Le stratège militaire de Paul BIYA, le colonel Abraham Sirvan, décède dans un accident d'hélicoptère
Signe des temps ?
Le stratè

Hier soir Yaoundé, la capitale du Cameroun a connu une effervescence particulière hier. Sans aucune raison officielle, divers points de la ville ont été quadrillés par divers corps de l'armée dont le Bataillon d'intervention rapide (Bir). C'est qu'en début d'après-midi, une rumeur a empli la capitale camerounaise faisant état du crash d'un hélicoptère du Bir dans la localité d'Eseka. D'après des informations recueillies par la suite à bonne source, la rédaction de Mutations apprenait que le colonel Abraham Avi Sirvan, de nationalité israélienne, celui que l'opinion camerounaise considère comme le commandant du Bir, a été tué dans un accident d'hélicoptère ce lundi, vers 09h dans la localité de Pouma entre Douala (la capitale économique) et Yaoundé.
Aucune source officielle n'a pu confirmer l'information jusque tard hier soir alors que tout indiquait au cœur des institutions du pays que quelque chose de grave s'était produit.
L'on a donc suivi entre autres, le retentissement des sirènes provenant d'ambulances que des témoins dont les reporters de Mutations ont vu rentrer dans la ville en provenance de la base aérienne d'où, après quelques modalités pratiques, les quatre corps des seuls passagers à bord de l'hélicoptère accidenté ont été transportés à hôpital général de Yaoundé et dans une camisole de force. Ici le ministre délégué à la présidence chargé de la Défense et tous les généraux présents dans la capitale camerounaise, ont pris part au dépôt des corps dit-on, sur instruction du président de la République, Paul Biya.
L'on a alors appris qu'outre le colonel Sirvan, le pilote et lieutenant-colonel Ojong ont également perdu la vie dans l'accident d'hier. Sur les circonstances de l'accident, en attendant des avis techniques, des indiscrétions font état de panne technique. D'après certaines sources militaires, l'hélicoptère à bord duquel le colonel et certains de ses collaborateurs du Bir avaient pris place aux environs de six heures à Douala, a percuté un pylone d'une compagnie de téléphonie de la place. Un choc qui a immédiatement perturbé les communications dans les localités d'Edéa, Pouma, Boumnyebel et Eseka.
Puis sera découvert l'épave de l'appareil. Toujours d'après nos sources, l'hélicoptère accidenté aurait été l'objet d'une saturation. Au cours des derniers jours sans véritable révision, on l'a vu parcourir le pays du Nord au Sud et de l'Est à l'Ouest. Il s'est ainsi rendu à Maroua et Garoua, avant Ebolowa dans le Sud, puis Bamenda et Bafoussam dans l'Ouest du pays. Avant de se poser Douala le week-end dernier. Capitale économique d'où il a décollé hier matin pour rallier Yaoundé . Dans les prochains jours, les enquêtes ouvertes sur instructions du chef de l'Etat, Paul Biya, pourraient révéler les véritables causes de la catastrophe aérienne du 22 novembre 2010 qui a coûté la vie à quatre personnes. Conseiller militaire et stratège en matière de sécurité de Paul Biya, Abraham Avi Sirvan qui meurt ainsi était un homme très écouté au Palais de l'Unité où il était par ailleurs redouté de tous les collaborateurs du chef de l'Etat et de la défense nationale.
«Un bon soldat apprend toujours, s'adapte toujours», n'avait-il de cesse de répéter aux hommes dont il s'occupait de la formation ou de l'encadrement. Lors d'une prise d'armes d'avril 2009 à Limba où des recrues achevaient leur formation, Abraham Avi Sirvan remercia le haut commandement de l'armée, pour les différents soutiens apportés à ce projet de formation de soldats d'élite. Des soldats dont l'action, toujours selon le colonel Avi Abraham Sirvan, ne saurait toutefois se substituer à celle des forces plus classiques, la police, la gendarmerie, la marine, l'armée de terre.
Pour lui, le Bir était destiné essentiellement à la lutte contre le grand banditisme et devait impérativement se déployer comme c'était déjà le cas depuis des années au Nord Cameroun, dans la zone de Bakassi, conformément au redéploiement des forces dans la presqu'île décidé par la hiérarchie militaire.
