UN HOMME DE MAIN DU PRESIDENT BIYA A LA BARRE
Au tribunal : Confrontation entre Atangana Mebara et Otelé Essomba

C’est difficile pour un criminel de faire face à ses responsabilités. Cet homme
a participé à la décision finale d’acheter un avion d’occasion pour le Président
de la République du Cameroun. Pourtant, il était son plus proche collaborateur.
Il a d’ailleurs été maintenu longtemps dans ses fonctions après cet acte.
Aujourd’hui, il doit faire face à la justice.
Le juge veut comprendre le processus ayant abouti à la décision d`acheter un nouvel avion pour le président de la République.
Un interrogatoire peu banal a eu lieu dans le bureau du juge Pascal Magnaguemabé, juge d`instruction près le tribunal de grande instance du Mfoundi centre administratif, jeudi 16 juillet dernier. Il avait pour principaux acteurs Jean Marie Atangana Mebara (Jmam), ancien secrétaire général de la présidence de la République et Patrick Marie Otele Essomba, tous les deux en détention préventive à la prison centrale de Yaoundé Kondengui depuis le mois d`août dernier.
L`interrogatoire aura été peu banal parce que, pour la 1ere fois, le juge d`instruction a organisé une confrontation entre les deux principaux accusés qui avaient déjà été entendus séparément. Cette partie de l`échange aurait concerné tout l`environnement, tout le processus décisionnel ayant abouti au choix de l`achat d`un avion pour le président de la République.
Entre l`offre qui avait été faite avant et les formules qui s`offraient à Jmam (acquisition ou location en leasing d`un aéronef), le juge, selon nos sources, voulait savoir quii avait fait quoi et, éventuellement, trouvé des points discordants entre les deux accusés. Mais il semble que la confrontation n`a rien donné, Jmam et Otele Essomba étant "d`accord sur tout".
Toute la seconde partie de l`interrogatoire de jeudi dernier se serait alors déroulée en l`absence de Otele Essomba, transféré dans une autre salle pour permettre au juge Magnanguemabé de poursuivre avec l`ancien Sg/Pr les échanges engagés au cours de l`audience du 23 juin dernier, et relatifs au 1er chef d`accusation, celui du soupçon de détournement de la somme de 29 millions de francs Cfa (environ 15 milliards Cfa), versée en août 2001 à Gia International pour l`acquisition en faveur de l`Etat du Cameroun d`un aéronef neuf de marque Boeing Business Jet de 2ème génération (Bbj-2). Qu`on s`en souvienne, l`ancien ministre d`Etat est accusé, d`une part, d`avoir fait rompre le "contrat" liant la Camair, qui menait l`opération pour le compte
de l`Etat, et la société Gia International, le partenaire de la Camair ; et, d`autre part, d`avoir essayé de recouvrer la somme mise en jeu, "à des fins inavouées", par le truchement de Assett Portfolio Management (Apm). La position de Jmam, comme la dernière fois, aura été de réfuter fermement ces accusations de détournements de deniers publics qu`on voulait lui faire endosser, indiquant au contraire la pertinence des choix qu`il a eu à effectuer dans la gestion de ce dossier.
Notamment le principe de l`achat d`un nouvel avion présidentiel qui coûterait moins d`argent. Au cours de cet interrogatoire, on aurait pour la première fois ouvertement parlé de l`albatros, du nom de l`avion de la Prc qui valut à Jmam des soupçons d`atteinte à la sûreté de l`Etat, mais grief pour lequel il n`a jamais été officiellement inculpé mais dont le spectre explique sans doute les déboires judiciaires de l`ex Sgpr. Le juge insistant pour indiquer que Jmam avait connaissance de la qualité de l`avion qui avait déjà connu un parcours chaotique à Madagascar et ailleurs. C`est vrai qu`entre un épervier et un albatros… Difficile de savoir quelles informations ont été données par Jmam, mais nos sources indiquent que les échanges, quoique longs, se sont déroulés dans une ambiance sereine, malgré la déviation politique. Jmam, qui avait troqué sa gandoura blanche de la dernière fois contre un grand boubou bleu, des chaussures blanches et une chéchia violette, est ressorti visiblement épuisé et n`a fait aucune déclaration à la presse. Dans une de nos précédentes éditions, nous indiquions les cinq chefs d`accusation retenus contre Jmam. Parmi ceux-ci, l`un portant sur la somme de 4 milliards Fcfa appartenant à l`Etat.
Il est alors reproché à l`ancien secrétaire général de la Présidence et à "d`autres individus non encore identifiés" d`avoir essayé d`accaparer frauduleusement ladite somme en enjoignant la Société nationale des Hydrocarbures (Snh) de la transférer à la "Standard Chartered Bank Cameroun New York en remboursement des créances de Ansett sur la Camair".
Albert Biombi
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