L'Irlande dit "oui" au traité de Lisbonne, l'UE met la pression sur les Tchèques
Le "oui" a recueilli 67,1% des suffrages au référendum de ratification du traité de Lisbonne organisé vendredi en Irlande, selon des résultats officiels diffusés samedi par la radio-télévision publique irlandaise.
Sitôt acquise la victoire du "oui" lors du référendum de ratification du traité de Lisbonne organisé en Irlande, l'Union européenne a commencé, samedi 3 octobre, à accroître sa pression sur la République tchèque et sur son président eurosceptique Vaclav Klaus. Mais, interrogé sur ce qu'il ferait une fois que la cour constitutionnelle tchèque aurait terminé l'examen du texte, déjà validé par la Chambre des députés et le Sénat, ce dernier a refusé de dire s'il le signerait on non.
Dans leurs messages de félicitation aux Irlandais, les principaux dirigeants de l'UE ont immédiatement appelé Prague, ainsi que Varsovie, à ne pas bloquer l'entrée en vigueur du nouveau cadre institutionnel européen. Avant même la publication officielle des résultats à Dublin, la présidence suédoise de l'UE a par ailleurs annoncé avoir invité le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, et le premier ministre tchèque, Jan Fischer, à une réunion à Bruxelles mercredi prochain pour évoquer la ratification par la République tchèque du traité de Lisbonne. "Nous discuterons de la situation et des actions qui peuvent être entreprises pour que la situation avance", a précisé le premier ministre suédois, Fredrik Reinfeldt, dont le pays occupe la présidence tournante de l'UE. Il a ajouté que la ministre suédoise en charge de Affaires européennes, Cecilia Malmström, se rendrait en République tchèque jeudi.
DÉLAI DE QUATRE À HUIT SEMAINES
M. Klaus a néanmoins prévenu samedi qu'il ne dévoilerait pas ses intentions tant que la cour constitutionnelle tchèque, saisie seulement cette semaine, n'aurait pas rendu son verdict. Un délai de quatre à huit semaines pourrait être nécessaire. "La question ne se pose pas aujourd'hui. J'ai l'interdiction [de ratifier] tant que la cour constitutionnelle n'aura rien publié", a-t-il indiqué. Cependant, le premier ministre Jan Fischer a déclaré que son pays ratifierait le traité de Lisbonne avant la fin de l'année. Si d'autres obstacles pourraient se mettre sur la route du traité de Lisbonne, le président polonais Lech Kaczynski, lui, a déjà fait savoir qu'il signerait le traité une fois qu'il approuvé par les Irlandais. "Dès que M. le président connaîtra les résultats définitifs et officiels, il signera immédiatement", avait assuré Pawel Wypych, de la chancellerie présidentielle avant de préciser : "Cela ne se fera pas ce week-end, mais c'est une question de jours."
Le texte, inspiré de la défunte constitution européenne rejetée par la France et les Pays-Bas en 2005, doit permettre de simplifier la prise de décision dans une Europe élargie et de conférer au bloc communautaire une plus grande visibilité sur la scène internationale. En France, Nicolas Sarkozy a salué le vote irlandais qui, a-t-il dit, permet de franchir une étape décisive en vue de l'entrée en vigueur du traité de Lisbonne. "La France souhaite que les Etats qui ne l'ont pas encore fait achèvent le plus rapidement possible leur procédure de ratification pour que le traité de Lisbonne puisse entrer en vigueur avant la fin de l'année, comme les 27 s'y sont engagés", a-t-il déclaré dans un communiqué.
Alors que le mandat de l'actuelle Commission européenne s'achève fin octobre, la nomination du nouvel exécutif européen est actuellement suspendue à l'entrée en vigueur du texte, qui créera un poste de vice-président de la Commission – occupé de droit par le haut représentant pour la politique extérieure de l'UE – et une présidence fixe du conseil de l'UE. S'exprimant lors d'une conférence de presse, José Manuel Barroso s'est cependant dit confiant que Vaclav Klaus finisse finalement par apposer sa signature en bas du texte. "Ce que j'ai compris, lors de mes derniers entretiens avec lui, c'est que le président Klaus, en fin de compte, signera ce traité. Sa légitimité lui est octroyée par le Parlement et le Parlement tchèque a dit 'oui' à ce traité", a-t-il dit. "Je suis convaincu que cela va se faire mais la difficulté, c'est une question de temps", a-t-il ajouté.
Le Monde
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