La corruption est une valeur sûre pour les ministres de Paul BIYA
Bayangam : Madeleine Tchuinté paye 500 000 FCFA pour assister à un enterrement.
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« Il se trouve que le défunt est le frère d’un certain…Michel Mombio. C’est ce dernier qui, logiquement, devait tenir le micro pour assurer l’animation de la cérémonie. Mais les observateurs avertis ont été surpris que ce soit quelqu’un d’autre, étranger de surcroît à la famille Tagne Tadjo, qui a joué ce rôle. » Révèle la source qui nous a saisie de l’histoire. Laquelle poursuit : « Informée que c’est sa bête noire qui allait parler face à elle devant des centaines de gens, Madeleine, qui avait remis auparavant 200 000 FCFA comme participation aux frais, a plus que doublé la mise, en suppliant les amis du défunt de faire pression sur la veuve pour que « l’imprévisible diable de Mombio » ne prenne pas le micro ». Contacté, notre redouté confrère confirme. « Mes frères m’ont demandé, comme c’est très souvent le cas dans notre famille, d’assurer le mastering de la cérémonie.
Ce que je n’avais aucune raison de refuser. La veille, on m’a dit que le plus proche ami de mon défunt parent, le nommé Noumsi Jean Bosco, avait fait des démarches pressantes auprès de sa veuve afin que ce soit un de ses fils qui assure cet office. Etant promoteur d’une radio locale, j’ai cru qu’il voulait donner l’occasion à un de ses apprentis journalistes de faire ses armes. Ce qui n’était pas le cas. » Michel Mombio, que nous avons plusieurs fois relancé pour qu’il consente à s’exprimer sur ce sujet « familial », poursuit que c’est après qu’il a compris le fond de l’affaire, et les manœuvres de Mado Tchuinté. « Cette femme se donne une importance qu’elle n’a pas à mes yeux. Ce serait lui faire trop d’honneur, s’il m’avait été donné de tenir le micro, de m’occuper d’elle, salissant ainsi la mémoire de quelqu’un à qui je dois beaucoup, et pour qui j’avais beaucoup de considération. Je ne suis pas aussi irresponsable et je sais distinguer le bon grain de l’ivraie. En tout cas, la peur n’est pas dans mon camp.» ajoute le DP de L’ouest Républicain. A moins, conclut-il, « que certain de ces pisse-froid ne lui ait conseillé sa démarche. Car je les sais assez flagorneurs et roublards. Nombre d’entre eux, sur le plan relationnel, sont de vrais fesse-mathieu : ils ne vous prêtent leur attention et affection que contre des intérêts élevés. Que la veuve ait ensuite à rendre éventuellement des comptes à la famille n’est évidemment pas leur préoccupation.» Notre source pour sa part note que la Ministre, lunettes noires aux yeux, a paru très mal à l’aise durant tout le temps qu’ont duré les obsèques. « A preuve, a peine le pasteur avait-il fini qu’elle a filé, en courant presque ! ». Décidément elle redoutera notre confrère toute sa vie. Malgré le pouvoir d’Etat !
Représentation des hypocrites autour d’un cercueil
Au-delà du fait purement anecdotique d’une ministre de la République qui utilise ainsi de l’argent probablement public à de fins nécrophages, pour empêcher un confrère de rendre hommage à son frère, cet enterrement a donné lieu à ce qu’un autre participant a appelé « représentation des hypocrites ». Il explique : « Au rang des activistes dans cette triste cérémonie, se trouvait le Dr Takam, ancien au fonctionnaire du Minepia. Ce monsieur est le frère aîné d’un avocat, feu Me Bopda assassiné à la fleur de l’âge à Bafoussam par un policier. On a toujours accusé Madeleine Tchuinté de l’avoir attiré dans le funeste traquenard qui lui fut fatal. Ce qui lui avait valu un quasi bannissement de village Bayangam, du temps du père de l’actuel monarque de ce village. » Selon notre informateur, chacun de ces personnage ne rêve que de prendre la place de la ministre. « Certains d’entre eux, y compris le défunt, ne songeaient qu’à entrer au gouvernement. Dans leur cercle d’amis, ils ont l’habitude de railler Dr Takam en racontant des vannes sur lui. Ils disent en effet que, pour calmer sa famille après l’assassinat de son cadet, le pouvoir lui avait promis un portefeuille ministériel. Il aurait alors, en attente du juteux évènement, acheté une Mercedes noire, qu’il aurait placée sous bâche. En vain ! Bien des années plus tard, c’est plutôt la pharmacienne qui est nommée. Cherchez dès lors à qui a profité le crime ! Leur belle entente n’est que de façade. Ils se surveillent à la loupe !»
La ministre de Paul Biya n’est donc pas en odeur de sainteté dans le milieu des Bayangam. Une autre personne que nous avons contactée dans le cadre de cette enquête est encore plus virulente. « Notre élite, surtout celle de certains hauts fonctionnaires, brille par son saprophytisme : elle se nourrit de cadavres. Madeleine Tchuinté, qui est fortement soupçonnée d’avoir fait exécuter Me Bopda par un policier manifestement commandité par Etamé Massoma alors gouverneur de la province et actuel ministre de l’Inspection de l’Etat, ne fait rien pour son village. Sinon, participer à tous les enterrements. Et ce n’est point par compassion pour les de cujus ou les leurs. Non ! C’est plutôt pour leur étaler son nouveau statut social. » Elle explique ainsi que la ministre de Biya met désormais un point d’honneur a assister aux enterrements, même (et surtout) de ceux de ses anciens ennemis. « Elle mobilise alors le commandant de brigade de gendarmerie de Bayangam qui, en plus de son garde du corps officiel, déplace l’unique pick up de la gendarmerie pour former son escorte. C’est ainsi encadrée et narquoise, qu’elle débouche, clignotants en marche, sur les lieux de cérémonies funéraires.
Il ne manque que la sirène ! Pendant ce temps, quelqu’un qui serait victime d’une agression, aurait largement le temps de faire trancher le cou par les malfrats, la gendarmerie étant au self service de madame la ministre. Là où certains autres ministres de loin bien plus importants qu’elle se font discrets, c’est avec fanfare et trompettes qu’elle arrive. C’est vrai qu’ils n’ont pas le même passé ! » Elle ajoute qu’à l’inverse, aucune femme ayant mis au monde un enfant et ayant sollicité d’elle un morceau de savon, n’en a pas reçu. Selon cette source, Mado Tchuinté est le principal soutien de Sohaing André, « le très clownesque et très inefficace maire de Bayangam. Au nom de l’argent ! En près de 20 ans, il n’a rien fait pour ce coin qu’il administre. » Ce village qu’on appela jadis le quartier latin de l’Ouest, du fait de la profusion des grosses têtes qui y ont vu le jour, est désormais aux prises avec son histoire moderne. Paradoxe : son élite politique l’enfonce plutôt dans le sous développement. Dans un autre contexte, avec le sens de la formule qu’on lui connaît, notre ami Mombio parlerait « d’un ramassis de minables canailles. »
© Correspondance : Olivier Tchuenkam
Cette histoire n'a aucun sens !
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