La liberté, rien que la liberté

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lundi 11 octobre 2010

Cameroun : Le régime de Paul Biya prépare la terreur et des fraudes massives aux prochaines élections




Préparation d'élections: Le régime dessine des plans de terreur et de fraudes



Le pouvoir de Paul Biya est en guerre psychologique permanente contre le peuple camerounais. Si l’indépendance des médias par rapport au gouvernement est une condition de la démocratie, les instruments étatiques de guerre psychologique, que sont Cameroon Tribune et CRTV, confirment le caractère antidémocratique du régime. Mais le message d’intimidation qu’est le communiqué du recrutement de 1900 « commandos d’élite » couve en soi-même un inévitable effet boomerang ; car Paul Biya peut être entrain de recruter et de former ceux-là mêmes qui le renverseront du pouvoir au jour J. Cameroon Tribune avertit que le gouvernement néocolonial ne reconnaîtra pas les chiffres du recensement de 2005 lors des prochaines élections, en réponse à ceux qui tablent sur 7 à 8 millions d’électeurs supplémentaires pour éjecter Biya.

BALTIMORE 10/06/2010 – Le régime néocolonial de Paul Biya est en guerre psychologique permanente contre le peuple camerounais. Un héritage qu’il tient du colonisateur français et qu’il perpétue.

Tandis que la guerre ouverte est faite au peuple selon les circonstances toutes les fois que les Camerounais se soulèvent, comme lors de l’insurrection de février 2008, lors des soulèvements d’étudiants dans nos universités, pendant la période d’épuration des indésirables avec le commandement opérationnel, ou encore pendant les Villes Mortes, la guerre psychologique est une stratégie appliquée quotidiennement par le gouvernement néocolonial de Yaoundé, héritier fidèle de son prédécesseur terroriste et sanguinaire.

La nécessité de poursuivre contre le peuple camerounais la guerre psychologique, sans laquelle il est impossible au régime tyrannique de conserver le pouvoir, justifie les contradictions relevées au Cameroun au moment où ce régime déclare avoir mis en place une « démocratie avancée », notamment la possession par le gouvernement des tout puissants média que sont la CRTV et Cameroon Tribune.

L’indépendance des médias par rapport au gouvernement est une condition de la démocratie
La diversité des opinions est une condition de la démocratie. Quand un ou deux puissants médias dominent l’audience d’un pays, la question n’est plus seulement de savoir s’ils vont servir une diversité d’opinions, mais aussi s’ils seront capables de présenter une information qui est dommageable à leurs propriétaires ou publicitaires.
Dans une démocratie réelle, c’est une évidence que l’utilisation des moyens de communication de l’Etat au profit d’un candidat chef de l’Etat est antidémocratique, parce qu’un tel avantage fausse tout jeu démocratique.
En effet, il découle de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de l’ONU, ratifiée par le Cameroun, que la liberté et l'indépendance des médias à l'égard des puissances politiques et économiques sont cruciales pour le bon fonctionnement d'une démocratie pluraliste respectueuse des droits des minorités, y compris les oppositions politiques, à promouvoir leurs opinions de façon libre et transparente, permettant ainsi des élections libres et justes.
C’est pour cette raison que dans un pays démocratique, une loi interdit généralement à l’Etat la propriété de médias puissants, à défaut de prescrire à de telles propriétés étatiques des règles strictes de neutralité et d’objectivité dans le traitement de l’information (tel C-Span aux Etats-Unis), en reléguant plutôt souvent son rôle à la seule gestion des ondes nationales.
L’interprétation de deux importants chiffres donne l’indication du degré de démocratisation d’un pays, à savoir le nombre de personnes propriétaires des médias et le nombre de personnes exposées à l’influence des médias. Une telle interprétation est importante parce qu’elle a trait à l’étude sociologique du « comment les croyances des individus se forment » et du « comment les actions des individus sont basées sur leurs croyances ». Le sujet est donc directement lié au degré d’indépendance éditoriale, d’objectivité du médium public et de la liberté d’expression.
Dans une démocratie réelle, la concentration de la propriété des médias entre les mains d’un petit nombre (conglomérats ou corporations politiques ou économiques) est sociologiquement désavantageux, dangereux ou problématique. Quand le petit nombre de propriétaires en question est un petit groupe d’individus, sinon un individu, en vertu de leur position dans l’administration de l’Etat, et que de tels propriétaires utilisent une telle propriété de fait pour confisquer le pouvoir, il n’y a pas situation plus antidémocratique de celle-là.