Qui était le colonel Abraham Sirvan ?
Le défunt colonel israélien dirigeait deux corps d'élite de l'armée camerounaise.
"S'il a accordé des privilèges aux individus, le président Biya a dans le même temps délaissé une grande partie des forces de sécurité, dont il se méfie. Faute de volonté politique et d'une utilisation rationnelle du budget de la Défense. Leurs éléments ont des moyens très insuffisants, très peu d'armes et de munitions, ne s'entraînent pas et sont pour beaucoup désœuvrés. Comme il n'y a pas suffisamment de casernes militaires, les soldats habitent avec les civils, au quartier. Beaucoup de brigades de gendarmerie ne comptent que trois ou quatre éléments et aucun moyen de transport.
Etant donnés ces handicaps, les forces de sécurité ne sont pour la plupart pas performantes. Leur inefficacité a conduit les autorités à créer et à privilégier des unités spéciales. Censées traiter des problèmes spécifiques, criminels ou frontaliers, elles bénéficient de pouvoirs étendus et d'une impunité de fait. Le statut de deux de ces corps d'élite, la Garde présidentielle (GP) chargée de la sécurité du président et le Bataillon d'intervention rapide (Bir), pose en particulier question.
Tous deux bénéficient d'un régime spécial, puisqu'ils ne dépendent pas du ministère de la Défense mais directement de la présidence. Ils sont en outre commandés et formés par un officier étranger : Avi Abraham Sirvan, un colonel retraité de l'armée israélienne et ancien attaché de défense à l'ambassade d'Israël à Yaoundé, qui est lié par un contrat privé à la présidence. Alors que la GP assure la sécurité du président et est stationnée à Yaoundé, le Bir, a été conçu pour faire face à de nouvelles formes de criminalité. Il a été chargé à ses débuts de combattre les coupeurs de route qui sévissent au Nord et à l'Est du pays. Le recrutement de ses éléments diffère de celui des autres entités : il est centralisé alors que les forces régulières comptent un centre de recrutement dans chaque région. Le Bir est cependant commandé par des officiers qui sont tous issus de l'armée traditionnelle. Ses soldats reçoivent une formation physique de très haut niveau et sont réputés pour leur efficacité dans l'usage des armes.
A partir des émeutes de février 2008, le rôle du Bir a considérablement changé. Il a été appelé en renfort pour sécuriser Douala, puis Yaoundé et le palais présidentiel, menacés par les manifestants. Depuis mars 2009, ses effectifs ont été augmentés et il a remplacé à Bakassi les forces traditionnelles. Mais cette présence accrue du Bir, qui compte désormais au moins 3000 hommes, cause des problèmes. En le déployant notamment à Bakassi, Paul Biya a marqué sa défiance vis-à-vis de l'armée traditionnelle. Celle-ci se sent lésée. Les moyens donnés au Bir, qui apparaît comme une armée dans l'armée, sont plus importants et perfectionnés que les siens. Les éléments du Bir ont des avantages et primes que n'ont pas les soldats ordinaires, ce qui suscitent jalousies et tensions".
© : Rapport de International Crisis group in «les Dangers d'un régime en pleine fracture», juin 2010
A partir des émeutes de février 2008, le rôle du Bir a considérablement changé. Il a été appelé en renfort pour sécuriser Douala, puis Yaoundé et le palais présidentiel, menacés par les manifestants. Depuis mars 2009, ses effectifs ont été augmentés et il a remplacé à Bakassi les forces traditionnelles. Mais cette présence accrue du Bir, qui compte désormais au moins 3000 hommes, cause des problèmes. En le déployant notamment à Bakassi, Paul Biya a marqué sa défiance vis-à-vis de l'armée traditionnelle. Celle-ci se sent lésée. Les moyens donnés au Bir, qui apparaît comme une armée dans l'armée, sont plus importants et perfectionnés que les siens. Les éléments du Bir ont des avantages et primes que n'ont pas les soldats ordinaires, ce qui suscitent jalousies et tensions".
© : Rapport de International Crisis group in «les Dangers d'un régime en pleine fracture», juin 2010
La mort est une chose naturelle. On ne la souhaite à personne, et on ne devrait pas profiter de sa cruauté comme une arme politique ou un argument électoral.
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