La liberté, rien que la liberté

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samedi 13 novembre 2010

Cameroun : Les raisons pour lesquelles Paul BIYA est un célèbre dictateur




Paul Biya parmi les 5 présidents ayant fait plus de 25 ans au pouvoir dans la monde



Entre 1982 et 2010, les États Unis ont connu cinq présidents de la République, la France en a vu trois se succéder à sa tête, tandis que le Cameroun en est encore à un seul. Cet échantillon montre à suffisance avec quel intérêt la question du temps mis au pouvoir par certains chefs d’État, doit être abordée. En effet, la longévité de certains hommes d’État à la tête de leur pays interpelle d’autant plus nos intelligences aujourd’hui que nous sommes rentrés en plein dans le "village planétaire" annoncé par le communicologue canadien Mc Luhan, il y a quelques décennies. De nos jours, il n’est plus possible de vivre en autarcie, et du coup, tout ce qui se passe chez le voisin s’impose à vous et vice versa. L’on ne peut ainsi rester indifférent aux mutations politiques qui s’opèrent partout dans le monde. Que ce soit en Afrique ou ailleurs dans le monde, les présidences à vie sont en train de disparaître au profit de la limitation des mandats. Cependant, il y a encore des poches de résistance à ces changements. En Afrique par exemple, l’on connait des États qui ont la prétention d’être démocratiques, mais qui en réalité, fonctionnent comme des monarchies. Dans ces États, à l’instar de l’Angola, de la Guinée Équatoriale, de l’Égypte ou du Cameroun, la longévité des chefs bat des records difficilement égalables par les monarchies établies comme le Maroc, le Lesotho ou le Swaziland.
L’intérêt porté sur ce sujet tel qu’il apparaît dans le tableau qui présente la longévité des chefs d’État au pouvoir, tient moins à la simple durée aux affaires pour questionner non seulement l’impact, mais aussi le sens de cette tendance à vouloir s’éterniser au pouvoir dans les républiques en Afrique, par des voies politiquement incorrectes. Autrement dit, si cette longévité était synonyme de développement pour ces pays, cette problématique se serait formulée différemment.
Par ailleurs, faut-il croire que la personnalisation et perpétuation du pouvoir par et pour un individu est une expression inconsciente d’un désir collectif historiquement refoulé de la monarchisation de la vie sociopolitique ? Dans tous les cas, notre souci dans ce dossier est davantage de susciter le débat.
Ils sont nombreux parmi les présidents qui ont passé plus de 25 ans au pouvoir et ont plus de 70 ans d’âge. Mais, ils ne songent pas à la retraite

"Plus ça dure, mieux c’est bon". Ainsi en est-il du vin comme du pouvoir politique. Tous les deux rendent fou. En dehors des monarchies où le mode d’alternance au trône, c’est la mort. Il y a des républiques où des hommes arrivent au pouvoir avec l’intention de se retirer quelque temps après, missions accomplies ou pas, objectifs atteints ou non. Seulement, entre la volonté et la réalité, le fossé est grand. Car, sans que personne ne comprenne le comment du pourquoi, ils ne veulent pas ou plutôt ne veulent plus lâcher prise.
En 1998, par exemple, le général Robert Gueï qui était arrivé au pouvoir à la faveur d’un coup d’État, au moment où la problématique de "l’ivoirité" était en train de déchirer son pays, la Côte d’Ivoire, avait déclaré à qui voulait l’entendre : « je suis venu balayer la maison Côte d’Ivoire et me retirer… ». Mais, comme le pouvoir enivre certains, celui qui aurait pu rentrer dans l’histoire de la Côte d’Ivoire comme un héros, a plutôt tenté de s’arcbouter au pouvoir après avoir organisé en 2000, une élection présidentielle qu’il était en train de perdre. N’eut été la pression de la rue, et surtout celle des militants et partisans du Front populaire ivoirien de Laurent Koudou Gbagbo, l’actuel chef de l’État, il aurait volé la volonté du peuple ivoirien. Et la suite, on la connait…

