La liberté, rien que la liberté

La liberté, rien que la liberté

mardi 26 janvier 2010

Cameroun : Paul BIYA doit partir


La génération du président Biya doit passer la main


Lettre ouverte aux Camerounais.

En ce début d’année, c’est un immense privilège et un réel plaisir pour moi de m’adresser à vous. Il y a quelques mois, je quittais mes fonctions au FMI après une longue carrière au sein des institutions financières internationales dans laquelle pendant près de quinze ans, je n’ai eu cesse de faire des suggestions pour le décollage et la croissance de notre pays. Au cours de ces années, j’ai servi l’Afrique et le Cameroun en particulier avec patriotisme et un sens élevé du devoir. Durant ma carrière, j’ai eu l’opportunité de voir des pays sans grande fortune se transformer en moins d’une génération grâce à la mobilisation de leur capital humain autour d’un grand dessein. Notre pays a fait le choix inverse, celui de détruire systématiquement ses meilleures ressources pour asseoir une médiocratie ethno-gérontocratique qui constitue aujourd’hui un frein majeur à l’amélioration des conditions de vie des Camerounais.
L’an 2010 marque une année charnière dans l’évolution politique du Cameroun et en cette veille d’échéances importantes pour l’avenir de notre pays, je m’adresse à vous parce que nous ne devons plus accepter l’hégémonie d’un système à double vitesse qui laisse la majeure partie des citoyens au bord de la route. Le Cameroun est notre patrimoine commun. Il a besoin de nous, de notre énergie et de notre engagement pour réaliser le sursaut national, restaurer l’esprit républicain et créer une société prospère et solidaire offrant les mêmes opportunités à tous sans distinction ethnique, religieuse, linguistique ou sociale. C’est l’essence de notre Nouveau Contrat Social.
Je ne saurais revenir sur les conditions de mon départ du FMI. Ce départ qui a été orchestré par un groupe d’individus agissant contre les intérêts du Cameroun représente plus exactement un refus de contribuer à agir contre les intérêts de notre pays car les conditions d’existence des camerounais et leur devenir ont toujours été au cœur de mes actions dans les arcanes internationales. Je tiens à remercier sincèrement mes compatriotes et les jeunes en particulier, qui m’ont adressé leur message de sympathie.
Je souhaite partager avec vous une évaluation de l’impasse dans laquelle se trouve notre pays et vous faire part de mes espérances pour la refondation. Jamais dans notre histoire commune, nous n’avons été confrontés à une telle violence systémique avec des rêves brisés, des espoirs trahis, des vies volées, des destins confisqués; tout se passe comme si le peuple camerounais était condamné à une fatalité qui lui coupe les ailes et rend illusoire toute aspiration à une vie décente. Je m’inscris contre ce destin de résigné !!!...Rien n’est perdu.

Le Cameroun a besoin d’un nouveau leadership pour entrer dans la modernité
Le monde qui s’ouvre devant nous est plein d’opportunités et d’incertitudes. Il requiert un nouveau type de leadership et de gouvernance capables d’anticiper et de mobiliser la société autour d’une vision orientée vers l’amélioration des conditions de vie des citoyens. En effet, la concurrence entre les nations sera de plus en plus féroce. Les certitudes du passé sont aujourd’hui bousculées par la persistance de la pauvreté de masse dans nos pays, la crise économique et alimentaire au niveau international, la guerre pour le contrôle des matières premières, les bouleversements technologiques et démographiques ainsi que la montée en puissance des diasporas, et l’émergence de l’Asie comme pôle incontournable de la mondialisation.
Au moment où une nouvelle génération de leaders émerge partout dans le monde -qu’il s’agisse de Barack Obama ou de Nicolas Sarkozy- pour mieux faire face aux défis d'un monde en perpétuelle mutation, notre pays ne saurait poursuivre son enracinement inexorable dans le passé sous la férule de la génération entrée dans la vie publique au lendemain des indépendances. A son actif, cette génération a su préserver notre pays des conflits qui ont ravagé nombre de pays africains. Malgré l’espoir suscité par Biya lors de son accession à la présidence en 1982, le pays a fait un grand bond en arrière. Compte tenu de son incapacité à enclencher le développement, la génération du Président Biya doit passer la main pour libérer les énergies créatrices et accroître les chances de modernisation du pays. En lieu et place des motions de soutien et des agapes pré-électorales dignes de l’époque stalinienne, nous souhaitons que s’affrontent dorénavant au Cameroun des projets de société mettant le citoyen et la jeunesse en particulier au cœur du développement économique et social. Chaque génération a rendez-vous avec l’histoire. Nous devons prendre notre destin en main pour ensemble reconstruire le Cameroun.

