Les renseignements, force essentielle du pouvoir néocolonial au Cameroun
La « République du Cameroun » est en réalité une néocolonie de la France, dirigée par des représentants noirs de la lourde maffia désignée aujourd’hui par le terme accepté de « Françafrique ». L’accès aux renseignements de la Françafrique n’est cependant pas infranchissable comme on le pense. C’est ainsi que le successeur de Paul Biya, en cas d’empêchement est, non pas sa famille, mais Edgar Allain Mebe Ngo’o. Pour quelles raisons la France ne peut-elle pas changer son soutien à Paul Biya ? La Françafrique cherchera toujours à détruire les forces anti-dictatoriales. Le seul combat efficace à mener contre elle passe par la maîtrise des techniques de résistance et de destruction des réseaux de renseignements d’une dictature, à travers l’affrontement de cette maffia internationale sur le terrain.
L’enlèvement, la séquestration, et bientôt le procès kafkaïen de Jean Bosco Talla, avec au bout du rouleau le musellement de Germinal et la soumission de ses journalistes par la peur, ont pour initiateurs des acteurs que l’on soupçonne le moins.
Cette équipe de patriotes camerounais, unis pour le but d’enquêter et d’analyser honnêtement les maux qui minent la société camerounaise, est loin de savoir qu’elle s’est attirée la surveillance souvent fatale de l’ennemi premier des peuples d’Afrique francophone en général, et du peuple camerounais en particulier : à savoir les services de renseignements français, l’outil sans lequel il n’y aurait pas de « Françafrique ».
Les Camerounais n’ont pas intérêt à oublier, parmi d’autres, la phrase « je pense que je suis un bon élève », prononcée par Paul Biya sur le perron de l’Élysée à coté de son parrain Mitterand, à l’époque de leur lutte commune contre la poussée des revendications démocratiques du début des années 1990. Cette seule phrase, sortie par Biya comme un borborygme mal contrôlé - si elle n’était déjà pas encouragée par François Mitterand connu pour son cynisme légendaire -, en dit long sur la nature véritable du régime qui dirige le Cameroun d’une main de fer depuis 1960.
La « République du Cameroun » est en réalité une néocolonie de la France gouvernée par des représentants noirs de cette lourde maffia ; que l’on désigne aujourd’hui par le terme accepté de « Françafrique » à cause du caractère compliqué, mais surtout secret et étendu de son organisation.
L’accès aux renseignements de la Françafrique n’est pas infranchissable.
Cependant, elle aura beau être la plus secrète du monde, notamment à cause de la solidité de ses réseaux, la Françafrique, comme tout autre service de renseignements au monde, n’est pas impénétrable.
C’est dire qu’au lieu de s’abandonner dans le désespoir ambiant encouragé par les coups violents et impunis de cette maffia structurellement antidémocratique, les patriotes camerounais en général, et ceux de la Diaspora en particulier, doivent savoir trouver chacun sur le lieu de sa résidence les failles qui donnent accès aux renseignements disponibles au sein de ces réseaux françafricains.
Car, il ne faut jamais oublier que, renseignement ou non, toute information est collectée dans le but d’être livrée quelque part. Il faut donc connaître qui en sont les consommateurs afin de savoir comment accéder aux renseignements d’un réseau.
Sans connaître leur expérience, il n’y a pas de doute que les rédacteurs de Germinal ont touché certains points sensibles des réseaux françafricains du Cameroun. Ils ont ainsi, sans le savoir certainement, déclenché le rouleau compresseur du contre-espionnage défensif de ces réseaux contre eux.
Nous avions eu l’avantage, au moment même où le pouvoir Biya multipliait les arrestations et emprisonnements contre nous, de provoquer une fois ces réseaux. Et ils n’avaient pas hésité de répondre par des menaces directes contre notre personne. Telle cette rencontre lors d’une soirée à l’Ambassade de l’Allemagne à Yaoundé, où nous nous retrouvions encerclé par une certaine Al Chami, un journaliste de RFI, deux inconnus tout aussi français, et le fameux agent de ces réseaux dans la presse, Vincent T’sas. Et chacun vociférait tout ce qu’il trouvait de plus intimidant contre nous.
Ceci pour dire que, lorsque vous entreprenez de vous focaliser sur des enquêtes indépendantes sérieuses, il est inévitable de se heurter aux réseaux français et aux sujets qu’ils ne veulent pas voir discutés au Cameroun. Germinal a certainement touché de tels points sensibles, y compris l’homosexualité qui fut, d’après des sources bien informées, utilisée comme condition d’accès des indigènes africains dans le milieu gouvernant. Germinal est aujourd’hui listé par ces réseaux comme un médium voué à disparaître. Car les journalistes derrière l’hebdomadaire constituent une menace contre le pouvoir Biya et contre les intérêts de la France au Cameroun.