Des monarques dans la république
En Afrique, comme ailleurs dans le monde, certains chefs d’État s’accrochent au pouvoir contre vents et marées et les moyens utilisés par ces analphabètes politiques sont divers. Alors que certains se maintiennent au pouvoir parce qu’ils truquent les élections en leurs faveurs, d’autres modifient allégrement et sans honte, la constitution pour pouvoir se représenter aux élections. Certains parmi ceux-là, idéologiquement dépassés par le temps et politiquement impopulaires, se croient obligés de frauder les élections après avoir taillé la constitution à leurs mesures.
C’est donc cet état de chose qui entraine ce que tout le monde décrie aujourd’hui un peu partout à travers le monde : une longévité infructueuse au pouvoir. En effet, à la lecture du tableau qui présente le temps mis au pouvoir par certains hommes d’État dans le monde, un certain nombre de faits méritent d’être relevés. D’abord, ce tableau présente la longévité au pouvoir dans les monarchies et les républiques. Dans les monarchies, le record de longévité au pouvoir est détenu par l’Europe, notamment avec le Royaume-Uni où la reine Élisabeth II née Elizabeth Alexandra Mary Windor qui a 84 ans aujourd’hui, est arrivée au trône le 6 février 1952, ce qui représente 58 ans de règne. En Afrique, ce record est détenu par le guide libyen, Mouammar Kadhafi qui est à la tête de la Jamahiriya (État de masse), depuis 41 ans. Le Swaziland, une autre monarchie absolue, subit depuis 24 ans, le règne du jeune et remuant Mswati III.
Si l’on peut comprendre la longévité de ces monarques au trône, il reste en revanche que dans les républiques, plusieurs décennies au pouvoir ne s’expliquent pas, car dans un État de liberté, où l’on a la prétention d’ouvrir le jeu démocratique, certains analystes politiques estiment que lorsqu’un homme passe déjà plus de deux décennies à la tête de son pays, il est considéré, ni plus ni moins, comme un dictateur. De ce point de vue, et au regard du tableau susmentionné, l’Afrique serait la partie du monde la plus riche en monarques déguisés en démocrates dans la République. Sinon, comment comprendre que des hommes comme José Eduardo dos Santos d’Angola ou Téodoro Obiang Nguema Mbasogo de Guinée Équatorial aient pu faire chacun, 32 ans au pouvoir. Mais ces deux cas ne sont pas isolés. En Égypte, Mohammed Hosni Moubarak arrivé au pouvoir le 14 octobre 1981, totalise déjà 29 ans de règne presque monarchique. Il bat seulement d’une petite année son homologue du Cameroun, Paul Biya, parachuté à la tête de l’État suite à la démission du premier président de la République, Ahmadou Ahidjo ; "l’illustre successeur" qui s’apprête d’ailleurs à célébrer, le 6 novembre prochain, ses 28 ans de magistrature suprême à la tête de l’État du Cameroun. Denis Sassou Nguesso, qui a été chassé par voie d’élection en août 1992, et qui est revenu aux affaires le 25 octobre 1997, cumule 27 ans de pouvoir au Congo Brazzaville. Dans cette short liste des monarques pseudo-démocrates, figurent en bonne place les Yoweri Kaguta Yussef Mouseveni d’Ouganda (24 ans), Zine el-Abidine Ben Ali de Tunisie (23 ans), Blaise Compaoré, 23 ans de règne sans partage (il versa le sang de son frère et ami Thomas Sankara pour accéder au pouvoir), Idriss Déby Itno du Tchad (19 ans), Issayas Afeworki d’Erythrée (17 ans), etc.

Vers une monarchisation du pouvoir en Afrique
Tous ces records situent la durée moyenne au pouvoir en Afrique autour de 20 ans, tandis que ailleurs en Europe, aux Amériques ou même en Asie, la même moyenne est presque de moitié. Cet écart pourrait davantage se creuser entre l’Afrique et les autres parties du monde puisque beaucoup de ces thuriféraires, arrivés au pouvoir par des erreurs de l’histoire, ne laissent même pas entrevoir la moindre intention de prendre leurs retraites. Pendant ce temps, le rythme d’alternance au pouvoir sur les autres continents est rapide. En Amérique par exemple, le plus long règne est à ce jour celui du président haïtien René Garcia Préval, avec 14 ans de pouvoir.
En présentant ce tableau sous cet angle, il y a un risque de faire croire que notre point d’intérêt était simplement de fustiger 20, 30 ou 40 ans au pouvoir ; pourtant, il s’agit de mettre en exergue le gâchis qu’autant d’années de ces hommes au pouvoir auront été pour leurs peuples. Car en fait, si ces pays ou ces monarchies pouvaient aujourd’hui être des exemples de bien-être, le problème ne se poserait pas du tout.
Au bout du compte, il apparaît, à l’analyse, que les Africains, sans doute influencés par leur mode traditionnel d’organisation politique reposant sur le socle du pouvoir à vie, ont du mal à intégrer ou à trouver le juste milieu entre un système de gouvernance politique venu d’ailleurs et les systèmes locaux de chefferies ou de royaumes. En tout cas, la réflexion reste ouverte.
© Simon Patrice Djomo

2 commentaires:

  1. Bon dieu ! Combien de fois on vous fera comprendre que la longévité au pouvoir n’est pas synonyme de dictature ? On peut durer un demi-siècle au pouvoir sans recourir à la scélératesse, de même que l’on peut gouverner pendant tout juste une semaine et être un ignoble dictateur. Je suis désolé, mais rien n’indique que Paul Biya soit un dictateur, et sa longévité à Etoudi est une volonté du peuple.

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  2. Je pense que les gens qui confondent tout et ne comprennent rien à rein de la politique devraient d’abord tout en apprendre avant de venir déverser du venin sans poison sur les fora. Effectivement, la longévité au pouvoir n’est pas synonyme de dictature. Rien n’indique effet que Biya soit un dictateur…
    28 ans au pouvoir, ça n’est pas de la dictature, puisque sa longévité à Etoudi est une volonté du peuple camerounais souverain.

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