Donner des opportunités à la jeunesse
Permettez-moi avant de faire le point sur l’état de la nation, de jeter un regard sur cette jeunesse duale qui représente l’avenir de notre pays. Comme tous les camerounais, ma fierté se porte naturellement vers les Lions Indomptables dont le Chef de l’Etat a loué récemment le « Lion Spirit », cet esprit de conquête qui caractérise le camerounais, celui d’une nation décomplexée et sûre de son destin. Cette jeunesse montre au monde entier que notre pays est capable de prévaloir dans le concert des nations lorsqu’il s’organise autour des valeurs de progrès, notamment le patriotisme, le mérite et l’organisation au détriment de l’ethnocentrisme et de l’improvisation. En ce sens, les Lions Indomptables incarnent les idéaux de nos héros historiques qu’il est important de réhabiliter dans la mémoire collective parce qu’ils ont, chacun à sa manière, refusé l’abaissement national. Je pense en particulier à Douala Manga Bell, Martin Paul Samba, Ruben Um Nyobe, Félix Moumié et Ernest Ouandie pour ne citer que ceux-là.
Je ne saurais oublier de mentionner l’autre jeunesse, celle de la majorité silencieuse que représentent des millions de jeunes camerounais qui n’exerceront jamais leur talent, car vivant dans une société aux critères de promotion sociale entièrement verrouillés, sans opportunités, ni perspectives de développement et rêvant en permanence d’exil pour se libérer de la misère. Nombreux sont ceux qui à 40 ans révolus, bardés de diplômes, assoiffés de réussite n’ont jamais eu la chance de servir leur pays et pourront difficilement fonder une famille, en raison de la précarité de leur condition. Je pense en particulier aux vendeurs à la sauvette, aux moto-taxi, aux étudiants, aux chômeurs et aux paysans démunis ainsi qu’à tous les jeunes désœuvrés dans les villes et campagnes. Pour redonner espoir à cette jeunesse, il est indispensable de remettre en marche, l’ascenseur social en transférant dans les autres domaines de la vie nationale, les valeurs de progrès et la reconnaissance du mérite qui font la force des Lions.

Sortir de trois décennies de léthargie
Notre pays est à reconstruire après trois décennies de léthargie. La principale source du mal provient de notre dispositif institutionnel qui date d’une époque révolue. Reposant sur un système monocentriste fondé sur une hégémonie présidentielle qui écrase tous les autres pouvoirs, les institutions de la République sont dévoyées et destinées à servir d’instruments politiques pour mettre hors d’état de nuire toute voix discordante. Les mécanismes de contrepouvoir, en l’occurrence, le système judiciaire, le parlement et les partis politiques ont été caporalisés. Nos libertés fondamentales et notre sécurité sont menacées au quotidien par une violence d’Etat qui a érigé l’arbitraire et l’intimidation en modes de gouvernement, au point de mobiliser occasionnellement les forces de troisième degré face à une population aux mains nues. Le Cameroun semble revenu aux heures sombres où des prisonniers politiques sont traités pire que de vulgaires brigands au mépris des règles de l’Habeas Corpus.
Près de quatre ans après avoir obtenu une réduction substantielle de la dette dans le cadre de l’Initiative PPTE, le Cameroun constitue une curiosité économique, avec une croissance anémique qui trouve ses origines dans le pilotage à vue et l’improvisation qui caractérisent les politiques publiques. Le tissu économique est devenu exsangue à cause d’un environnement des affaires inadéquat, d’une pression fiscale insoutenable et du délabrement des infrastructures. Enraciné dans le passé, notre pays prend un retard alarmant dans les Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication, à telle enseigne que le taux de pénétration de l’internet au Cameroun n’est que de 1%, la télé-densité est de 0,7% et le nombre de ménages ayant un poste téléviseur est de 25% contre 63% dans les pays aux conditions économiques similaires. La consommation d’électricité par tête d’habitant et le pourcentage de routes bitumées sont largement inférieurs à la moyenne des pays à faible revenus. Incapable de créer des emplois, le Gouvernement recrute massivement dans la fonction publique et l’armée dans l’improvisation totale, sans tirer les leçons des errements du passé ayant conduit le pays dans l’ajustement structurel pendant deux décennies. Pire, dans ces corps ossifiés depuis la période coloniale, il n’y a aucun plan de carrière pour les fonctionnaires et nos forces de défense dont beaucoup partent à la retraite sans avoir eu l’opportunité d’exercer la plénitude de leurs talents. Erigées en secret d’Etat, les ressources pétrolières n’ont pas permis d’améliorer les conditions de vie des camerounais.
En raison de l’absence de politique de santé publique ambitieuse, les hôpitaux sont devenus de véritables mouroirs et l’espérance de vie des camerounais se rétrécit inexorablement. Gangrenée par la corruption et l’inadaptation aux défis du monde moderne, l’école de la République est aujourd’hui incapable de fournir à la nation les esprits éclairés et la masse critique de leaders et de main d’œuvre indispensables au développement. En matière d’emploi et d’accès aux Grandes Ecoles de la République, le Renouveau a institutionnalisé le népotisme en s’évertuant à faire la part belle aux enfants de la nomenklatura au détriment des camerounais de la base qui n’ont pour seule arme de mobilité sociale que le savoir et la soif de réussir. Jadis respecté à l’étranger, notre pays a disparu de la scène internationale. Il n’est plus reconnu que pour son rang en matière de corruption et les prestations des Lions Indomptables. Toutes ces dérives se traduisent par la dégradation quotidienne des conditions de vie des populations, ainsi qu’en témoignent la paupérisation dans nos villes et nos campagnes. A cet égard, mes pensées vont particulièrement vers tous nos compatriotes victimes de sinistres divers au cours de l’année écoulée en raison de la démission des pouvoirs publics de leurs missions régaliennes. Compte tenu de l’absence de recensement de la population, le Cameroun ne saurait sereinement se projeter vers l’avenir, car il s’apparente à une famille qui élabore quotidiennement son budget sans savoir le nombre de personnes vivant sous son toit. La vérité est que si notre pays en est arrivé à ce niveau de recul, c’est principalement à cause d’un mode de gouvernance régressif et de notre passive complicité.
C’est dans ces conditions que s’annonce la troisième République. Le choix qui s’offre aux Camerounais est de savoir s’ils veulent –pour eux et leurs enfants- que les trente prochaines années soient un simple prolongement des trois dernières décennies marquées par la misère, l’exclusion, le culte de la médiocrité et l’absence d’opportunités pour un grand nombre.

