peut-être un jour par le rattraper comme Mobutu, Taylor et bien d’autres.
On peut se souvenir de ses paroles : «L’école aux écoliers et la politique aux politiciens ». En effet il défend son trône. Ainsi il peut passer 27 ans à modifier la constitution, à faire du provisoirement définitif, à attendre les motions de soutien, à demander aux jeunes d’implorer l’aide de dieu pour avoir de quoi se nourrir alors qu’il aide au financement des sectes, à être absent au moment de prendre des décisions importantes pour l’avenir du pays. Voilà l’héritage que Biya laissera aux camerounais.
Et pourquoi nos 300 « guetteurs d’avenirs » s’intéressaient ils tant au maintien de Biya au pouvoir ? Ont-ils une pensée pour ceux qui sont morts pour notre indépendance, dans nos universités, nos villes, nos campagnes, et tous ceux qui ont été emprisonnés, torturés pour l’avènement de la démocratie dans ce pays? Et que dire de tous ces intellectuels qui ont fui le pays suite aux tortures morales et physiques ?
Tous les compatriotes conscients du chaos dans lequel le régime de “dieu le dictateur´´ a conduit le peuple doivent réagir comme un sel homme ; car ce pays n’est la propriété de personne. Que de personnes qu’on croyait dieux de la nation peuplent des cimetières. Et Biya d’ici peu connaîtra son tour, où il rendra compte aux asticots, dans la solitude et les ténèbres de la tombe. Après Biya le Cameroun continuera. Qui y cru qu’un jour, Ahidjo [que tous les profiteurs appelaient père de la nation] serait humilié, chassé du pouvoir et enterré hors de son pays?
Personne ne peut effacer l’histoire, notre passé finira par nous rattraper tôt ou tard.
Par Dextou

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