La liberté, rien que la liberté

La liberté, rien que la liberté

mercredi 30 septembre 2009

CROISADE DU REGIME DE Paul BIYA CONTRE LA PRESSE


Jacques Dooh Bell : «Nous avons l’habitude de la répression»
Le Secrétaire général des rédactions du quotidien Le Messager lève un pan de voile sur les problèmes auxquels fait face l’entreprise depuis quelques mois.

Que se passe-t-il exactement au sein du groupe Free Media ?
Il est arrivé que la rédaction et le service technique du Messager ont été scellés mercredi dernier par une structure du Ministère de l’économie et des finances (Minefi) qui se trouve être la direction des impôts de ce ministère, qui n’existe plus au Cameroun depuis environ deux ans. Aujourd’hui, nous connaissons le Ministère des finances (Minfi) avec la direction générale des impôts parmi les autres directions générales.
Il se trouve que sur les scellés qui son apposés devant nos portes, on lit plutôt « Ministère de l’économie et des finances » et « direction des impôts ». Cela nous amène à penser que les gens qui sont venus apposer les scellés chez nous, sont de petits malins qui sont venus tout simplement nous faire du chantage. Il n’en demeure pas moins que nous connaissons que nous avons des arriérés d’impôts des mois d’avril, mai et juin 2009, qui s’élèvent à 1 401 000 francs Cfa. Ce qui veut dire que l’entreprise n’est pas un délinquant fiscal et, que depuis neuf ans, nous payons régulièrement nos impôts.

D’où vient-il que cette fois-ci vous soyez dans l’incapacité de vous acquitter de ces charges ?
Il se trouve tout simplement que depuis le début de l’année, effectivement, l’entreprise connaît une tension de trésorerie qui n’est pas propre au Free media group, mais que traverse l’ensemble des entreprises de presse privée qui ne bénéficient pas de subvention de qui que ce soit. Et le jour où ces fonctionnaires sont venus sceller, le comptable était à la structure où nous payons nos impôts avec une somme de 100 000 francs pour verser une avance. Cet argent a été refusé, nous ne savons pas pourquoi. Pourtant, quand on a une dette et qu’on manifeste la bonne foi de la payer de manière atemporelle, le créancier devrait accepter ces paiements partiels. Pendant ce temps, il se trouve que nous aussi, nous avons des arriérés de facture au Minfi depuis près de deux ans, qui s’élèvent à plus de douze millions de francs Cfa. Toutes les démarches entreprises par la direction auprès du Minfi sont restées vaines jusqu’au moment où nous avons été scellés. Si on pouvait faire une compensation, c’est-à-dire que le ministère nous paye les 12 millions en retenant le million que nous lui devons, cela permettrait à la direction de souffler et même de payer ne serait-ce qu’en partie les arriérés de salaire dont souffre le personnel depuis quelques mois. Face à cette situation, le président du groupe se demande pourquoi Le Messager et pas les autres ? Ce n’est pas parce qu’il veut attirer les foudres de l’administration fiscale sur les autres confrères, mais c’est tout simplement parce qu’il estime que quand les entreprises de presse ne paient pas les impôts, on ne choisit pas une seule d’entre elles.

Pourquoi pensez-vous que la mise sous scellés du Free media group procède d’un acharnement, voire un sabotage ?
C’est parce que le moment nous semble bien choisi pour discréditer Le Messager auprès des annonceurs et sponsors qui se manifestent de plus en plus pour accompagner et soutenir Le Messager dans les préparatifs du 30ème anniversaire. Mais Pius Njawe pense et soutient mordicus que vaille que vaille cet anniversaire sera célébré et avec le soutien des autorités gouvernementales de ce pays, qu’il a d’ailleurs rencontrées à cet effet.

Vous continuez tout de même à être sur le marché. Comment procédez-vous ?
Les scellés sont toujours là, il se trouve tout simplement que nous ayons l’habitude de la répression. En conséquence, nous sommes organisés de telle manière que nous avons des palliatifs chaque fois que nous sommes oppressés comme nous le sommes en ce moment. Pius Njawe n’a jamais dit qu’il ne va pas verser ce million. Mais il se trouve qu’il est en train de s’organiser pour trouver de l’argent pour payer ces arriérés d’impôts, mais surtout et d’abord les arriérés de salaires des employés qui produisent au quotidien Le Messager. Ce n’est pas de gaieté de cœur qu’il ne paie pas les salaires au moment où ses collaborateurs doivent payer la scolarité de leurs enfants, en plus du problème de survie quotidien auxquels ils sont confrontés. Ce problème de trésorerie se pose alors que les résultats d’un sondage publiés récemment présentent Le Messager comme étant le premier journal en termes de ventes des journaux.

N’est-ce pas un paradoxe ?
Je ne trouve pas que c’est paradoxal. Vous êtes journaliste comme moi, vous travaillez dans un quotidien et vous savez comme moi aussi que les ventes ont baissé de manière drastique, que les annonceurs se déportent de plus en plus vers la radio et la télévision ; la presse privée ne glane plus que quelques miettes. Pendant ce temps, nous devons payer l’imprimeur rubis sur ongle ; les ventes ne rentrent pas au quotidien parce que les quantités qui sont confiées au diffuseur ne nous sont payées qu’au compte-gouttes. Alors, cela désorganise tellement la trésorerie qui a beaucoup de mal à rassembler suffisamment de fonds pour assurer la gérance quotidienne et régler le problème de salaires chaque mois. Personnellement, je reconnais que dans un passé récent, précisément en 2008, par deux fois,nous avons eu des arriérés de trois et quatre mois de salaire. Dès que les factures qui étaient en souffrance dans les administrations publiques et les entreprises privées ont été payées, les salaires ont été aussi payés intégralement. Je peux situer le dernier paiement de quatre mois en juillet 2008. Donc, c’est préoccupant mais on ne désespère pas.
Le Jour

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