La liberté, rien que la liberté

La liberté, rien que la liberté

mercredi 7 octobre 2009

SOUS LA DICTATURE MONSIEUR BIYA


Aux frais de la princesse


“Les intéressés auront droit aux avantages de toute nature prévus par la réglementation en vigueur.'' Les Camerounais connaissent cette formule qui accompagne, les actes du président de la République. Nombre de grands féodaux sont entretenus par la République (Membres de cabinets ministériels souvent pléthoriques, Commissions et autres Hautes autorités en tout genre). Logement de fonction, parc automobile, frais de représentation, déplacements aériens, dépenses de communication sont les avantages des élus et des personnes nommées. C'est une des spécificités de la politique : tous les élus bénéficient, en plus de leur salaire, d'une indemnité forfaitaire de représentation. Cette somme est censée financer l'habillement et les dépenses de communication des élus.
Ce concept de "représentation" est bien curieux. Sans celuici, dans quelle tenue les élus viendraient-ils ? Et les salariés qui sont au contact du public, ne devraient-ils pas eux aussi bénéficier d'une indemnité de représentation ? Toujours est-il que cette indemnité est appelée "indemnité représentative de frais de mandat" pour les députés. Elle sert à payer ses frais de voiture, de loyer pour la permanence, frais de réception, d'habillement, de transport. Mais quelle est l'indemnité forfaitaire du Président de la République ?
Le montant est donc tenu secret. On sait simplement que cette enveloppe lui permet entre autres de s'habiller et de payer les factures. Paul Biya est par contre censé payer toutes les dépenses personnelles. Sauf que tout le monde imagine que le président de la République n'a qu'un seul et unique portable. Les communications d'ordre privé sont donc forcément payées par l'Etat. Pour ses déplacements, professionnels et privés, le chef de l'Etat dispose de voitures blindées. Le parc automobile du palais de l'Unité comprend plusieurs autres voitures.
Certains de ces véhicules sont prêtés gracieusement par les constructeurs car un déplacement du chef de l'Etat renforce l'image de marque du constructeur. Ces "prêts" ne se limitent pas qu'aux véhicules. Très régulièrement, la présidence reçoit en "prêts" des produits de diverses marques. C'est le cas par exemple de tous les écrans plats de télévision, qui sont fournis gracieusement par les fabricants.

SHOPPING
Depuis près de cinquante ans, Paul Biya est logé, nourri, blanchi et voituré par les ministères, par le Premier ministère et par le palais de l'Unité, qui prend en charge toutes les dépenses liées à sa fonction. Logé, nourri, habillé, équipé, le chef de l'Etat n'a donc quasiment aucune dépense.
Il doit simplement payer ses impôts. Et certainement, il doit payer une pension alimentaire dont le montant ne regarde pas les médias puisqu'il s'agit de la vie privée. Autre exception camerounaise : la dotation de la présidence de la République destinée au fonctionnement de l'institution et aux frais du président, selon une répartition dont le détail n'est pas publié. La loi ne prévoit aucun contrôle, en vertu de la séparation des pouvoirs. C'est le palais de l'Unité qui fixe arbitrairement cette dotation, votée ensuite par le Parlement, et le président n'est pas tenu de distinguer ses frais privés de ses charges de représentation et de fonctionnement. Est-ce le budget de la présidence de la République qui finance les costumes de Paul Biya ?

La question mérite d'être posée aujourd'hui.
Quand il part en vacances, le chef de l'Etat, de part sa fonction, est obligé de disposer d'un avion, pour être rapatriable. Mais il n'a besoin que de deux personnes, son aide de camp et un officier de sécurité. Pour ses villégiatures, à l'intérieur du pays, il dispose surtout d'un autre avantage inhérent à sa fonction : les résidences de la présidence. Le président du Cameroun, Paul Biya, est retourné dans son pays le 5 septembre après trois semaines de vacances dans la station balnéaire de La Baule.
Le président de la République avait quitté le Cameroun le samedi 15 août "pour un court séjour privé en Europe" comme l'indiquait le communiqué rendu public à cet effet par Martin Belinga Eboutou, le directeur du Cabinet civil. A La Baule, Paul Biya et sa suite occupaient 43 chambres pour un montant journalier de 42 000 euros (soit plus de 27 millions de francs Cfa payés par jour uniquement pour l'hébergement ndlr)…" Auxquels il faut ajouter les autres frais liés à "la restauration, les séances de thalasso, casinos et séances de shopping" et les frais de mission des nombreuses personnes qui accompagnent le couple présidentiel ce qui alourdit forcément la facture.
MAHEU, Germinal n°043, 07 octobre 2009

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