La liberté, rien que la liberté

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samedi 26 septembre 2009

LE DISCOURS CREUX DE Paul BIYA DEVANT LES NATIONS UNIES



Le discours de la honte


On nous avait annoncé, un discours grandiose, à la hauteur de celui des plus grands de ce monde. Mais Paul BIYA est resté égal à lui-même devant les Nations Unies cette nuit. Hésitant, incohérent et imprécis, le président Camerounais a fait un discours qui frôle le ridicule, un discours digne de la maternelle. Evidemment, on ne pouvait pas s’attendre à mieux, cet homme ayant montré récemment ses limites en modifiant le Constitution dans la violence politique afin de s’éterniser au pouvoir. Seul le RDPC a cru et pourrait encore croire que le Président Camerounais a été à la hauteur des grands de ce monde. Cela ne surprendrait guère, le parti-Etat spécialiste de la fraude électorale ayant eu l’habitude de la myopie lorsqu’il s’agit des sujets impliquant le président de ce Rassemblement Dangereux des Petits Copains (RDPC).

Aujourd’hui, parmi les grands thèmes intéressant le monde et l’Afrique en particulier figurent en bonne place la démocratie, la bonne gouvernance et le respect des droits de l’homme. Les africains en général, et les camerounais en particulier, vivent dans de difficultés extrêmes en raison de ces maux qui ont envahi la classe politique, au point de devenir la norme.

Sous l’ère BIYA par exemple, les détournements de deniers publics ont connu une vitesse exponentielle, au point de faire du Cameroun non seulement un Pays Pauvre très Endetté (PPTE), mais également le Champion du monde en matière de corruption, selon le très sérieux indice de perception de la corruption de l’ONG Transparency International.
Sous l’ère BIYA, la démocratie a connu un recul considérable. Les droits de l’homme sont constamment violés, les libertés individuelles sont bafouées. Le dernier exemple en date, est celui de la scellée des portes du journal Le Messager, pour une sombre question d’impôts non payés. Mais les Camerounais ne sont pas dupes ; ils savent que Le Messager paie le prix de la vérité, le prix de l’information du peuple que l’on voudrait enfermer dans les ténèbres avec une doctrine bien orientée et distillée par les médias du pouvoir.
Le recul démocratique s’est notamment manifesté à travers la récente modification de la Constitution, par laquelle Paul BIYA a clairement affiché ses « grandes ambitions » de se maintenir au pouvoir alors même qu’il a, avec l’institutionnalisation du tribalisme et de la corruption, détruit l’avenir de bon nombre de compatriotes. C’est un véritable « crime contre la jeunesse » (voir notre article sur ce thème sur ce site) que commettent BIYA et ses partisans au quotidien. Les juridictions compétentes devraient se saisir du dossier, afin qu’il en soit jugé, même après sa mort. En effet, le jugement des morts est possible, et c’est d’ailleurs le seul moyen que nous avons de faire en sorte que sa famille et ses proches ne profitent pas des « biens mal acquis » à son décès.

Face à ce sombre tableau, il est évident que Paul BIYA n’avait pas, cette nuit, beaucoup de choix dans les thèmes à présenter dans son discours devant les nations Unies. Il n’a pas eu à aborder les principaux thèmes intéressant l’Afrique, afin de ne pas donner un prétexte de son interpellation par le concert des nations sur la situation chaotique du Cameroun. Le célèbre dictateur a préféré évoquer des sujets qui ne modifient pas fondamentalement la situation des africains en général, et des Camerounais en particulier. Paul BIYA s’est contenté dans son discours de demander aux plus forts de soutenir les plus faibles au sujet de la crise financière. Mais il connait les conditions de ce soutien qui résident notamment dans le respect des droits de l’homme et la démocratie, conditions que Paul BIYA ne peut manifestement respecter. D’ailleurs, au moment de son discours, seuls les membres de la délégation camerounaise étaient en salle, les autres chefs d’Etats se trouvant au sommet du G 20.

Cela ne surprend guère pour un homme qui a passé l’essentiel de son temps à la tête de l’Etat camerounais à détruire ce qu’a fait son prédécesseur le président AHIDJO, à développer la corruption, à chosifier une partie de la population constituée selon lui de sous-hommes, à assurer la promotion de la médiocrité en institutionnalisant le tribalisme, etc.

Le RDPC est évidemment ravi du discours creux que vient de prononcer son Chef à la tribune de l’Assemblée Générale des Nations unies. Les vassaux commentateurs des médias d’Etat ne manqueront pas de chanter les louanges de leur Président à chaque point de presse. Mais n’est-ce pas frôler le ridicule ? La question ne se pose même plus pour ceux-là qui ont vendu leur âme au Diable, en décidant de s’écarter du chemin de la vérité pour soutenir à tout prix un invétéré dictateur.

Les Camerounais qui ont manifesté à New York sont de vrais patriotes. Ils ont décidé de mettre à nu un homme pour qui la jouissance prime sur l’intérêt national. Les « vrais camerounais », ceux qui aiment ce pays, ont décidé de le poursuivre jusque dans ses derniers retranchements. Le combat doit continuer dans la non-violence, afin de sensibiliser l’opinion internationale sur le désastre vers lequel s’oriente notre pays avec le maintien du dictateur BIYA à sa tête. Car ce pays n’appartient pas à quelques uns, il appartient à tous les camerounais et à tous ceux qui sont susceptibles de les aider dans le processus de démocratisation, de la bonne gouvernance et du respect des droits de l’homme.

Le discours prononcé par Paul BIYA cette nuit devant les nations unies est à son image, un discours sans consistance et sans intérêt, un discours creux. Observant le monde à travers un prisme déformant, le Président camerounais n’a jamais trouvé la juste problématique dans ses propos. C’est comme s’il venait d’une autre planète et ne saisissait pas la réalité des défis qui attendent nos populations. Et l’on ne saurait lui trouver aucune excuse dans le fait que ce discours a été rédigé par quelqu’un d’autre, probablement par un de ces innombrables inconscients qui l’entourent et qui sont recrutés sur une base essentiellement tribale. A la vérité, l’obsession pour le pouvoir chez Monsieur BIYA est telle qu’il n’arrive plus à se rendre compte de certaines évidences.

En fin de compte, à travers le discours creux prononcé cette nuit devant les dirigeants du monde, on comprend que Paul BIYA n’aime pas vraiment le Cameroun. D’ailleurs, il n’y vit pratiquement pas. Il est d’ailleurs certain qu’après ce sommet de New York, il se rendra d’abord en suisse pour se reposer et vérifier la position de ses nombreux comptes bancaires avant de retourner au Cameroun. Et à sa descente d’avion, comme d’habitude, le dictateur fera bloquer les routes de la Capitale à son passage. Mais lors que l’on sait qu’il est encore à la tête de ce pays et qu’il compte y demeurer, on se demande comment il peut être si irresponsable.
© Pr. Jean GATSI, Agrégé des facultés de droit – Université de Douala/Cameroun

2 commentaires:

  1. C'est une bonne analyse. je crois aussi que paul biya voit le monde à travers un prisme déformant. C'est un président aux petits pieds. il a détruit la vie de beaucoup de compatriotes par son inconscience caractérisée.

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  2. vous vous attendez à quoi ? c'est le discours d'un dictateur de premier rang.

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