Cher Professeur,
Les émeutes de Deïdo ont fait couler beaucoup d’encre et de salive. Les uns et les autres se sont exprimés avec passion dans certains cas. Je me suis refusé de faire tout commentaire, espérant que tout allait rentrer dans l’ordre et que ce quartier qui m’est particulièrement cher (je me refuse de vous dire pourquoi) allait retrouver sa paix et son ambiance habituel. Hélas, il a fallu que vous pondiez ce machin de communiqué pour que je me décide à me prononcer. Je vais vous faire l’honneur de vous répondre, espérant vous clouer le bec une fois pour toute sur ces tristes événements !
Afin d’être compris par monsieur tout le monde, je vais m’exprimer dans un style et avec un niveau de langue moyen. Les stylisticiens trouveront certainement un peu de colère dans cette réplique, je m’en excuse, vous ne m’avez pas donné beaucoup de choix.
De quoi parlez-vous exactement dans votre communiqué ? J’ai beau le lire à plusieurs reprises, je n’y ai rien compris ! Vous avez décidé de profiter de ces malheureux événements pour remettre ce disque. Je croyais que le Dr Shanda Tonmè vous avait ramené à la raison ! Ce n’est pas très facile semble-t-il.
La maison de votre grand-mère s’est envolée en fumée, et puis quoi encore ? Vous ne pensez qu’à vous alors ? Avez-vous pensé à ces personnes tuées ? Avez-vous pensé à ces pauvres familles qui vont crever de faim parce que leurs gagne pain ont été brûlés par des jeunes surexcités et mal conseillés ? Je fais là allusion aux maisons de commerce et aux motos. Vous n’y avez pas pensé. Comment pouvez-vous penser, seule compte pour vous la maison héritée de votre grand-mère par votre sœur ! Votre cas est moins grave croyez moi. Votre sœur a un frère qui est Professeur agrégé et qui émarge dans les caisses de l’Etat en tant que fonctionnaire. Vous pouvez sans doute vous occuper de votre sœur. Mais que savez-vous des familles des autres victimes ?
Certains habitants !
« Les événements de Deido ne seraient pas allés au-delà de l'assassinat d'un jeune homme et de la réaction éruptive des habitants de Deido, si certains habitants de la ville de Douala n'étaient pas animés par une volonté hégémonique qui leur fait oublier le respect normalement dû à une communauté qui se sent attaquée dans son terroir par des comportements de prédateurs. »
J’espère que vous vous êtes relu ! À qui pensez-vous quand vous parlez de « certains habitants » ? De quelle « volonté hégémonique » parlez-vous ? Vous êtes certes un brillant professeur agrégé de droit, mais là vous êtes à gauche. Vous êtes carrément off topic !
Professeur agrégé James Mouangue Kobila, peut-être que vous ne le saviez pas, mais retenez que les conducteurs de Benskin sont des camerounais de toute les origines. Il y a même des étrangers qui conduisent les motos-taxis à Douala, apprenez le aujourd’hui.
Cher Professeur, j’ai le plaisir de vous informer que Deido fait partie du triangle national, par conséquent tout camerounais vivant à Deido n’a aucun complexe à se faire : il est chez lui ! Les Bassas, les Bétis, les Bamilekes, les Haoussas, les Boulou, les Duala et bien d’autres sont nombreux à Deido. Et ils possèdent pour la majorité des titres fonciers, en quoi êtes vous plus Duala que ces « certains habitants » ? À cette allure vous interdirez à « certains habitants » de danser ou de chanter du Makossa.
Très cher monsieur, vous déformer la réalité en parlant d’une communauté qui se sent attaqué dans son terroir. Il s’agit des camerounais qui ont été attaqués dans leur quartier par d’autres camerounais. Full stop !
Deido boys vs Benskin Boys
De ce qui ressort de votre communiqué, vous comprenez et semblez même justifier la réaction de Deido Boys (qui ont détruit des biens et tués des innocents), mais vous refusez de comprendre la réaction des conducteurs de motos-taxis (qui ont détruit des biens et tués un innocent). N’est-ce pas là une injustice ?
J’aurais applaudi des deux mains si vous aviez condamné les assassinats et les incendies avec l’impartialité et la neutralité qui devraient caractériser l’intellectuel que vous êtes. Monsieur Ngambi Isaac a perdu son snack-bar, Madame Dorette Epée a vu son circuit voler en fumée, les deux motos du sieur Victor Mballa ont été calcinées, Christian Monny et les deux autres conducteurs de motos-taxi tués, sont tous des victimes ; et les auteurs de leurs malheurs sont des coupables : voila le fait ! Cher Professeur ! Il n’y a donc pas d’un côté les Dualas qui sont des victimes et de l’autre les Bamilékés qui sont des casseurs et des coupables. Sa Majesté ESSAKA EKWALLA, Chef du canton Deido lui-même l’a dit à plusieurs reprises : « Ce n’est pas un problème entre Deïdo et Bamilékés ».
Autochtones vs allogènes
Cette chanson n’est plus à l’ordre du jour. Je pense que vous confondez d’époque ou alors de contexte. Nous sommes bien à Douala, ville cosmopolite, capitale économique du Cameroun au XXIème siècle et plus précisément en 2012. Allez vérifier les titres fonciers des habitants de Douala, jetez un coup d’œil sur l’histoire du Cameroun ainsi des migrations tant nationales qu’internationales, et nous en rediscuterons. Qui est autochtone où ? Qui est allogène où ? Ces termes d’une autre époque n’avaient pas besoin d’être évoqués par vous à un moment pareil, monsieur le Professeur d’extrême droite. Vous avez une fois de plus été hors sujet.
En définitive, cher Professeur, vous venez de rater une grande occasion, une chance en or : CELLE DE VOUS TAIRE.
Un certain habitant de Douala
Tel. +237 99 57 58 00
Email : benjaminguifo@gmail.com