Les enseignants tendent la main au gouvernement
Célébrer et méditer. Comme tous les ans, ils seront nombreux les enseignants qui, ce matin du 05 octobre, revêtiront le pagne habituel pour défiler dans les artères des villes, boire jusqu’à plus soif et oublier un instant les misères qu’ils subissent au quotidien. Au passage, ils oublieront jusqu’au thème de cette 16è édition de la journée mondiale à eux consacré et qui dit «Pour bâtir l’avenir, investissons dans les enseignant(e)s maintenant !» Un thème qu’ils auraient été bien inspirés de butiner en cette circonstance qui focalise pourtant bien de regards sur une profession en perte de vitesse dans un contexte où l’enseignant n’est pas logé à la première enseigne des préoccupations de l’exécutif.Le présent dossier se propose de plonger au cœur des problèmes qui émaillent un secteur dont le statut particulier attend toujours, neuf ans après son adoption, la publication des textes particuliers qui devraient permettre aux enseignants de voir nombre de leurs revendications connaître ne serait-ce qu’un début de réponse. Avec l’arrivée de Philemon Yang à la primature cependant, les enseignants ont retrouvé l’optimisme sans toutefois perdre de vue l’essentiel. Après la réunion de la coordination nationale des syndicats de l’éducation de base du 28 août dernier à Yaoundé, ils menacent de recourir à nouveau à la grève si les primes de recherche n’étaient pas payées d’ici au 10 novembre. Une goutte d’eau certes, mais qui pourrait bien ragaillardir un corps qui souffre encore de tant de maux au Cameroun.Ils souhaitent la mise en place d’un cadre de dialogue permanent à l’occasion de la 16è édition de leur journée mondiale. Lors du lancement de la 16è édition de la Journée mondiale de l’enseignant dans le Nord-Ouest, le délégué régional en charge des Enseignements secondaires n’est pas allé par quatre chemins pour signifier l’importance de l’occasion. Selon nos confrères de la Crtv Télé en effet, ce dernier a fait savoir à l’assistance massée à Bamenda que cette 16è édition devait constituer pour les enseignants un moment de méditation et de réflexion sur leur profession. Une profession qui au demeurant traverse une passe difficile comme c’est le cas à chaque édition.Du côté des responsables syndicaux, on ne se fait pas prier pour faire savoir les conditions austères sous lesquels ploient les enseignants. Ceux-là qui attendent toujours les textes d’application du statut particulier des enseignants adopté voici huit ans. Pour la coordination nationale des syndicats de l’Education de base réunie à Yaoundé le 28 août dernier, la revendication première porte sur la revalorisation de la prime de documentation et de recherche des enseignants. Dans le communiqué ayant sanctionné les travaux, elle fait savoir en effet que «les syndicats après plusieurs concessions ont demandé au gouvernement de payer pour compter du 05 décembre 2000 et mensuellement aux enseignants ainsi que ceux d’E.P.S non pas 15.000 FCFA pour la catégorie B et 25.000 FCFA pour la catégorie A, comme préconisés par l’Administration, mais plutôt 25 000 FCFA pour la catégorie D ; 30 000 FCFA pour la catégorie C ; 35 000 FCFA pour la catégorie B ; et 50 000 pour la catégorie A».InvestissementDes montants qui de l’avis de nombre d’enseignants «ne sont plus négociables, car nous avons trop reculé au cours de nos négociations avec le gouvernement», fait savoir le syndicaliste Jean Kamdem. Qui au passage tient à faire savoir que ses collègues doivent mettre à profit cette journée du 05 octobre pour réfléchir. Ceci d’autant plus que «le thème de cette année arrive à point nommé», lui qui dit : «Pour bâtir l’avenir, investissons dans les enseignant(e)s maintenant !»Un investissement qui passe par «l’institutionnalisation d’un cadre de concertation et de dialogue permanent entre les syndicats et le gouvernement pour la résolution des problèmes éducatifs», précise Sakio Fahleu du syndicat national indépendant des enseignants de base (Snieb). Qui ajoute que «ce cadre permettra aux différentes parties d’anticiper par exemple d’aplanir certaines divergences qui brouillent souvent l’environnement de l’éducation au Cameroun». Un avis que partage son collègue de l’enseignement secondaire Jean Kamdem pour qui cependant le principal problème à résoudre à l’heure actuelle du côté de l’enseignant est l’amélioration des conditions de travail. «Je crois qu’il est grand temps de comprendre que l’enseignant est à un système éducatif ce que le pilote est à un avion. S’il n’est pas mis dans de meilleures conditions de travail, le système éducatif ne peut pas connaître une bonne harmonie, car c’est lui qui conduit tout le système qui comporte par ailleurs d’autres acteurs importants». En le disant, il insiste sur cette «discrimination» qui porte sur le salaire indiciaire qui est inférieur à celui d’autres corps travaillant dans la société camerounaise. Une discrimination qui n’est pas de nature à favoriser une plus grande expression de l’enseignant qui en plus de cette frustration doit subir des effectifs pléthoriques et un environnement professionnel des plus austère.ConsultationUne préoccupation en droite ligne du sous thème développé par le Cameroun pour cette 16è édition et qui dit : «La pédagogie au service de la moralisation des comportements». Et si d’aventure la moralisation des comportements à l’école était le souci premier des autorités en charge de l’éducation, il va sans dire qu’ils seraient bien inspirés d’améliorer les conditions de travail des enseignants indique-t-on du côté des enseignants. Du côté du Snieb, on ne manque d’ailleurs pas d’exciper la recommandation Oit/Unesco concernant la condition du personnel enseignant de 1966 où l’on peut lire que «Afin que les enseignants puissent s’acquitter de leurs devoirs, les autorités devraient établir et appliquer régulièrement une procédure de consultation avec les organisations d’enseignants sur des questions telles que la politique de l’enseignement, l’organisation scolaire et tous les changements survenant dans l’enseignement».Mais pour Jean Kamdem, la publication des textes liés au statut particulier de l’enseignant pourrait constituer un bon début de résolution des problèmes. Il insiste également sur la mise en place d’une espèce de convention collective des enseignants exerçant dans le privé.
Mutations, Parfait Tabapsi
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