La liberté, rien que la liberté

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mercredi 14 octobre 2009

Le vol du pétrole camerounais Paul BIYA et son clan


Le pétrole camerounais ou la gestion opaque du régime Biya


La Snh est en effet la caisse noire du président camerounais. De 1993 à 1994, 60 milliards de F Cfa de recettes pétrolières avaient habilement disparu pour approvisionner des comptes bancaires sous d'autres cieux... 20 milliards ont été décaissés de la Snh sans justification en 2006.Paul Biya utilise peut-être ses ressources propres pour payer ses congés. Le palais de l'Unité, au quartier Etoudi, à Yaoundé, est le coeur du pouvoir : le président vit sur place et il y travaille.Mais officiellement, ce n'est pas la seule résidence du chef de l'Etat. La présidence de la République possède des domaines sur toute l'étendue du territoire camerounais.

Le pétrole dans l'opacité
Harcelé par des organisations non gouvernementales (Ong) locales et le Fonds monétaire international, le gouvernement camerounais a présenté, en janvier 2007, un document sur la vente de son pétrole. Les informations y afférentes ont été fournies par un comité de suivi de mise en oeuvre de l'Initiative de transparence dans les industries extractives (Itie). Le Cameroun y a adhéré en 2005. L'Itie regroupe des Etats, des entreprises, des organisations de la société civile, des investisseurs et des institutions internationales qui souhaitent améliorer la gouvernance dans les pays riches en ressources naturelles. Son objectif est d'encourager la publication, par les Etats, de leurs revenus tirés de l'exploitation des industries extractives. L'Itie encourage également les entreprises du secteur à publier les paiements qu'elles versent aux Etats.
Le 8 janvier dernier, le parquet de Paris a ouvert une procédure sur les marchés exécutés par Total, relatifs à l'exploitation et la commercialisation du pétrole camerounais. Total est accusée d'effectuer des mouvements financiers suspects dans les banques françaises Bnp- Paribas et Crédit Lyonnais, et qui impliquent la Société nationale des hydrocarbures (Snh) du Cameroun. Outre Total, des filiales d'autres compagnies occidentales, telles que Perenco, Pecten, Euroil, exploitent le pétrole brut au Cameroun. En 1977, le pays produisait quotidiennement 182.000 barils. Sa production, qui est en déclin, se situe aujourd'hui à environ 90.000 barils par jour, selon le ministère de l'Economie et des Finances.
La Snh justifie cette baisse de la production par l'épuisement des champs pétroliers. En 2006, le Cameroun a commercialisé 14,861 millions de barils, pour une recette de 948,974 millions de dollars, selon la Snh. Selon un document de la Snh sur les revenus pétroliers, en 2004, la production pétrolière du Cameroun a été vendue à 1,192 milliard de dollars environ, dont 535,294 millions ont été versés au Trésor public, et 49,019 millions de dollars dépensés.
En 2005, le Cameroun a engrangé 1,549 milliard de dollars, dont 745,098 millions de dollars reversés au trésor, et 31,372 millions de dépensés. Mais, le bilan ne dit rien sur le reste des recettes, et aucune indication n'est disponible sur les revenus pétroliers de 2006. Autant d'imprécisions qui font peser de fortes présomptions de détournements sur la gestion qui est faite de l'argent du pétrole. Par ailleurs, d'autres sources d'inquiétudes inhérentes à la non-transparence dans la gestion des revenus pétroliers, proviennent de la Société nationale de raffinage du Cameroun (Sonara). Selon des Ong citant des dirigeants la Sonara, la société importe le pétrole brut qu'elle raffine.