Il est stratégiquement indispensable, d’après une source bien informée ayant accès aux renseignements de la Françafrique couverte de l’anonymat, que Germinal soit change diamétralement sa ligne électorale en abandonnant son orientation vers les enquêtes et les recherches pour se soumettre plutôt comme tant d’autres journaux camerounais à la corruption et à la direction par un parrain « protecteur » de l’ombre, soit disparaisse complètement si ses dirigeants Jean Bosco Talla et Duke Atangana Etotogo ne veulent pas coopérer en suivant les directives de ces réseaux français. La machine judiciaire corrompue, utilisée contre Jean Bosco Talla, aura tout le temps de lui transmettre cet avertissement.
Les renseignements français ont comme successeur pour Paul Biya, Edgar Alain Mebe Ngo’o.
Interrogés par notre source sur les raisons de leur soutien du régime de Paul Biya, les renseignements français soutiennent que la France a beaucoup investi au Cameroun et ne peut pas laisser ses intérêts voler en éclats, surtout après avoir saisi l’avertissement lancé par la jeunesse en février 2008. Ils trouvent que Paul Biya est le plus fidèle protecteur actuel de leurs intérêts au Cameroun.Quand à la question de la succession de Biya au pouvoir, ces services de renseignements ont répondu que la famille de Paul Biya n’est pas intéressée au pouvoir, contrairement aux soupçons des Camerounais basés sur les cas de transmission du pouvoir au Togo et au Gabon de père en fils.
Le nom que ces réseaux sortent est plutôt Edgar Alain Mebe Ngo’o comme le successeur au cas où le vieillard Paul Biya venait à être empêché ou à mourir au pouvoir. Ces réseaux expliquent leur choix de Mebe Ngo’o par le fait que ce dernier aurait fourni un bon travail de collaboration avec les services de renseignements français - mais aussi (surprise !) avec les services de renseignements américains - quand il était « ministre de la sécurité », un poste qui lui a valu de chaleureuses félicitations des deux cotés de l’Atlantique.
Les services de renseignements français ont surtout tenu à expliquer que les intérêts occidentaux ne doivent nullement pas se soucier de la sécurité de leurs investissements au Cameroun tant que le régime de Paul Biya, leur protégé, est au pouvoir. Ils ont averti que tout renversement du pouvoir de Paul Biya mènera au chaos (rejoignant l’avertissement « après moi c’est le chaos » lancé par Paul Biya à Monatélé en 1992) et compromettra les intérêts occidentaux.
Pourquoi la France ne peut pas changer son soutien à Paul Biya.
Certains esprits, parce qu’ils tendent l’oreille au régime Biya - qui a toujours soutenu faussement que les Français sont partis et que le Cameroun est indépendant -, se demandent toujours pourquoi la France court-elle autant de risques à soutenir une dictature qui finira par tomber devant la poussée inévitable de la démocratie.
Ils ignorent tout simplement la réalité historique, les intérêts économiques énormes d’une puissance mondiale qui ne l’est que grâce à ses gains faciles en Afrique, et les prévisions de survie ce cette machine maffieuse, qui sont autant de facteurs importants militant pour leur statu quo.
Ces esprits sous-estiment notamment la très significative décision des gouverneurs, gouverneurs généraux et autres autorités coloniales, prise lors de la conférence tenue à Brazzaville de janvier à février 1944, de s'opposer à toute idée d'industrialisation de l’Afrique. Présidée par Charles de Gaulle, cette conférence marqua le début des réseaux de la Françafrique, dont la construction fut confiée par le président français à un spécialiste des services de renseignements, Jacques Foccart.
Pour rappel, les décisions suivantes, portant essentiellement sur les intérêts économiques français en Afrique, furent prises à Brazzaville en 1944 et continuent de guider la Françafrique aujourd’hui :- Tolérer une industrialisation «bien tempérée» et interdire une industrialisation «sauvage» ou accélérée, afin de «ménager les intérêts des pays producteurs d'objets manufacturés», d'éviter le danger que présenterait l'industrialisation à «créer un prolétariat noir» contre l’empire colonial français.- Favoriser l'idéologie administrative, qui était une «condamnation de l'anarchisme et des gaspillages du capitalisme libéral, (... une) réprobation du régime de travail imposé par les sociétés coloniales, (... un) rejet des petits colons inutiles, (.... une) dénonciation du malthusianisme des entrepreneurs», et un soutien du capitalisme d’État.
Il n’est donc pas étonnant de voir un corrupteur invétéré, comme Vincent Bolloré, traîner les journaux devant les tribunaux français, dans une tentative de cacher le rôle qu’il joue et les avantages qu’il engrange au sein de la Françafrique ; qui est un réseau maffieux dont les membres sont régis par la loi de silence.. La preuve en étant les menaces d’un tel membre, Charles Pasqua, de dire tout si la justice française ne le laissait pas tranquille.
© Ndzana Seme, The African Independant
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