La liberté, rien que la liberté

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dimanche 11 avril 2010

Cameroun : Le devenir de la pétition déposée aux nations unies contre le Président BIYA




Les chances de succès de la pétition de Célestin Bedzigui déposée aux Nations unies ?


Il y a toujours eu sous tous les régimes des insatisfaits, des aigris, des opposants. Du Second Empire, Henri de Rochefort disait, dans le premier numéro de “La Lanterne”, qu’il comptait “vingt millions de sujets sans compter les sujets de mécontentement”. Tant que les mécontents se bornent à employer des moyens légaux pour renverser un gouvernement ou un régime, ils font de la politique et non pas de la subversion. Mais parmi les opposants ou les adversaries, il y en aura toujours un certain nombre, plus ou moins grand selon les circonstances, disposé à utiliser des moyens illégaux, donc clandestins, pour essayer de renverser le pouvoir établi. La première caractéristique de l’action subversive, tout au moins dans un pays démocratique ou les libertés essentielles peuvent s’exercer, sera donc l’illégalité.Encore convient-il de dissocier un acte individuel d’une enterprise collective. Si les adversaires du régime agissent par des moyens, extra-légaux certes, mais mis en œuvre individuellement et non suivant un plan établi, leur action personnelle restera subversive mais il n’y aura pas pour l’Etat menace de subversion. L’explosion d’une bombe ne sera jamais qu’un attentat isolé; par contre la perpétration d’une série d’attentats à la bombe sera la preuve de l’exixtence d’une organisation subversive.

Qui dit subversion entend donc une action illégale d’abord, collective ensuite. En d’autres termes, il s’agit tout simplement d’un complot à ramifications plus ou moins étendues et dirigé soit de l’intérieur soit de l’extérieur.
Quand aux formes de l’action subversive, elles sont multiples et toujours adaptées au milieu et aux circonstances. Elles varient de la propagande pernicieuse, répandue par une “cinquième colonne”, à l’action terroriste; elles utilisent toutes les possibilités offertes ou au besoin créées; elles recouvrent l’action subversive de buts souvent trompeurs et captent ainsi des adhérents de bonne foi dont les yeux s’ouvrent malheureusement toujours trop tard. D’une facon générale on peut dire que la subversion utilisera toutes les méthodes, toutes les techniques susceptibles d’affaiblir d’abord, de détruire ensuite, la structure politique, sociale, économique et militaire d’une nation.

L’examen de toutes ces formes a fait l’objet d’études très poussées de la part d’éminents spécialistes. L’important, du point de vue militaire, n’est d’ailleurs pas de dresser une liste aussi complète que possible des formes de l’activité subversive. L’essentiel est de différencier la forme de subversion mettant en œuvre des moyens et une tactique nécessitant pour les combattre l’entrée en action des forces armées. Pour cela il faut que l’action subversive, sortant au moins partiellement de la clandestinité, se manifeste ouvertement par l’entrée en action d’éléments nationaux organisés et armés, ces éléments nationaux pouvant d’ailleurs, à des degrés divers, continuer à dépendre de l’étranger. A partir du moment où l’action subversive revêt ce triple caractère d’action ouverte, organisée et armée, elle est justiciable de l’emploi contre elles des forces armées. Si ces trois conditions ne sont pas toujours suffisantes, elles n’en sont pas moins toutes trois nécessaires. Un soulèvement non organisé, c’est-à-dire forcément limité dans le temps et dans l’espace, c’est soit une émeute si l’action est menée par des éléments civils, soit une mutinerie ou une rébellion selon l’importance des effectifs militaire révoltés. Mais ce n’est pas encore une insurrection; ou tout au moins pas au début, bien que l’histoire ne manque pas d’exemples d’émeutes ayant tourné à l’insurrection, voire même à la révolution dont celle de Juillet 1789 en France reste l’exemple consacré par le mot célèbre de La Rochefoucauld-Liancourt à Louis XVI après la prise de la Bastille: “C’est plus qu’une émeute, Sire, c’est une révolution”.

L’histoire montre également que le processus insurrectionnel une fois déclenché reste presque toujours le même. Les objectifs initiaux des insurgés ne varient guère: ce sont les dépôts d’armes et de munitions, les centres névralgiques du pays. C’est une des raisons pour lesquelles une insurrection moderne commencera dans la capitale ou tout au moins dans les grands centres urbains, et ne pourra durer et se développer qu’à la condition de tenir au moins l’une des grandes villes, d’y installer un semblant de gouvernement, et d’y équiper des unités capables de résister à des attaques de blindés. Ces conditions initiales remplies, l’insurrection ne pourra s’étendre que par des actions dites de guérillas, car aucune bande insurrectionnelle ne peut avoir la prétention de tenir en rase campagne en face d’unités régulières, tout au moins tant que l’insurrection ne disposera pas d’unités armées et equipées de façon comparable. Il est important de noter qu’une insurrection pourrait difficilement réussir sur le plan militaire, à moins qu’elle ne réussisse à rallier dès le début une fraction importante des forces armées ou bien ne reçoive dans les moindres délais une aide extérieure.

