Cameroun: Ces universitaires qui soutiennent Paul Biya
Présidentielle 2011. 988 enseignants des universités d’Etat présentés comme signataires d’une « déclaration de déférence et de profonde gratitude » au chef de l’Etat.L’information est contenue dans Cameroon tribune du vendredi 08 avril dernier. Des enseignants des universités adressent une « déclaration de déférence et de profonde gratitude des enseignants-chercheurs des universités d’Etat du Cameroun à son excellence Paul Biya, président de la République du Cameroun, chef de l’Etat ».
Il s‘agit, précisen t’ils d’une motion de « soutien inconditionnel et sans faille, dans le cadre de la modernisation de l’enseignement supérieur au Cameroun ». presque tout le gratin des universitaires camerounais a été mobilisé. 988 signatures issues de six universités d’Etat pour quatre pages dans le quotidien gouvernemental. On y retrouve des noms tels que celui de : Jacques Fame Ndongo, le ministre de l’Enseignement supérieur, ceux des recteurs, vice-recteurs, secrétaires généraux, directeurs et doyens au sein des universités d’Etat. Puis des professeurs de renom : Kegne Fodouop, Valentin Nga Ndongo, Ntuda Ebode, Réné Joly Assako, Touna Mama, Narcisse Kombi-Moëlle, Boyomo Assala.
Cette nouvelle motion, qui fait suite à celles de 2004 et 2010, auraient pu passé inaperçu si certains enseignants que nous avons contactés n’avaient pas remis en cause leur participation à l’élaboration du document et même leur signature. C’est d’abord le chef du département d’histoire de l’université de Douala, Emmanuel Tchoumtchoua qui conteste : « Je n’ai rien contre le régime. Quand le Synes a écrit au chef de l’Etat pour le féliciter, j’ai signé. Cette fois-ci, je n’ai jamais rien signé. D’ailleurs, je n’ai vu aucun document dans ce sens ». Toujours à l’université de Douala, un attaché de recherche dont le nom figure sur la liste est surpris : « De quoi parlez-vous ? Je ne suis pas au courant. D’ailleurs, je serai à Yaoundé la semaine prochaine pour tirer les choses au clair ». Une réunion du syndicat national des enseignants du supérieur (Synes) est convoquée à Douala pour ce jour.A l’université de Yaoundé 1, plusieurs enseignants nient avoir pas imposé leur signature. L’un d’eux confie : « Mon fils, dans ces choses on ne vous demande pas, on met votre nom ». Mais ajoute : « Ce n’est pas le travail des enseignants. Que ça vienne des politiques, c’est normal. Mais des universités, c’est autre chose ». Un autre explique : « On nous a fait savoir qu’il s’agissait d’une lettre de remerciement sans nous la présenter ». Certains n’ont même « jamais entendu parler ». Très peu reconnaissent avoir apposé leur signature sur la motion de soutien.
Pourquoi ce cafouillage ? D’après nos informations, « tout est parti du ministère de l’Enseignement supérieur (Minesup). C’est delà que la déclaration a été rédigée par un chargé d’étude assistant», confie une source proche du dossier. Une information démentie par Jean Paul Mbia, chef de la cellule de communication du Minesup qui affirme : « C’est le président de la conférence des recteurs, Bruno Bekolo Ebe, recteur de l’université de Douala qui a tout préparé. Il a fait parvenir le document dans tous les campus. Fame Ndongo a signé en tant qu’enseignant à l’université de Yaoundé 2 ». L’université de Douala est la plus représentée dans le document. « Une liste à signer a effectivement circulé à l’université de Yaoundé 1 et Soa », confie un enseignant. Ce qui d’après nos sources n’a pas été le cas à Maroua, Douala, Dschang, où les noms de l’ensemble des enseignants ont simplement été transmis au Minesup.
© Le Jour : Boris Bertolt
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