La liberté, rien que la liberté

La liberté, rien que la liberté

mercredi 20 juillet 2011

Cameroun : Paul BIYA, un dictateur vulnérable


Un prisonnier politique en communication téléphonique avec le Chef de l’Etat



L’ex-proche de Paul Biya et candidat à l’élection présidentielle de 1997 s’est rappelé au bon souvenir du locataire d’Etoudi. Il se confirme de plus en plus que la première réunion du Conseil national de sécurité, présidée par le chef de l’Etat le 14 juillet dernier au palais de l’Unité, a un rapport direct avec un grave incident survenu la veille. Cette assertion transparaît clairement dans le rapport publié à l’issue de ces assises, avec cette prescription de Paul Biya au Premier ministre, Philemon Yang, «de tenir des réunions de concertation sur certains manquements dans le secteur de la communication». Et dont lui-même venait d’être victime.
Mercredi en effet, apprend-on, le président de la République reçoit un appel téléphonique sur l’une de ses lignes privées directes. A l’autre bout du fil, un correspondant des plus insolites: Titus Edzoa, son ancien médecin personnel, confident et ex-secrétaire général à la présidence de la République qui purge une peine de 15 ans d'emprisonnement ferme pour détournement et tentative de détournement de deniers publics.
Droit au but, il interpelle M. Biya à qui il demande s’il est fier des 14 ans qu’il a déjà passés en détention dans les cellules du secrétariat d’Etat à la Défense (Sed) en charge de la gendarmerie ? Le président de la République, piqué au vif, raccroche et entre dans une colère noire. Le palais présidentiel se met aussitôt en ébullition. Qui a pu filer le numéro de téléphone du maître de céans à Titus Edzoa? Aucun indice ne permettait de le savoir au moment où nous mettions sous presse. Toujours est-il que, quelques heures après, Titus Edzoa sera convoqué et entendu par le général de brigade Daniel Elokobi Njock. L’interrogatoire tourne autour de la personne ayant passé le numéro de téléphone du président de la République au prisonnier. M. Edzoa, qui ne nie pas les faits, se braque et n’en dira pas plus.

Procès
Son téléphone lui est retiré et, depuis lors, des consignes ont été passées à la guérite pour que ses visiteurs y laissent systématiquement leurs appareils de communication. Le lendemain, son coaccusé, Michel Thierry Atangana est lui aussi entendu sur procès verbal mais plus brièvement, indiquent des sources introduites. Son téléphone est lui aussi saisi avec promesse de restitution. Depuis lors, le Comité de soutien à Michel Thierry Atangana crie au loup. Dans un communiqué amplement ventilé dimanche soir, il prend non seulement ses distances avec l’acte posé par Titus Edzoa, mais se demande également s’il veut mettre en danger la carrière des gendarmes et officiers en service au Sed, montrer qu’il est capable de déstabiliser et d’embraser le Cameroun du fond de sa cellule du Sed.
Le Comité va plus loin, se demandant s’il veut perturber le déroulement du procès devant la chambre criminelle du tribunal de grande instance (Tgi) du Mfoundi, «au cours duquel Michel Thierry Atangana est en train de démontrer que Titus Edzoa et lui sont poursuivis pour des infractions de droit commun montés de toutes pièces par les profiteurs, délateurs et les détracteurs identifiables par ailleurs protégés de Titus Edzoa».
Veut-il, s’interroge le communiqué, «transformer le procès en une tribune politique dans laquelle lui, qui croît être au-dessus de la mêlée et supérieur à tous les camerounais, y compris le président de la République Paul Biya, prendre à témoin l’opinion nationale et internationale sur le fait qu’il est un prisonnier politique que le président Paul Biya et son entourage combattent parce qu’il est l’homme de la situation, démontrer que les services de sécurité du président sont poreux et incompétents au point où même le camerounais le plus ordinaire peut appeler le chef de l’Etat quand et comment il veut, provoquer le président Paul Biya et le Sed» ?
© Félix C. Ebolé Bola

1 commentaire:

  1. Effectivement, le Président de la République est vulnérable. Et il le sera davantage bientôt, à l'approche des présidentielles. Toutes ses lignes privées seront communiquées aux camerounais via le net pour qu'ils lui demandent des comptes en direct comme vient de le faire son ancien amis Titus.

    RépondreSupprimer