L’administration américaine entendrait aider le gouvernement camerounais à recouvrer les biens mal acquis cachés aux États-Unis.
Janet Garvey, l’ambassadeur des États-Unis au Cameroun, a annoncé, fin juin, que son pays aiderait le Cameroun à rapatrier les fonds volés, si ceux-ci se trouvent cachés dans quelques comptes aux États-Unis - voir l'article : Biens mal acquis, la piste camerounaise. « Au moment où je vous parle, des experts camerounais se concertent avec leurs homologues américains, dans le cadre d’une conférence organisée par le gouvernement américain, afin d’aider le gouvernement camerounais, aussi bien que d’autres gouvernements qui ont fait preuve de leur volonté de lutter contre les crimes financiers, y compris la corruption. Cette conférence n’est qu’un exemple de la volonté affichée par mon gouvernement d’accompagner le gouvernement camerounais dans ses efforts visant à recouvrer les biens mal acquis qui se trouvent, s’imagine-t-on, dans les banques à l’étranger, y compris aux États-Unis ».En clair, l’Amérique est décidée à coopérer au plan judiciaire avec les autorités camerounaises pour rapatrier l’argent volé ou recouvrer les biens acquis aux États-Unis avec l’argent de la corruption. Dans ce sillage, elle a informé que, dans le cadre de l’assistance judiciaire mutuelle, des fonctionnaires camerounais ont rencontré leurs confrères des départements du Trésor, de la Justice et de la Sécurité intérieure, « pour voir ce que nous pouvons faire pour aider le Cameroun à retrouver et recouvrer les capitaux volés cachés à l’étranger ».Cette mesure se combine parfaitement avec la proclamation du 12 janvier 2004, faite par l’ancien président américain George W. Bush, faisant interdiction de séjour aux personnes impliquées dans les opérations de corruption, y compris au Cameroun. « J’ai décidé, disait le président Bush dans cette proclamation, qu’il est dans l’intérêt des États-Unis de prendre des mesures afin de restreindre les voyages internationaux et de suspendre l’entrée aux États-Unis, à titre d’immigrants ou de non-immigrants, de certaines personnes qui se sont livrées ou ont participé à la corruption, ou en ont bénéficié dans l’exercice de leurs fonctions officielles. »
Sachant que nombre de Camerounais mis en cause dans diverses affaires se trouvent sur le sol américain, il est donc probable que les États-Unis ne se contenteront pas de rapatrier l’argent, mais aideront également à l’extradition de ces personnes poursuivies par la justice camerounaise, mais qui ont pris le soin de se réfugier préalablement aux États-Unis.Selon l’ambassadeur américain, cette position des États-Unis découle des engagements internationaux de son pays, sachant par ailleurs, comme le subodore la proclamation du président George Bush, que la corruption dans les pays comme le Cameroun nuit aux intérêts de l’Amérique ou des ses entreprises et contribue au détournement de l’aide américaine.En 2006, les États-Unis ont ratifié la Convention des Nations Unies contre la corruption (UNCAC) qui engage les signataires à améliorer la gouvernance chez eux et, s’ils en ont la possibilité, à coopérer avec les autres États dans le même objectif dans le cadre de l’assistance judiciaire. « L’UNCAC est un outil qui permet aux autorités judiciaires camerounaises et américaines, et à celles chargées de l’application de la loi, de coopérer dans des affaires de corruption », se réjouit Mme Garvey.Cette annonce de Mme Garvey, réjouit particulièrement ceux qui, dans l’opinion camerounaise, privilégiaient le rapatriement de fonds aux procès. Mme Garvey précise toutefois que le Cameroun devra poursuivre les reformes dans l’amélioration de la gestion de la chose publique. « Il ne suffit pas de recouvrer des capitaux cachés dans des banques, remettre les biens au Trésor pour se féliciter d’une réussite (…). Quel serait l‘intérêt pour le Cameroun de faire revenir les fonds sans qu’on ait réformé le système qui avait permis qu’ils s’échappent au départ ?
Bonaberi.com
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