Les instruments étatiques de guerre psychologique au Cameroun
La deuxième remarque sur la propriété antidémocratique des médias de forte audience par l’Etat en est que les journalistes employés par de tels médias étatiques ne peuvent pas exercer leur métier dans les règles de l’art. Celles-ci leur exigent la fidélité aux faits, l’indépendance et l’objectivité dans le traitement de l’information.
Les journalistes des médias d’Etat sont plutôt généralement des griots des gouvernants, avec le dangereux inconvénient qu’ils entraînent des segments entiers de la population à soutenir aveuglément de mauvais gouvernants. Un soutien aveugle qui a souvent pour horrible prix des conflits et clash sociaux, tel le génocide du Rwanda. De tels individus, faussement appelés journalistes, sont donc généralement des criminels extrêmement dangereux, qu’il faut absolument écarter du monde journalistique afin de préserver la démocratie.
Quand une telle propriété de fait des médias d’Etat par des individus au pouvoir est doublée du fait que les employés d’un tel Etat sont presque tous des membres du parti politique au pouvoir, on en arrive au Cameroun à une dangereuse situation où la directrice de Cameroon Tribune, Marie Claire Nana, rivalise avec Madame Foning en matière de zèle pour soutenir le chef d’Etat Paul Biya.
La CRTV et Cameroon Tribune sont les instruments essentiels de guerre psychologique dont se sert le régime néocolonial. La privatisation de ces deux instruments publics de communication au profit, non pas des riches ou d’un groupuscule, mais plutôt d’un actionnariat populaire où les journalistes camerounais posséderaient une minorité influente des actions, est une demande qu’on se serait attendu à voir sur la liste des revendications d’une opposition camerounaise véritable. Il est curieux qu’un problème aussi sérieux pour une démocratie que tout le monde demande pourtant à cors et à cris soit oublié.

Les stratégies et intentions du régime à travers CRTV et Cameroon Tribune
Les patriotes camerounais commettent souvent l’erreur de ne pas écouter ou lire ces médias d’Etat. En effet, s’il est accepté qu’il faille bien connaître son adversaire, ne pas lire ou écouter ces médias d’Etat, c’est refuser de connaître le pouvoir Biya. Car c’est dans ces organes de contrôle et de conditionnement des esprits des Camerounais que l’on peut lire les stratégies et les intentions du régime tyrannique.
Cameroon Tribune et CRTV écrivent leurs articles sur instructions du gouvernement. Dans le cadre de l’exécution de ses stratégies de guerre psychologique, le gouvernement utilise donc les colonnes et les antennes de ces organes financés par le peuple pour faire passer ses messages de conditionnement et d’abrutissement des esprits des Camerounais.
Pour ne prendre que le dernier cas en date, portant sur un « recrutement spécial de 1900 commandos d’élite, au profit de la Garde Présidentielle (GP) et des Bataillons d’Intervention Rapide (BIR) » avec des exigences curieuses faites aux recrues, telles qu’ils doivent « être âgés de 18 ans au minimum au 1er Janvier 2010 et de 23 ans au plus au 31 Décembre 2010 » ou encore qu’ils « ne devront pas contracter de mariage avant les trois (03) premières années de service révolus », l’on voit bien que ce communiqué ressassé à satiété par la CRTV radio et télévision et par Cameroon Tribune, en plus de son affichage dans tous les ministères et services de l’Etat, envoie un message clair que comprennent bien ceux à qui le gouvernement l’adresse, à savoir ceux d’entre nous à l’intérieur et dans la diaspora qui prônons l’insurrection comme la seule solution efficace qui reste pour une possible alternance politique au Cameroun.

Le message d’intimidation du recrutement de 1900 « commandos d’élite »
En effet, les mots « commandos d’élite », GP et BIR servent à décourager tous ceux qui entendent recourir à la violence et à l’insurrection générale, pour leur rappeler que ce sont les BIR à Douala et les autres villes, et la GP à Yaoundé, qui ont massacré les jeunes manifestants non armés en février 2008. Le message clair en est que le pouvoir se prépare à exercer une terreur encore plus désastreuse en cas de prochaines manifestations populaires.
Ceci d’autant plus que les nouvelles recrues seront d’un âge où l’individu exécute la violence aveuglément, souvent pour se prouver à soi-même que l’on est enfin un homme et non plus un enfant adolescent ; les meilleurs résultats étant obtenus quand de telles recrues sont droguées dans leur café militaire quotidien. L’exigence qu’ils ne doivent pas se marier pendant trois ans envoie le message psychologique précis selon lequel ces « commandos d’élite » seront particulièrement tous prêts à mourir, car ils n’hésiteront pas de passer à l’action à cause d’une famille qu’ils aimeraient et qui compterait sur eux. Et s’ils sont aussi prêts à mourir, ce ne serait plus un massacre qu’ils exécuteraient, mais un génocide dans les rangs de toute résistance contre la dictature de Paul Biya.
Le communiqué de ce recrutement véhicule donc un message d’avertissement à tous ceux qui oseraient s’attaquer à la présidence de Paul Biya. Car il ne faut pas oublier que les BIR sont une garde présidentielle éloignée, dont les unités sont géographiquement installées en cercle autour de Yaoundé. Paul Biya entend donc effrayer le peuple camerounais, qu’il menace de son prochain recours aux massacres si les populations osaient se soulever contre lui demain.

