La liberté, rien que la liberté

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jeudi 25 août 2011

Cameroun : Intégrons la péremption politique


DE LA PEREMPTION POLITIQUE




« L’homme politique périme comme un médicament. A un moment donné, il devient toxique pour le peuple qu'il conduit »

La coutume semble s’installer de la pérennisation au pouvoir des dirigeants dans les Etats africains. De nombreux procédés sont employés pour ce faire, dont le plus courant et actuel est la modification de la Constitution dans le sens qui permet un maintien au pouvoir malgré la limitation constitutionnelle des mandats électoraux. Divers slogans sont lancés pour justifier ces mesures irresponsables : candidat naturel, appel du peuple, légalité, légitimité, bref de quoi convaincre l’opinion de l’intérêt de la représentabilité du même candidat, pourtant aux affaires depuis plusieurs décennies.
En tout état de cause cette tendance pose un réel problème à double aspect :


En premier lieu, la portée de la limitation constitutionnelle des mandats. Celle-ci devient floue, en tout cas ne remplit plus sa fonction tournée vers la promotion de l’alternance aux affaires. L’alternance permet d’essayer plusieurs régimes successifs, avec la probabilité que les conceptions du pouvoir étant différentes, la gestion conséquente des affaires publiques soit améliorée.

En second lieu, l’objectivité. Il est absolument artificiel de penser que le même homme ou le même régime puisse gouverner un pays pendant plusieurs décennies quels que soient les justificatifs avancés. Cela voudrait induire l’omniscience de l’élu de toujours et l’impossibilité de trouver un remplaçant dans la jeune génération. Or voilà une absurdité, sauf à arrêter le cours de l’histoire dont la roue tourne inexorablement. L’élu de toujours n’est pourtant pas éternel, et il est évident qu’après lui le peuple doit pouvoir s’assumer. C’est une réalité qu’il faut admettre comme catégorique, attendre qu’elle doive s’imposer fatalement.

Dans ce contexte de réalité, si la loi ne peut imposer l’alternance, devant ployer sous sa précarité institutionnalisée, la péremption politique doit s’imposer comme un empêchement dirimant à gérer les affaires publiques après une certaine durée au pouvoir.

C’est un concept philosophique qui doit être adopté dans la conscience nationale, et qui transcende tous les slogans possibles (candidat naturel, appel du peuple, etc.). Dans cette optique, se fondant sur une vérité immuable, la péremption politique veut que dans une démocratie authentique, au-delà d’une certaine durée à la gestion des affaires publiques, l’on ne soit plus apte sur le plan politique, sauf le risque de reconduire les mêmes scénarii qui, à la vérité, n’avancent à rien sauf à assurer à l’homme politique omnipotent le maintien au pouvoir.

L’idée d’une péremption politique frappant les détenteurs de mandat électoraux doit interpeller chacun, aussi bien le potentiel et permanent candidat à sa propre succession que le potentiel électeur. Le problème restera seulement de quantifier dans le temps ce concept révolutionnaire qui peut être résolu par analogie à la détermination de la durée de vie des médicaments. Un médicament n’a jamais une durée de vie éternelle, et cela ne dépend pas de son efficacité ou de son accueil auprès de ses consommateurs. Il est évident qu’après un certain temps, le médicament ne remplit plus sa fonction chez le malade même si celui-ci aime bien le prendre ; il deviendrait même toxique. A ce niveau, la conscience nationale est interpelée pour fixer au-delà des aléas de l’éligibilité ou non, le quantum de cette cause de non-représentation d’un candidat devenu permanent, quoique la constitution l’y habilite originairement ou conséquemment à une modification circonstancielle.
En effet et fondamentalement, la péremption politique constitue un empêchement naturel, l’homme étant voué au vieillissement et par voie de conséquence à la diminution de ses facultés et aptitudes mentales. Le nombre d’années au pouvoir peut être pris comme critère, ou encore l’âge du candidat permanent. Cela, au delà de la limitation constitutionnelle des mandats, permettrait de réaliser l’alternance plutôt que de soumettre cette exigence essentielle de toute démocratie moderne à un critère contingent.

Nombre de nos dirigeants accédant au pouvoir au lendemain des indépendances, sont maintenant périmés sur le plan politique. La manière de générer d’antan n’est plus adaptée aux exigences des peuples aujourd’hui. Cela va de soi. Le seuil intellectuel de l’aptitude politique de l’époque a été largement dépassé. On est plus instruit et l’on comprend plus vite les limites de certaines absurdités qui passaient inaperçues à l’époque du prestige de quelques petits diplômes glanés dans ce qui était « grande école » chez la puissance coloniale.

C’est important : le gouverné doit désormais être plus sensible à la réalité d’une péremption politique à raison de la permanence au pouvoir.

© Pr. Jean GATSI
Agrégé de droit privé et des Sciences criminelles
Président National du MPLC (Mouvement Pour la Libération des Camerounais)
Candidat à l’élection présidentielle de 2011 au Cameroun

3 commentaires:

  1. Ce nouveau concept est formidable. Professeur vous avez raison à 100%. Merci de réfléchir pour le peuple. Un pouvoir périmé devient nuisible au peuple comme l'est un médicament périmé au corps humain. Merci, merci et merci. Que le Seigneur Dieu vous protège.

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  2. Yaaaah Prof. tu sors encore d'où avec cette histoire de péremption politique ? tu es devenu phylosophe ? Yah! arrête de réfléchir. mais c'est bien.

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  3. grand prof il faut aller jusqu' au bout s'il pouvait avoir 2 coe vous les choses devaient avancees

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