La liberté, rien que la liberté

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lundi 21 septembre 2009

PAUL BIYA ET LA CORRUPTION AU CAMEROUN



Paul Biya inapte à assainir le Cameroun


La lutte contre la corruption aurait pu être le déclic pour un nouveau départ si les maîtres d'oeuvres de cette opération ne s'étaient eux-mêmes compromis dans des affaires louches. Lorsqu'il y a quelques années, Paul Biya lançait ce que certains appellent aujourd'hui "l'opération épervier", c'est-à-dire cette campagne de lutte contre la corruption et les détournements de deniers publics, le Chef de l'État camerounais était loin de s'imaginer qu'il serait pris lui-même dans son propre piège, celui d'un chasseur affamé attiré par l'appât du gibier.
Sinon comment comprendre qu'à peine cette campagne d'assainissement commencée que le président de la République se retrouve au coeur de plusieurs scandales dans lesquels il est rendu coupable de légèreté dans la gestion des biens publics.
La dernière affaire qui met à nu M. Biya remonte tout juste à la fin du mois de juillet dernier avec le scandale des vacances coûteuses du n° 1 camerounais et sa forte délégation à la Baule. L'on se souvient que le vendredi 29 août 2009, alors que les Camerounais commencent à se triturer la cervelle pour trouver des solutions à la sempiternelle question de la préparation de la rentrée scolaire qui arrivait à grands pas, trois médias français, à savoir, Ouest France, France Inter et Radio Fidélité Nantes ne se sont pas faits prier pour révéler que Paul Biya, son épouse et une importante délégation de près d'une cinquantaine de personnes occupent 43 chambres dans les hôtels L'Hermitage, cinq étoiles, et Le Royal, quatre étoiles. Ce qui a sans doute frappé l'esprit des confrères français est le coût prohibitif de ce séjour présidentiel : 42 000 euros par jour, soit un peu plus de 27 millions par jour, faisant ainsi mieux que les présidents Sarkozy, Bush et Obama réunis. Et vouloir rappeler que ce n'est pas la première fois que Paul Biya va en vacance dans cette cité française et même en occident d'une manière générale, peut laisser sous entendre que le Chef de l'État est un dépensier hors pairs.

Récurrence
Quelques semaines avant ces révélations qui ont mis en difficulté les pourfendeurs impénitents du renouveau et de son chef, un rapport du Comité catholique contre la Faim et pour le Développement (Ccfd- Terre-Solidaire) éclaboussait le président camerounais Paul Biya ; lui qui est soupçonné d'avoir utilisé les fonds publics à son compte personnel, mais surtout d'être le propriétaire des "biens mal acquis".
Comme à l'accoutumée, cette autre affaire a fait jaser les thuriféraires du régime qui n'ont rien trouvé de mieux à servir au peuple camerounais que de pondre des "émotions de soutien" à un homme qui prétend assainir la gestion des finances publiques alors qu'il se refuse de se soumettre à l'obligation constitutionnelle et morale de déclarer, en tant que chef, ses biens, comme le stipule l'article 66 de la Constitution du 18 janvier 1996, promulguée par lui-même. Dans ces conditions, Paul Biya est-il qualifié pour lutter contre la corruption au Cameroun? Pourquoi n'avait-il pas déclaré lui-même ses biens avant d'engager cette vaste campagne d'assainissement ?
Le refus de le faire a contribué à alimenter la thèse qui voudrait que cette opération lui ait été imposée de l'extérieur et qu'il n'avait pas de choix, bien que cela pourrait un jour se retourner contre lui, comme c'est le cas aujourd'hui. Il est dès lors facile pour les esprits malins, de voir en ces révélations une "cabale contre Paul Biya", chef d'orchestre de " l'opération épervier". Il est certain que si Paul Biya n'avait pas subi une forte et récurrente pression de la communauté internationale, il ne se serait jamais engagé dans cette lutte ; lui qui avait toujours, au grand dam du peuple qui trinque aujourd'hui, demandé (et c'était là la bénédiction présidentielle pour un étranglement des caisses publiques) où étaient les preuves des accusations de détournements de deniers publics qui, à l'époque, se chiffraient encore en terme de millions et non en milliards comme maintenant.

Différence
Doit-on s'abstenir de nous interroger sur la gabegie présidentielle sous le prétexte que cela va fragiliser la lutte contre la corruption ? En tout cas, la manière avec laquelle l'homme lion mène l'opération épervier montre que la lutte contre la corruption n'est pas sous tendue par une réelle volonté politique d'assainissement. De quoi a-t-il donc peur ? Est-ce peut-être parce qu'il se sentirait complice (passif ou actif), à défaut d'être coupable ?
Ce qui est vrai, c'est que dans la plupart des scandales économico-financiers de ces dernières années, Paul Biya, sa famille et son entourage sont, même de manière implicite, impliqués à un niveau ou à un autre. Rendrontils compte un jour sans que cela ne soit perçu comme une cabale ? Les ministres et autres Directeurs généraux qui sont aujourd'hui embastillés pour détournement de deniers publics, sont des fossoyeurs de la république. Mais quelle différence existe entre eux et quelqu'un qui a le courage de casquer, aux frais du contribuable, plus de 27 millions de F.cfa par jour ? L'épervier n'est-il pas "éperviable" ? Paul Biya ne gagnerait-il pas à montrer patte blanche dans cette opération, non seulement en mettant en application l'article 66 de la Constitution, mais aussi en pensant une bonne politique de lutte qui éviterait de faire croire que la campagne est faite à tête chercheuse. Cela est-il si difficile à comprendre ?
Source: Germinal septembre 2009

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