L’inévitable effet boomerang du recrutement des 1900 « commandos d’élite »
Evidemment, ce message ne se soucie pas des faiblesses parallèles qu’il véhicule lui-même. La première en est que le communiqué sous-entend que, non seulement Paul Biya ne fait pas confiance pour la défense de sa présidence aux effectifs des forces armées camerounaises actuelles, qui lui semblent vieillissantes et inefficaces, mais aussi certainement assez ventrues et corrompues pour vouloir mourir pour sa défense.
Si les officiers, militaires, gendarmes et policiers camerounais ont un honneur à défendre, voici donc un message de manque de confiance qu’un chef d’Etat leur adresse en même temps. Qui sait ce que Paul Biya leur réserve demain, quand on sait ce qu’il a réservé à ses anciens plus proches collaborateurs, aujourd’hui récompensés par la prison ?
La deuxième faiblesse de ce communiqué, c’est que le scénario de la terreur attendue de ces 1900 recrues en 2011 est une fiction. Pour de jeunes gens qui n’ont aucune formation militaire initiale dans leurs jambes, il est essentiellement irréaliste de les transformer en « commandos d’élites » en moins de 12 mois, c’est-à-dire à l’échéance des élections, ou alors plus tôt que Octobre 2011 s’il faut croire les sources internes qui nous informent que Biya anticipera ces élections.
En effet, de l’avis des formateurs des commandos d’élite les plus expérimentés du monde, une formation de 1900 jeunes puisés dans la population civile ne garantit pas qu’ils puissent devenir des commandos d’élite (Special Forces) opérationnels en l’espace de 12 mois. Pour en rire, il nous est lancé la blague selon laquelle ils ne seront capables d’exécuter que des opérations initiales, comme le kidnapping des poules dans un poulailler, et nullement pas capables d’affronter des forces bien entraînées en face d’eux.
La troisième et plus importante faiblesse de ce communiqué en est que ces jeunes recrues, nécessairement puisées dans les rues du Cameroun où ils nagent actuellement dans la misère – puisque Biya ne pourra pas recruter 1900 Bulus de cette tranche d’âge qui soient désireux de se sacrifier pour lui -, seront aussi ceux qui les premiers déposeront leurs armes ou rejoindront avec celles-ci les forces insurrectionnelles, pour peu que ces dernières utilisent sur de telles jeunes recrues des messages appropriés de guerre psychologique.
Car autant les jeunes recrues obéissent plus aveuglément aux ordres, autant elles sont plus sensibles que les militaires expérimentés aux messages psychologiques adverses, et changent facilement de camp. Ceci veut dire que Paul Biya est entrain de recruter et de former ceux qui le renverseront du pouvoir demain.
On peut en conclure que Paul Biya use de l’intimidation pour essayer de décourager les Camerounais, qu’il sait actuellement très déterminés et prêts à tous les sacrifices pour en finir avec lui et son régime. Le choix de l’exigence de l’âge de 18 à 23 ans pour ses nouvelles recrues correspond justement à l’âge des Camerounais qui, dans les rues du Cameroun, sont les plus déterminés à en découdre avec lui.
Le message que nous adressons donc aux jeunes camerounais patriotes c’est d’aller massivement se faire recruter conformément à ce communiqué. Mais le moment venu, ils doivent rejoindre les rangs des forces insurrectionnelles, afin d’en finir avec ce régime qui les a fait naître et grandir dans la misère et qui ne réserve rien d’autre que la terreur comme avenir au Cameroun. Autrement, ils seraient voués à être tous écrasés et exterminés avec Paul Biya par le peuple camerounais au jour J.