La transition piégée
La route qui mène vers la troisième République est semée d’embûches. Au cours du mandat qui s achève, oubliant qu’il était le président de la Nation toute entière, le président de la République a renforcé le repli identitaire du régime. Dans l’histoire du Cameroun moderne, jamais un groupe n’avait concentré autant de leviers du pouvoir. Sous la première République, le Président Ahidjo s’était entouré de fidèles en provenance de toutes les provinces du pays. La deuxième République a institutionnalisé le sectarisme dans la gestion de l’Etat. Deux constats permettent d’étayer cette conclusion. En premier, le renouvellement des élites sous le Renouveau ne s’est opéré que dans l’aire géographique du président. Dans les autres provinces, le Président Biya s’est entouré de quelques caciques de sa génération cantonnés aux fonctions périphériques. En second, le président a confié les principaux leviers du pouvoir politique, économique et militaire aux ressortissants de son environnement géopolitique, qu’il s’agisse des postes de souveraineté au gouvernement (Défense, Sécurité, Economie et Finances et Affaires Etrangères, etc.) ou encore des principaux postes au sein des administrations centrales, de l’armée, de la police et des entreprises publiques. Ce népotisme institutionnalisé a eu un impact limité sur les conditions de vie des populations des provinces du Centre et du Sud. C’est ce que l’un de nos compatriotes a qualifié de paradoxes du « pays organisateur ». Je refuse fermement avec lui de penser que nos frères et sœurs issus de ces deux provinces soient comptables de cette mascarade politique, car ils subissent les mêmes méfaits de la mal gouvernance que les autres camerounais.
Par ailleurs, après le macabre changement de constitution intervenu en 2008, le président serait tenté de procéder à nouveau à une révision de la Loi Fondamentale pour instaurer un poste de Vice- Président et reproduire ainsi le mode de transition qui l’a amené au pouvoir, avec les conséquences néfastes que les camerounais subissent depuis vingt sept ans. Une telle manœuvre excluant les camerounais de la transition permettrait de verrouiller définitivement les institutions, de donner un nouveau bail au régime actuel et de refermer les portes du changement pour plusieurs générations. Cette dynamique politique est dangereuse pour notre pays, car elle pourrait entrer en conflit avec l’esprit républicain et réveiller des forces centrifuges réclamant une meilleure intégration de toutes les composantes de la nation à la gestion du pouvoir.
Face aux desseins funestes du régime, nous avons probablement fatigué le ciel de nos imprécations. C’est maintenant qu’il faut s’organiser pour ne pas subir notre destin tel que concocté par le régime de Paul Biya. Notre diversité fait notre richesse et notre force. Jamais, nous ne devons céder aux manipulations ou aux démons de la division d’ordre ethnique, religieux ou linguistique. A un an des élections, l’opposition n’a pas présenté de plan d’action. Malgré la répression ambiante, les medias sont devenus aujourd’hui la source de contrepouvoir. Désabusée, la jeunesse espère secrètement le changement sans y croire et s’accommode de plus en plus de l’anomie qui a généralisé le mal-vivre dans toutes les couches sociales. En réalité, Il manque à ce grand mouvement d’espérance, l’incarnation d’un leadership assumé. Le président Biya croit à son destin. Je ne vois pas pourquoi, en ce qui nous concerne, nous ne croirons pas à notre pays. Contre la farce électorale qui se prépare pour bientôt, faites la mesure de votre engagement. Au lieu de nous mettre discourir sans fin sur les manquements du Renouveau, nous devons nous poser la question de savoir ce que nous devons faire pour l’arrêter et proposer un projet d’alternance. Car le Cameroun a besoin d’une ambition nationale pour un nouveau départ s’appuyant sur un souffle nouveau.