Ceci posé, les missions de l’Armée dans la lutte contre la subversion et contre l’insurrection paraissent plus faciles à définir. Il est non seulement normal mais nécessaire que l’Armée étudie les moyens de combattre la subversion et soit préparée à les mettre en œuvre le cas échéant. La subversion est beaucoup plus grave si elle est dirigée de l’extérieur, en raison de l’importance accrue des moyens mis en œuvre. Mais, quelle qu’en soit l’origine, la subversion s’attaque à toutes les branches de l’activité nationale, à tous les corps constitués de l’Etat. Il est dès lors évident que l’armée, partie intégrante de la nation, se doit de participer à la lutte commune contre ce danger.

Mais il ne peut s’agir pour elle que d’une participation dans le cadre de la défense de la nation toute entière. L’Armée, en effet, n’est ni organisée, ni equipée pour assumer la responsabilité d’actions offensives contre une organisation clandestine. La subversion étant somme toute un complot, il appartient aux organismes specialisés et non à l’Armée de démasquer et de réduire à l’impuissance ceux qui, en fait, sont des conspirateurs. Seuls ces organismes, forces de police ou services spécialisés, ont les moyens de déjouer les enterprises de subversion. Les Forces Armées en tant que telles ne peuvent, et donc ne devraient pas, prendre part à la lutte offensive contre les activités subversives, si ce n’est dans des cas bien particuliers lorsqu’elles sont requises d’apporter leur aide aux forces de police soit en cas d’urgence, soit lorsque les moyens de ces dernières sont estimés insuffisants pour que force reste à la loi et pour le maintien de l’ordre.

Il en est tout autrement dès qu’il s’agit non plus de subversion mais d’insurrection, si l’on veut bien admettre que le domaine de la subversion finit, et celui de l’insurrection commence, avec le recours aux armes. Cette délinéation est essentielle pour définir le rôle et fixer les missions de l‘Armée dans la lutte contre l’insurrection. La constitution de dépôts d’armes clandestins, c’est encore de la subversion. La recherche et la saisie de tels dépôts, c’est toujours l’affaire de la police et des services specialisés. Mais si, en dépit des activités policières, les éléments subversifs ayant réussi à s’armer passent à l’action, il ne peut y avoir de doute: c’est aux Forces Armées qu’il appartient de les réduire ou de les détruire. A l’appui de cette affirmation les arguments ne manquent pas, à commencer par la parole même du Christ à saint Pierre: “Celui qui a tiré l’épée périra par l’épée”.

Les opérations anti-insurrectionnelles devront donc comporter simultanément des opérations militaires et des opérations spécialisées. Dans ces conditions la question peut se poser de savoir qui du Militaire ou du Civil doit assumer la responsabilité de l’ensemble des opérations. Une telle décision se rapportant à la conduite de la guerre et non pas seulement à la conduite des opérations est de ce fait affaire de gouvernement. C’est-à-dire que selon les circonstances, en particulier selon le climat psychologique du moment et suivant l’importance des forces insurrectionnelles à réduire, la responsabilité de l’ensemble pourra soit demeurer civile soit passer aux mains des militaires. Toutefois, quelle que soit la décision prise, il ne doit pas être perdu de vue que si les autorités civiles sont compétentes pour utiliser l’aide des Forces Armées dans une action de police, seules les autorités militaires demeurent qualifiées pour diriger des opérations essentiellement militaires

Il ressort de l’analyse ci-dessus que les événements du 25 au 29 Février 2008 au Cameroun correspondent à la définition d’une émeute; puisqu’il s’agissait d’un soulèvement non organisé, c’est-à-dire forcément limité dans le temps et dans l’espace, et l’action était menée par des éléments civils.Pourque l’intervention des forces armées soient justifiée pour le rétablissement de l’ordre, l’action subversive doit revêtir au moins un triple caractère d’action ouverte, organisée et armée. Les événements du 25 au 29 Février 2008 au Cameroun avaient-ils un caractère ouvert ? Oui, puisqu’ils se sont déroulés au vu et au su de tout le monde, et la presse nationale et internationale s’en sont fait l’écho. Ces événements étaient-ils organisés ? Les manifestants étaient-ils armés ?
Tout en laissant de côté la question de savoir si les pétitions et plaintes introduites par des camerounais aux Nations Unis et à la Cour Pénale Internationale sont fondées ou non, le gouvernement du Cameroun devrait plutôt essayer de répondre à la question de savoir pourquoi s’est-il senti obligé, pour rétablir l’ordre, de faire appel aux forces armées (police et militaires avec des balles réelles et un bilan d’au moins 40 morts), alors que de l’avis des experts, le rétablissement de l’ordre dans des situations de cette envergure ne requiert pas l’intervention des forces armées avec le bilan qu’on connait.

En fin de compte, pour justifier le niveau de force auquel il a eu recours pour rétablir l’ordre pendant les événements du 25 au 29 Février 2008, le Gouvernement de la République du Cameroun devrait pouvoir prouver aux éventuels enquêteurs internationaux que les manifestants étaient au moins organisés et armés.
© Correspondacnce Camer be : Ntche, Tissah Georges. Enseignant et Chargé de Recherches Washington, DC / USA

1 commentaire:

  1. C'est tout ce que vous pouvez faire en ce moment et rien de plus car nous tenons le pouvoir et vous allez continuer à souffrir dans des actions inutiles. Le pouvoir est bon, il est sucré, et nous l'avons. Allez au diable avec vos théories.

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