Où est passé le gendarme assassin d’une élève ?
Le maréchal des logis Chrezantus Wakha a disparu de sa cellule. Une marche de protestation des camarades de la victime a été annulée hier. Le chauffeur de taxi où a été retrouvée Albertine Laure Kamdom Kamga, élève assassinée dans la nuit du 11 février dernier, est le seul gardé à vue à la brigade de gendarmerie de Bangou Balambo.
Le maréchal des logis, Chrezantus Wakha, présumé assassin de la jeune fille et ses deux collègues, dont le maréchal des logis Francis Tamboué ont été libérés, avec pour instruction, selon des sources bien introduites au sein de cette brigade, de se mettre à couvert, le temps que l’enquête évolue. L’adjudant chef Ronsard Menkouandé, commandant de la brigade de gendarmerie de Bangou Balambo assure cependant que les trois gendarmes demeurent à la disposition de sa brigade. D’autres sources laissent croire qu’ils se trouveraient à la légion de gendarmerie de l’Ouest. Vérification faite, ils ne s’y trouvent pas.
Rien ne filtre sur l’enquête. Difficile d’avoir le nom de l’Opj à qui elle a été confiée. La gêne avec laquelle le sujet est évoqué dans le milieu de la gendarmerie à Bandjoun laisse croire que la machine est mise en œuvre pour étouffer cette affaire, qui risque d’emporter un gendarme. C’est plus qu’une simple affaire politique, a indiqué le proviseur du lycée de Yom3. Les élèves de cet établissement, où fréquentait l’élève assassinée, avaient prévu de faire grève, jusqu'à ce que le bourreau soit conduit en prison. Pour calmer les ardeurs, le proviseur Chekam François du lycée a fait une déclaration lors du traditionnel rassemblement du lundi. Il a invité les élèves à plus de retenue et de responsabilité, menaçant de renvoi ceux qui se laisseraient manipuler. Ce message a été bien entendu, puisque la marche des élèves a été annulée.
Même le chef de Bandjoun, Honoré Djomo Kamga s’est officiellement exprimé sur le sujet. Il a invité la famille, qu’il a reçue et la population locale, à laisser la justice tirer cette affaire au clair. La ville de Bandjoun a progressivement retrouvé son calme. Vers 12h hier, le portail de la gendarmerie a été légèrement entrouvert. Toutefois, personne n’est autorisé à approcher le bâtiment abritant la gendarmerie.
Ce calme revient après une vive tension dans la capitale départementale du Koung-khi, région de l’Ouest, depuis le jeudi 11 février 2010. Le maréchal des logis Chrezantus Wakha, sorti dans une tenue civile s’est servi d’une arme qu’il a récupérée à ses collègues en service. Il s’en est servi pour abattre, après une course poursuite motorisée, l’élève Albertine Laure Kamdom Kamga qui se trouvait dans un taxi. Le gendarme ne supportait apparemment pas d’être éconduit par la fille et remplacé par le propriétaire du taxi dans lequel elle a été criblée de balles.
Rosalie Kengne : «Je veux qu’on me rende ma fille»
La mère de l’élève assassinée ne cache pas sa méfiance pour une procédure judiciaire.
Comment pouvez-vous expliquer ce qui est arrivé à votre fille ?
Je me rappelle seulement que la veille, c’est-à-dire le mercredi 10 février, j’étais au champ avec ma fille. Elle m’a dit qu’elle allait le lendemain voir le défilé, comme sa classe ne défilait pas. Par la suite, elle prévoyait aller réviser ses cours avec ses amis et revenir tardivement, après qu’elles soient allées à une fête organisée pour le 11 février. C’est seulement le matin que j’ai appris que ma fille avait été assassinée par un gendarme qu’on appelle « Waka ». S’il vous plaît, dites aux gendarmes que je suis prête à payer toutes les dettes, si ma fille en avait, mais qu’ils me rendent mon enfant intacte, impeccable et souriante, comme elle l’était le matin, lorsqu’elle est sortie de la maison, pour aller à la fête de la jeunesse.
Depuis que ce drame est arrivé, quelles sont les procédures que vous avez entamées ?
Nous portons le deuil depuis vendredi. Je vous rappelle qu’on a vu par la quantité de sang qu’elle a perdue, qu’elle a affreusement souffert avant de mourir. Le vendredi, on nous a signalé que le gendarme qui a tiré sur ma fille continuait à déambuler tranquillement dans la ville. Nous sommes allés à la gendarmerie, décidés à lui remettre le cadavre, pour qu’il tire encore sur elle pour la réanimer comme il l’a tuée. C’est là qu’on nous a confié qu’il était arrêté. Par la suite, le chef [ndlr le commandant de la brigade de gendarmerie] nous a promis qu’il allait suivre cette affaire jusqu’au bout. Qu’est ce que vous voulez que je fasse en plus ? Je ne veux mettre personne en prison. Je veux seulement voir ma fille en santé. Je la soigne toute seule chaque fois qu’elle est malade, et c’est le jour où elle se porte bien qu’on décide de lui ôter la vie. Qu’est ce que les gendarmes de ce pays peuvent bien faire à leur ami ? Vous ne savez pas qu’ils se sont mis ensemble à trois pour tuer ma fille ? Maintenant, ils vont vivre tranquillement à Yaoundé, pendant que ma fille, mon dernier espoir, celle qui devait m’enterrer demain est déjà morte.
© Le jour, Honore Feukouo
Les gendarmes camerounais se soucient de la protection de la population. Celui qui a commis cet acte odieux discrédite les forces de l'ordre qui font du bon travail dans ce pays. Il faut donc le sanctionner sévèrement car il salit la profession et nuit à l'image du Cameroun.
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