La liberté, rien que la liberté

La liberté, rien que la liberté

vendredi 1 janvier 2010

Cameroun : Le Président du CODE adresse ses voeux à Paul BIYA


Message de Voeux de Brice NITCHEU à Paul BIYA


A Monsieur Paul BIYA
Président du Cameroun


Nous allons vous épargner les petites phrases vertueuses et autres galanteries hypocrites, car un Chef d’Etat élu dans les conditions qui vous ont porté et vous maintiennent au pouvoir, ne mérite pas le respect de ses victimes. Lorsqu’une case brûle, on ne cherche pas à éteindre le feu avec de l’eau minérale. On utilise tous les moyens. Le Cameroun est un pays en feu depuis 1982, et les Camerounais ne se font aucun doute sur l’identité du pyromane.

Au soir du 31 décembre 2009, vous allez, comme vous le faites de coutume depuis 28 ans, envahir les écrans de télévision au Cameroun pour vous livrer à l’autoglorification du Renouveau des grandes ambitions. Vous voir ainsi, à 75 ans, 28 ans après votre accession au pouvoir parler de projets d’avenir, sera un véritable martyr pour les Camerounais qui ont d’autres chats à fouetter à l’aube de la nouvelle année que vous allez rendre encore plus difficile que les précédentes. Voici, pourtant, le moment de faire votre introspection, après tous les crimes économiques et politiques que vous avez commis contre le peuple Camerounais, et pour lesquels vous croyez n’avoir de compte à rendre à personne.
Au sommet de votre pouvoir, entouré de gorilles, vivant dans un bunker, protégé par le BIR, les armées, les redoutables services israéliens et des miliciens fanatisés, vous vous croyez sans doute invulnérable, invincible, intouchable. Vous croyez détenir, comme vous l’avez encore démontré avec votre ordre de massacrer au mois de février 2008, le droit de vie ou de mort sur les Camerounais. Vous êtes convaincu que le Cameroun vous appartient, à vous, votre épouse, vos enfants, et la clique de courtisans profiteurs insatiables qui vous entourent, vous vénèrent, et vous donnent l’illusion de puissance et d’invincibilité. D’autres dictateurs de la même espèce, qui se croyaient même plus puissants que vous, ont eu la même illusion. Cela leur fut fatal. Occupé que vous êtes par la luxure, vous ignorez sans doute les tragédies qui nouent le destin des tyrans et des fauves qui oppriment leurs peuples. Nous avons choisi, en cette fin d’année, de vous rappeler trois cas illustratifs de ce qui arrive aux tyrans, afin que cela vous serve de leçon.

Samuel Kanyon Doe, Liberia, 1980-1990
Le 12 avril 1980, le Sergent Samuel Kanyion Doe, renverse le pouvoir de William Tolbert en place au Liberia, liquide froidement ce dernier de ses propres mains, et s’autoproclame Président. Doe est un tyran formé par les Bérets verts Américains et bénéficie de la bienveillance presque paternelle du Président Reagan. Fort de ce soutien de la première puissance militaire et économique du monde, Doe sombre très vite dans l’ivresse du pouvoir. A peine est-il installé aux commandes du pays, il fait exécuter en public en sa présence, au cours d’une macabre mise en scène télévisée, tous les membres du gouvernement qu’il a renversé, établit un régime de terreur et institutionnalise le tribalisme. Ses adversaires politiques, les journalistes (oui les journalistes), prêtres, pasteurs etc. sont pourchassés, traqués, emprisonnés, tués pour « outrage au Président » « atteinte à l’honneur du Président », ou pour tentative de putsch. Apres voir promis de retourner le pouvoir au civil, il modifie la Constitution (comme vous), traque, liquide et envoie au bagne tous ceux qu’il soupçonne de vouloir le renverser (comme vous) et s’entoure (comme vous) de quelques fanatiques avec lesquels il pille le pays. Le coup d’Etat perpétré par Samuel Doe avait pourtant suscité un immense espoir chez les Libériens, qui n’ont pas tardé à déchanter.
La férocité de Samuel Doe donne une prétexte à plusieurs groupes de rebelles Libériens pour organiser l’insurrection. Le 09 septembre 1990, le tyran sanguinaire tombe entre les mains du non moins barbare Prince Yormie Johnson, qui se fait un plaisir sadique de lui infliger les mêmes horreurs, les mêmes souffrances qu’il a fait endurer aux milliers de Libériens pendant ses dix ans de règne. Sa fin fut fatale, terrible, féroce. Devant les cameras (souvenez-vous que Doe s’est livré au même scénario) Johnson lui fait trancher les oreilles, en sirotant une bière fraîche devant ses supplications. Dénudée, la dépouille de Samuel Doe entreprend un tour dans les rues populaires de Moronvia, devant un peuple en délire. Avec ses parties génitales sectionnées et exposées aux quatre vents, c’était le comble du sadisme. Mais, ainsi finissent tous les tyrans fous qui affament, torturent et tuent leurs peuples lorsque, comme vous, ils sont au sommet de leur pouvoir. Nous avons retrouvé la vidéo du supplice, que nous vous conseillons vivement, vous et la clique qui vous entoure, de regarder ici :

