Des marchés fictifs au Palais du Peule Camerounais
Cet article permet de mieux comprendre l'exception camerounaise en matière de détournement de deniers publics. Le régime RDPC a développé la corruption dans tous les milieux, y compris au Palais du Peuple.
© FRANCKY BERTRAND BÉNÉ, La Nouvelle Expression
Un réseau de détournement de deniers publics découvert à la présidence de la République. Le maire de Mfou et des cadres du palais de l’Unité dans le coup...
C'est l’histoire de l’homme qui dépité, finit par donner un grand coup de pied dans l’abri où il s’est lui-même pendant longtemps caché. Et il n’y a pas jusqu’à Jean Marie Atangana Mebara ministre d’Etat secrétaire général à la présidence de la République et notable beti (sic) qui n’a pas été saisi de l’affaire. Et de fait, le 05 mars dernier, le sieur Ekongolo Bomba a adressé au SGPR une curieuse correspondante qu’en objet, il a lui même baptisé déposition. Et c’est vrai qu’à la lecture de la fameuse lettre, le mot n’est peut-être pas assez fort: "Excellence, je viens très respectueusement demander votre intervention par rapport au détournement de deniers publics de Sieur Atangana Protais. Depuis ma correspondance(MP/O37Iminc om/Dag/Sg/Prc du 15/02/95), je n’ai jamais été appelé en confrontation avec mon complice Atangana Protais. Complice et victime, je m’adresse à vous très humblement afin d’obtenir de vous une solution idoine, en votre double qualité notable Beti et secrétaire de la présidence de la République du Cameroun". Ainsi, s’introduit monsieur Ekongolo avant de conter son histoire à Jean Marie Atangana Mebara.
Consignes. C’est que, en 1994, M. Ekongolo Bomba jouit à la présidence de la République de l’amitié d’Eballa Ayagma. Pour aider un ami en difficulté, celui qui est alors chef d’atelier de l’imprimerie du palais de l’Unité lui donne des bons de commande pour la livraison de papier au Secrétariat général de la présidence de la République. Pour réaliser ses marchés, le sieur Ekongolo à court d’argent, par le truchement d’un de ses anciens élèves, est introduit chez Protais Atangana, propriétaire des établissements Bel Air et maire de la commune rurale de Mfou. Après réception des bons de paiement, l’actuel magistrat municipal du chef lieu de la Mefou et Afamba promet de payer à son “donateur de marchés publics” une somme de deux millions cinq cent mille francs Cfa. L’opération semble aller dans le bon sens, ce d’autant plus qu’un certain Gaston Biyem, agent comptable matière au secrétariat général à la présidence de la République, qui doit signer les bordereaux de livraison entre dans la danse. Et donne des consignes aux Sieurs Protais Atangana et Ekongolo Bomba allant dans le sens de la surfacturation des bons de commande Initiaux. Le sieur Ekongolo Bomba comprend dès lors que son ami Eballa Ayagma et Gaston Biyem sont à la tête d’un réseau de marchés fictifs qui a cours à la présidence de la République. Mais tant que ça peut lui procurer quelque bénéfice substantiel, il n’y voit pas d’inconvénient. Erreur funeste.
Manège. Car, une fois les bons d’engagement en sa possession, Protais Atangana écarte de la transaction Ekongolo Bomba pour ne plus traiter qu’avec Eballa Ayagma et Gaston Biyem. Inaugurant ainsi le début d’une campagne de détournement de deniers publics. A titre d’illustration, pour un marché dont le total des dépenses s’est élevé à 951 500 francs Cfa, les Ets Bel Air de Protais Atangana s’en sont tirés avec la rondelette somme de 15 000 000 de francs Cfa. Soit un différentiel net de 14 048 500F Cfa que s’est partagé le trio Protais Atangana, Gaston Biyem et Eballa Ayagma. Selon nos informations, ce manège a bien fonctionné des années durant; permettant à chacun des protagonistes d’acquérir de nombreux biens et immeubles — dont celui à deux niveaux recouvert de carreaux blancs au niveau de l’école de police de Yaoundé et appartenant au maire de Mfou n’est pas le plus impressionnant. Seulement dans la combine, un des acteurs de départ n’a pas été entièrement désintéressé. Et réclame son dû. Sommé à plusieurs reprises de payer les 2 500 000 francs Cfa promis à Ekongolo Bomba, Protais Atangana ne s’exécute pas. Tout au plus, il verse à son associé de départ. la somme de 500 000 Fcfa. Effarouché, ce conseiller municipal de Yaoundé 1er Inonde les autorités administratives et judiciaires de requêtes. Le procureur général près la cour d’appel du Centre, le préfet du Mfoundi, etc. sont saisis. Mieux, un huissier de justice est requis pour sommer Protais Atangana de payer. En vain.
Pire, le maire de Mfou fait arrêter et même traduire son complice d’hier devant le tribunal correctionnel de Yaoundé qui le relaxe pour faits non établis. Lavé de tout soupçon, Ekongolo Bomba revient à la charge et réclame de plus belle son argent. Non sans dénoncer le réseau de marchés publics fictifs qui a fait son nid à la présidence de la République. Au nez et à la barbe de Paul Biya. "Etant devenu la risée de mes complices et particulièrement Protais d’Atangana, je m’agenouille devant vous pour ordonner à Protais Atangana de livrer tous les papiers tels que spécifiés dans les bons de commande" implore aujourd’hui Monsieur Ekongolo en s’adressant au ministre Atangana Mebara. Voire.
C'est tout simplement le fruit de ce que le chef a semé.
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