Sur une mine de l'or noir
La gestion des fonds générés par le pétrole reste une prérogative du président Biya.Le journal Le Monde du 17 août 2000 reportait en effet que, de 1992 à 1998, Raymond Bernard et son Circes reçurent du président du Cameroun et de la Snh les sommes suivantes : 60 millions de Fcfa en règlement des ''conseils'' prodigués au grand sorcier d'Etoudi, 500 millions de Fcfa pour l'achat d'un tableau pour le compte de l' "homme lion", 560 millions de F Cfa sous forme de don au Circes de la part du disciple président de la République, 200 millions de F Cfa versés au Circes par la Snh, et 4 milliards de F Cfa offerts à la même secte par Paul Biya lui-même sans autre forme de justificatif.
Ces fonds provenaient, pour l'essentiel, des revenus pétroliers du Cameroun, ainsi que cela a formellement été établi par le juge français (de Grenoble) Luc Fontaine, au cours de l'enquête qu'il mène en Europe sur une autre redoutable secte, l'Ordre du Temple Solaire (Ots). Raymond Bernard, principal bénéficiaire de ces fonds pour le compte de la Rose Croix, dans le compte bancaire duquel la Société Nationale des Hydrocarbures (Snh), d'Adolphe Moudiki) faisait virer cet argent en France, reconnaît avoir reçu, "à titre amical, des versements en espèces de la part de M. Biya ". Les recettes pétrolières n'ont pas été budgétisées, pendant longtemps au Cameroun pour, disait-on, "ne pas habituer les Camerounais à la facilité". Elles ont donc largement gonflé les comptes offshores.
Le président Paul Biya garde la haute main sur la Société nationale des hydrocarbures qui contrôle toute la partie camerounaise de la chaîne pétrolière, sous le label "Confidentiel Défense", d'après Antoine Glaser, dans La roue de la fortune, paru dans Histoires de développement, en décembre 1993.
Cela simplifiait la vie à Elf. Côté français, l'ambassadeur Yvon Omnès assurait une interface remarquée avec le pouvoir politique local et l'entreprise pétrolière, alors nationalisée. Ferme soutien du régime de Paul Biya dans son évolution vers le "multipartisme administratif ", il " est devenu son conseiller privé une semaine après avoir pris sa retraite. Il y a un " mystère " dans le triangle Biya-Elf-Etat français : l'on comprend bien qu'un budget amputé de sa principale recette potentielle soit en faillite récurrente - comme la majeure partie de l'économie, aussi impudemment pillée ; pourtant, " on " décide très régulièrement en France, sous divers prétextes (l'" ajustement structurel ", la prévention d'une explosion sociale, etc.), de combler le déficit budgétaire du Cameroun, ou de payer ses échéances envers la Banque mondiale. Ces dévoiements répétitifs de l'aide publique au développement n'ont que deux explications possibles : ou les décideurs ont perdu la tête, ou l'argent remis au loto camerounais n'est pas perdu pour tout le monde (le triangle se boucle à Genève, Luxembourg, ou dans les îles Caïman... C'est l'occasion d'évoquer la formule d'Antoine Glaser et Stephen Smith, dans L'Afrique sans les Africains : "La France est un gros caïman dans les petits marigots africains. Rien ne lui échappe."

Pots de vin
Depuis plus de quatre ans la Snh verse 500 milliards de F Cfa dans les caisses de l'Etat. Personne ne peut dire où va cet argent. Pour le premier trimestre 2007, la Snh avait transféré 120 milliards de Fcfa au Trésor camerounais. Selon son magazine interne Snh Info, le total des revenus de la Snh s'élevait en 2007 à 688 milliards Fcfa, dont 613 milliards des droits d'exploitation (royalties) perçus pour le compte de l'Etat camerounais auprès des compagnies exploitantes et 75 milliards d'impôts sur les sociétés. Ces chiffres officiels sont cependant l'arbre qui cache la forêt. Car ils n'incluent pas les pots de vin et les diverses enveloppes de corruption que perçoivent autant la Snh, le secrétaire général de la présidence, que le président de la république lui-même auprès des exploitants pétroliers. Entre 1988 et 1993, 115 milliards de F Cfa s'étaient également évaporés des rentrées de la Snh (Société nationale des Hydrocarbures) sur laquelle Paul Biya continue d'exercer un monopole absolu. La Snh est en effet la caisse noire du président camerounais. Le secrétaire général de la présidence de la république en est le président du conseil d'administration.
Cependant, le directeur général de la Snh (poste actuellement occupé par Adolphe Moudiki, baron du régime et vieux fidèle de Biya) n'a de comptes à rendre qu'au président de la République, son Pca jouant plus le rôle d'agent intermédiaire du président que celui d'un quelconque patron. De 1993 à 1994, 60 milliards de F Cfa de recettes pétrolières avaient habilement disparu pour approvisionner des comptes bancaires sous d'autres cieux... 20 milliards ont été décaissés de la Snh sans justification en 2006 ; une ''erreur'' que le Premier ministre promettait alors de ne plus commettre dans sa ''lettre d'intention'' adressée au Fmi et à la Banque mondiale.
ici cemac, Germinal

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