Moussa Traoré, Mali, 1968-1991
Comme Samuel Doe, c’est à la faveur d’un coup d’état que Moussa Traoré, alors lieutenant dans l’armée, renverse le socialiste Modibo Keita, le 19 novembre 1968, avec l’aide de la France. Le Président déchu est torturé et mis en prison. Immédiatement, Traoré structure son pouvoir autour d’un noyau d’officiers sadiques, instaure le parti unique, met sous sa coupe les mouvements syndicaux, supprime la liberté d’expression, arrête et torture ses adversaires politiques, organisent des exécutions sommaires. Avec son épouse Mariam, sa famille et une clique de profiteurs insatiables, il se livre au pillage systématique des ressources du pays, en laissant les réseaux mafieux Français s’occuper du reste. Moussa Traoré est l’un des enfants gâtés de la Françafrique, et l’hexagone qui lui fourni armes et munitions, ferme les yeux sur ses dérives criminelles. Mais, pas les Maliens.
Au mois de mars 1991, le vaillant Peuple Maliens décide de reprendre son destin en main. Une gigantesque insurrection populaire fait vaciller le pouvoir, et Moussa Traoré, sentant sa fin proche, ordonne à l’armée d’écraser la résistance. Plus de 200 manifestants sont tués, et des milliers d’autres grièvement blessés, ou arrêtés. Les Maliens ne se laissent pas impressionnés par ces massacres. Courageusement, sans doute inspirés par cet instinct qui forge l’avenir des grands Peuples, les Maliens affrontent pendant plusieurs semaines les militaires qui, effrayés par l’ampleur de l’insurrection et la détermination des Maliens, se retournent, sous la houlette d’un jeune officier, contre Moussa Traoré.
Après plusieurs mois d’une lutte acharnée, le peuple malien se libère enfin de la dictature politico-militaire. Le gouvernement et parti unique constitutionnel sont confondus. Le dictateur sanguinaire Moussa Traoré est arrêté à trois heures du matin, dans la nuit du 23 mars 1991 par l’armée malienne qu’il avait prostituée et souillée pendant vingt trois ans en l’utilisant comme l’instrument de sa trahison nationale et de ses crimes contre le peuple malien. La Françafrique, les réseaux mafieux Français qui l’ont aidé à ruiner le Mali ne l’ont pas sauvé. La chute spectaculaire du tyran de Bamako est une victoire éclatante de tous les Peuples opprimés contre les tyrans. Condamné à mort avec son épouse Mariam pour crime de sang et crimes économiques, le président démocratiquement élu Alpha Omar Konaré refuse de le faire exécuté, souhaitant que le tyran vive assez longtemps pour voir le Mali se reconstruire. Nous avons aussi retrouvé une vidéo qui relate le règne du bourreau, et sa chute. Nous vous conseillons de regarder ici

Joseph Désiré Mobutu alias Sese Seko Kuku Ngbendu wa za Banga 1965-1997
Le dictateur Mobutu est un homme que vous avez bien connu, d’autant plus qu’il a été à vos côtés pendant un moment pénible de votre parcours. Journaliste devenu Maréchal, Mobutu était la face même de l’horreur. Durant son long règne, il s’est illustré comme un tueur froid et impitoyable. Des milliers d’étudiants, d’artistes et d’adversaires politiques ont été exécutés, jetés dans des fosses communes, parfois aux crocs de crocodiles affamés dit-on. Sur le dos d’un peuple réduit à la mendicité malgré les richesses immenses du Congo, Mobutu a constitué une fortune colossale qui a alimenté, et alimentent toujours ses nombreux comptes dans les paradis fiscaux. Sa richesse personnelle, selon des sources crédibles, s’élevait à 35 milliards de dollars, ce qui faisait de lui l’un des hommes les plus riches de la planète.
Mobutu se faisait appeler « Le léopard » et exhibait fièrement sa toge de fauve pour mieux marquer sa puissance. Le culte de sa personnalité était proche de la folie. Comme vous, Mobutu faisait étaler ses effigies partout, et des journalistes carriéristes des media d’Etat chantaient ses louanges. Bercé par les chants de corbeaux qui l’aidaient à piller le pays, « le léopard » n’a pas vu le peuple Congolais lui tourner le dos. Quelques pays voisins, qui accusaient Mobutu d’abriter les génocidaires Rwandais, réussissent à mettre ensemble ses adversaires politiques et les lâchent à l’assaut de Kinshasa. L’armée, sur laquelle Mobutu s’est toujours appuyé pour écraser les Congolais pendant plus de trois décennies, se révèle être un géant au pied d’argile. Partis à des milliers de kilomètres, les rebelles, qui bénéficient de la sollicitude des Congolais, pénètrent à Kinshasa en un temps record, face à une armée en débandade. Le 17 mai 1997, les troupes rebelles font tomber le régime du « léopard » qui tente une dernière manœuvre de désespoir, avec la médiation de Nelson Mandela, pour le partage du pouvoir. Des l’entrée des troupes de Kabila à Kinshasa, les populations en délire se ruent sur les villas cossues des membres de la famille de Mobutu, en emportent tout ce qui s’y trouve comme vous pouvez le constater ici.
Déchu et humilié, Mobutu quitte le Congo avec sa famille comme un malpropre dans un vol sans retour, et trouve refuge à Rabat au Maroc, ou il meurt de cancer et de soucis le 7 septembre 1997.

