LA HONTE D’UN REGIME AUX ABOIS
Outrage au chef de l’Etat : Le tribunal renvoie la cause au 20 août 2009
Le Cameroun n’est pas un pays où il fait bon vivre. Les citoyens subissent au quotidien les assauts d’un groupe d’individus qui se voit investi d’une mission quasi divine : celle de protéger le Chef de l’Etat par tous moyens, y compris la torture. Les droits de l’homme sont constamment violés par des hommes en arme, notamment dans les transports en commun. Le texte à suivre illustre parfaitement ces abus des hommes du régime.
Mais qu’attend le Président BIYA pour prendre clairement position contre ces pratiques d’un autre âge ?
Fube Roland Fonwi Tita, enseignant de chimie, avait été arrêté à bord d`un taxi le 30 janvier dernier (selon les témoignages de membres de sa famille et de ses collègues de l`English High School of Yaoundé), au moment où le chef de l`Etat et son épouse revenaient de Libreville où Paul Biya et ses pairs résolvaient la crise née des placements de la Banque des Etats d`Afrique centrale (Beac) à la Société générale en France. D`après son collègue, le prévenu aurait fait le commentaire selon lequel il n`est pas "normal" que les routes soient ainsi bloquées et qu`il était "préférable pour tous qu`il [le chef de l`Etat] prenne le chemin des airs avec un hélicoptère".
C`est alors qu`un passager (on parle d`un gendarme) du taxi qui devait le transporter à la Christian Comprehensive High School à Nkolmbong où il dispense également des enseignements de géologie et de chimie, ordonne au conducteur de se diriger à la Direction de la police judiciaire (Dpj). "Il [le passager] aurait brandi une arme et menacé le chauffeur", explique encore un collègue de l`infortuné professeur. Après la Dpj, le prévenu est ensuite renvoyé à la présidence de la République, puis à la brigade de recherches "qui l`a envoyé au parquet", soutient Me Mangoua. Placé sous mandat de dépôt le 4 février 2009 à la prison de Kondengui, M. Fube a été libéré sous caution le 5 mars dernier, après un mois de détention.
Le jeudi 16 juillet 2009, le Tribunal de première instance (Tpi) de Yaoundé a rejeté les exceptions soulevées par les avocats de Fube Roland Fonwi Tita, jugé pour outrage au président de la République, les jugeant "non fondées". L`affaire, en délibéré depuis le 4 juin dernier, a été renvoyée au 20 août prochain "pour exécution Add [avant dire droit, Ndlr] et continuation des débats". Le 2 juillet dernier, le tribunal n`avait pu se prononcer sur ces exceptions à cause de l`indisponibilité de la juge.
Lors de la dernière audience, la défense avait relevé des "anomalies dans le dossier", notamment "l`inexistence d`un procès verbal (Pv) de notification de garde à vue", déclarait Me Mangoua, l`un des avocats du prévenu.Ce dernier ajoutait également que non seulement son client "n`a pas été notifié de son droit d`être assisté d`un avocat s`il le veut", mais que M. Fube, parlant à peine français car étant de langue anglophone, "on ne lui a pas dit qu`il avait droit à un interprète. Le Pv est écrit dans un excellent français qu`il ne peut pas avoir compris". C’est "toutes ces violations", renchérissait l`avocat, qui ont poussé la défense à demander les nullités de Pv car "le prévenu avait été arrêté d`une façon peu orthodoxe par quelqu`un qui n`avait pas qualité pour l`arrêter, un gendarme qui disait être de la sécurité présidentielle", dit l`avocat.
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