La liberté, rien que la liberté

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vendredi 19 février 2010

Cameroun : Le tourisme du sexe rapporte gros



Industrie du sexe : De hautes personnalités dans le collimateur d’Interpol




C’est dans le cadre du démantèlement d’un vaste réseau de prostitution et de tourisme sexuel. La banalisation perceptible du phénomène de la prostitution en milieu urbain malgré les critiques médiatiques aura malheureusement favorisé l’élargissement et la modernisation de cette activité illicite au point de faire du Cameroun, l’un des pôles référentiel du fléau en Afrique central. Désormais, après le Nigeria, le Cameroun semble avoir emboîté le pas en développant une prostitution protéiforme, notoire et universelle qui place aujourd’hui le pays de Paul Biya, dans le sillage de la police internationale.
Selon certaines sources proches du bureau National d’Interpol, loin de la prostitution manifeste et classique rencontrés d’antan dans la rue, l’activité est devenue atypique grâce aux progrès des nouvelles technologies de l’Information et de la Communication. Cette versatilité du phénomène provient du fait qu’elle est animée par des hommes d’affaires et politiques qui en plus de s’enrichir illégalement, alimentent les grands foyers internationaux à l’issue d’une ingéniosité machiavélique hors du commun.

Mode fonctionnement
En effet, via des réseaux Internet dits de rencontre, de nombreux sites camerounais mis à la disposition généralement des expatriés, des étrangers en visite d’affaire et même parfois des nationaux, mettent en exergue des visages de femmes impudiques prêtes à assouvir les besoins libidinaux de ces derniers pour quelques billets de banque. Des femmes d’âge compris entre 19 et 35 ans, dont le deux tiers serait recruté dans les universités. Dans le but d’appâter un maximum de clients, ces sites poussent l’imagination loin en proposant aussi aux individus gays, des partenaires masculins prêts à tout à l’unique condition d’être prêt à dépenser beaucoup d’argent.
Ainsi, variant entre 25.000 Fcfa et 200.000 FCFA la nuit, les différents clients sélectionnés à partir d’un large réseau incluant des hôtels, certaines institutions diplomatiques, des boîtes de nuit et des grands magasins peuvent s’assurer les services des filles qui n’en recueille que le tiers. Ce qui permettrait à ces promoteurs de glaner par jours des millions et par an des milliards de francs CFA. Cette activité limitée il y a à peine un an à Douala, étend désormais ses tentacules à Yaoundé, Kribi et Limbé et il est même possible de se faire escorter d’un bout à l’autre du pays par la fille de son choix.
Toutefois, le point qui semble intéresser la police internationale demeure celui de la transhumance sexuelle. D’après notre source, de jeunes filles seraient également enrôlées par ces sites, dont quatre ont été officiellement répertoriées, pour des destinations internationales étrangères afin de servir de prostituées dans des harems, casinos et hôtels de luxes en Europe, en Amérique et beaucoup plus en Asie, dans les pays arabes d’extrême Orient. « Généralement, pour ces filles, le problème de visa ne se pose pas. Les ennuis débutent dès qu’elles y arrivent. Loin de chez elle, contrairement à tout ce qu’on leur avait dit au préalable pour les séduire, elles sont réduites en esclavage et obligées de se livrer jusqu’à épuisement.».

Des barons impliqués
Il convient de préciser que cette forme de tourisme international originaire d’Asie, prolifère désormais en Afrique en raison de l’accroissement de la pauvreté. Si on parle beaucoup d’implication libanaise, il est important de préciser que les camerounais sont loin d’être exempt de tout reproche. Une dizaine d’hommes d’affaire très connus, touchant d’importantes commissions seraient directement indexés. Toutefois, comme nous précise une autre source, la difficulté réside souvent au niveau des multiples connections qui résident entre les suspects et certains barons du régime. « Dans la mesure où de hauts fonctionnaires corrompus et des institutions diplomatiques sont pointés du doigt, la marge de manœuvre de la police, locale nationale comme internationale reste limitée. En attendant, il faut continuer de recueillir davantage de preuve et nous à notre niveau, je peux vous assurer que nous faisons notre travail ».
Pour les observateurs, cette énième histoire risque simplement de s’achever en cul de sac. En effet, similairement à l’opération « Gbanda » et aux rumeurs de véhicules volés dans le collimateur d’Interpol il y a à peine un an, même si quelques voitures ont été saisies, personne n’a été véritablement inquiété. Comme à l’accoutumée, les nombreux réseaux et forces sous-jacentes, risquent une fois de plus, d’interférer sérieusement au bon déroulement de cette opération pourtant louable.
© Dikalo : Paul Ntonye Njel

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