Monsieur Paul BIYA
Samuel Doe, Moussa Traoré et Mobutu Sese Seko étaient, comme vous, des tyrans que l’ivresse du pouvoir a transformé en fauve. Ils ont, comme vous, instrumentalisé l’armée, la police, les services de renseignements et l’assemblée nationale de leurs pays contre leurs propres peuples. Ils ont beaucoup tué, beaucoup volé. Ils ont allié la ruse, le cynisme et les crimes divers pour se maintenir. Mais, le pouvoir qui les a rendu ivres s’est un jour dérobé. Et ils sont tombés. Il faut avouer que le destin des tyrans n’est pas enviable.
Au moment ou nous écrivons cette lettre, vous mettez certainement la dernière main sur le prochain hold up électoral que vous allez organisé au Cameroun bientôt pour prolonger le martyr des Camerounais. Vous allez, sans doute, mettre votre armée en état d’alerte pour tuer; vous allez lâcher votre milice privée et fanatisée. Vous allez instrumentalisé les media d’Etat et la cour suprême, pour valider votre crime. Mais, souvenez-vous, chaque jour à partir de maintenant, de Samuel Doe, de Moussa Traoré et de votre ami Mobutu. Souvenez-vous du corps de Samuel Doe traînant dans les rues de Monrovia. Souvenez-vous de la justice du Mali longtemps instrumentalisée par le tyran Traoré, mais qui le condamne à mort. Souvenez-vous du jour ou Mobutu a quitté Kinshasa, sous des crépitements assourdissants de Kalachnikovs, pour un voyage sans retour. Souvenez-vous surtout que chaque peuple choisi, sans préavis, le moment de sa révolution. Et sachez que c’est ce qui pourrait arriver au Cameroun bientôt.
Que sont devenus le Liberia, le Mali et le Congo, les trois pays pris en exemple, ou l’insurrection a fait tomber les tyrans ? Le Liberia a connu un cycle de guerres civiles, et l’anarchie. Mais aujourd’hui, ce pays peut être fier d’avoir offert à l’Afrique la première femme démocratiquement élue, qui se bat pour relever son pas des ruines de la guerre. Le Mali est l’un des pays les plus démocratiques en Afrique, et sans doute, le plus démocratique des pays d’Afrique Francophone. Amadou Toumani Touré, le principal artisan de la chute de Moussa Traoré, démocratiquement élu par les Maliens, va quitter le pouvoir comme le veut la Constitution Le Congo, malgré ses démons, a organisé une élection généralement acceptée comme libre et transparente, et le pouvoir élu, reconstruit le pays sur ses cendres.
Ceci nous conforte dans l’idée, (qui ne nous a jamais d’ailleurs quitté), qu’aucun peuple ne peut prospérer, ni prétendre à la liberté, ni aux élections transparentes, avec un tyran à sa tête. Vous n’apporterez jamais la prospérité aux Camerounais, jamais la liberté, jamais les élections transparentes. Vous avez eu 28 ans pour le faire. Agé de 75 ans pratiquement, sur lesquels vous avez passé 28 au pouvoir, et plus de 40 aux affaires, vous n’avez plus rien à offrir aux Camerounais. Le Renouveau a accouché d’un monstre. Vos grandes ambitions se limitent à envoyer les journalistes et vos adversaires en prison, à massacrer des jeunes, à dilapider l’argent des Camerounais dans des orgies et la luxure à la Baule, à Genève, et dans tous ces endroits paradisiaques que vous aimez fréquenter. Votre « Opération Epervier » ne peut convaincre aucun Camerounais sérieux. La récupération des milliards volés par vous et vos partisans ne vous intéressent guère. Vous voulez mettre hors d’état de nuire tous ceux que vous soupçonnez de constituer un danger pour votre survie politique.

Monsieur Paul BIYA
Ne vous trompez jamais sur la capacité des Camerounais à se soulever contre votre tyrannie. Nous vous avons prévenu, chaque peuple choisi, sans préavis, le moment de sa révolution. Ce jour-là, les Lapiro de Mbanga, Jean Bosco Talla, et tous ceux qui croupissent injustement dans vos geôles répugnantes, viendront grossir les rangs des patriotes qui se dresseront, affronteront votre armée, tomberont, jusqu’a ce que le dernier debout vous voit votre régime s’écrouler.
Brice Nitcheu, Président du CODE
Londres, le 30 décembre 2009© Correspondance camer be de : Brice Nitcheu , Président du CODE

1 commentaire:

  1. belle leçon d'histoire et permet de présumer la fin d'un dictateur aux abois. c'est si boen dit par brice nitcheu, la patron du CODE.

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