L’annonce du rejet des chiffres du recensement de 2005 aux prochaines élections
En réponse à ceux qui gesticulent aujourd’hui en soutenant becs et ongles qu’il y aurait entre 7 et 8 millions de Camerounais que le régime ne faisait pas voter jusqu’ici, et qu’il suffit par conséquent d’amener ceux-ci à voter pour la première fois (pour l’opposition ?) afin d’obtenir le miraculeux résultat d’éjecter Paul Biya du pouvoir, Cameroon Tribune a répondu très astucieusement que le gouvernement Biya ne reconnaîtra tout simplement pas les chiffres de ce recensement le moment venu lors de la proclamation des résultats des prochaines élections.
En effet, dans un dossier intitulé «Les Etrangers au Cameroun : Qui sont-ils? Combien son -ils? - Cameroon Land of Refuge and Investment » publié de 7 Septembre 2010 sous la signature de Ndzinga Amougou, Cameroon Tribune écrivait ceci :
« Si on se réfère au dernier recensement général de la population et de l’habitat, celui de 2005 dont les résultats ont été rendus publics l’année dernière, il n’y aurait que 271. 815 étrangers dans notre pays. Ce qui est tout à fait étonnant, lorsqu’on fait le tour des représentations diplomatiques accréditées au Cameroun. Ce chiffre paraît bien loin de la vérité. En réalité, nul ne peut donner le chiffre exact… Ce qui est certain, c’est que des millions d’étrangers résident chez nous. Certaines sources crédibles parlent même de quatre millions. Ce qui n’est pas étonnant. »
Les idées que cet article jette dans les esprits des Camerounais sont diverses. Sans être exhaustif, Cameroon Tribune et le gouvernement Biya veulent graver dans la mémoire des Camerounais les suivantes :
« Les chiffres du recensement de 2005 ne sont pas fiables.« L’on ne doit pas baser des projections électorales sur ces chiffres parce que les étrangers, qui y sont sous-estimés, n’ont pas le droit de voter.« C’est seulement sous pressions étrangères, notamment celles des partenaires et financiers de ce recensement, comme United Nations Population Fund (UNFPA) et le United Nations Children’s Emergency Fund (UNICEF), que le gouvernement a publié ces chiffres de la population 5 ans plus tard en 2010. Eh bien, certainement parce que le gouvernement avait des doutes sur ces chiffres ! « Ces chiffres du recensement de 2005 ne sont pas les chiffres du gouvernement, mais plutôt les chiffres de ces organismes de l’ONU. Ils ne sont pas fiables. Etc. »
Le gouvernement veut tout simplement avertir tout candidat de l’opposition, qui compterait sur ces chiffres pour se proclamer vainqueur des prochaines élections, que Paul Biya, le RDPC et son gouvernement pourront accuser un tel candidat de fraudes électorales, précisément parce qu’un tel candidat aura fait voter des étrangers. Le gouvernement soutient à travers Cameroon Tribune que dans les 7 à 8 millions d’électeurs que clame l’opposition, 4 millions d’entre eux sont des étrangers. Le gouvernement sera donc aussi fondé de frauder à son tour, comme d’habitude. Et la cour suprême, aux ordres du candidat du gouvernement, aura à décider du litige en dernier ressort… on sait au profit de quelle partie.
C’est dire que le chemin est long, très long, pour les partisans de la solution électorale comme la plus efficace pour l’alternance politique au Cameroun. C’est certainement en pleine connaissance de cette réalité que deux tenants de cette position lors la Convention de Washington, Ben Muna et Adamou Ndam Njoya, répétaient chacun qu’« il faut laisser le temps au temps ». En espérant bien que la jeunesse camerounaise, qui parlait à travers les questions harcelantes de l’audience, tolérera une telle patience…

Lire le communiqué gouvernemental au sujet du recrutement de 1900 militaires sur ce lien (Fichier PDF)
© http://www.africanindependent.com : Ndzana Seme

1 commentaire:

  1. Ekwalla Patrice13 oct. 2010, 10:03:00

    C’est absurde de dire que « Le pouvoir de Paul Biya est en guerre psychologique permanente contre le peuple camerounais… ». surtout quand on sait que c’est ce même peuple-là qui a donné son onction au régime du renouveau national… mon cher faut pas abuser de la grande liberté de la presse que l’on ne voit nulle part ailleurs pour dire vraiment n’importe quoi sur la toile internet. Si l’indépendance des médias est effective au Cameroun, il ne faut tout de même pas en abuser !
    Vous exagérez quand même avec votre mauvaise foi, car l’annonce du recrutement de 1900 « commandos d’élite » est loin de constituer un message d’intimidation. C’est un message d’information pour que les postulants composent des dossiers de recrutements. Cela vous fâche de savoir qu’en pleine période de crise, l’état que vous vilipendez au quotidien octroie 2000 emplois aux jeunes, c’est ça votre souci, n’est ce pas ? jaloux va !

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