Les Chantiers de la Refondation
Comme vous le savez, chers compatriotes, les chantiers de la Refondation sont colossaux. Permettez-moi de partager avec vous quelques sillons susceptibles de servir de fondation à notre avenir commun. La Loi fondamentale constitue le socle de la vie démocratique. Pour mettre fin aux dérives des Républiques précédentes, la troisième République devra modifier la Constitution pour redéfinir dans le préambule les valeurs communes qui fondent notre contrat social, apporter un meilleur équilibre entre les trois pouvoirs et consacrer le principe de leur séparation, renforcer les mécanismes de contre pouvoirs et le contrôle de l’exécutif, garantir les libertés fondamentales des citoyens, mettre en place des mécanismes pour l’organisation d’élections transparentes et crédibles et rapprocher davantage le pouvoir des citoyens à travers une décentralisation effective.
Le deuxième chantier concerne la réforme des institutions pour renforcer l’efficacité de l’Etat dans ses missions de développement et les services aux citoyens, améliorer la gouvernance et la transparence dans la gestion des ressources publiques et mettre en place une politique de décentralisation s’appuyant sur un nombre restreint de pôles économiques régionaux –en lieu et place des provinces- ayant leur propre stratégie de développement dans le cadre de la politique nationale et dirigés par des gouverneurs élus par la population. Cette dynamique s’appliquera également à toutes les collectivités locales, y compris les communautés urbaines où le poste de délégué du gouvernement sera remplacé par une fonction élective. L’Etat ne saurait fonctionner efficacement sans mécanismes de contrepouvoir adéquats. Par conséquent, le rôle du parlement, de la Cour des Comptes et du pouvoir judiciaire sera renforcé pour s’assurer que les ressources publiques sont effectivement utilisées pour améliorer le bien-être des camerounais. Une gouvernance saine se nourrit également d’une société civile organisée et active, capable de servir à la fois de force de proposition et de contrepouvoir. Dans cet esprit, sans étouffer l’initiative locale, une politique volontariste devrait être mise en œuvre pour amener les camerounais à dépasser les associations organiques reposant sur des alliances ethno-ethnocentriques en vue de s’organiser pour la défense des intérêts collectifs.
Le troisième chantier concerne la mise en place d’un programme de redynamisation de l’économie nationale, la refonte du système financier et le lancement d’un programme d’urbanisation et d’infrastructures ambitieux pour créer des emplois et faire du Cameroun l’un des principaux pôles de croissance en Afrique sub-saharienne. Dans cet élan, il est indispensable de mettre en place une politique ambitieuse pour adapter le Cameroun à l’ère de l’information, et de créer une Haute Autorité pour sortir de l’arbitraire qui gouverne actuellement le secteur des Nouvelles Technologies de l’Information et des media. Le quatrième chantier relatif au renforcement du capital social requiert la mise en place de systèmes de santé pour donner aux couches les plus pauvres un accès aux soins médicaux, ainsi qu’une refonte radicale du système éducatif pour l’adapter aux défis du monde moderne. Le cinquième chantier relatif à la préservation de la paix et de la sécurité vise à mettre en place des réformes pour moderniser la police, renforcer l’esprit républicain et permettre à nos forces armées de défendre l’intégrité territoriale et de participer aux efforts de développement tout en offrant aux personnels des opportunités de développement individuel. Le dernier chantier concerne le rayonnement du Cameroun à l’extérieur sur le plan politique, économique, culturel et sportif. Des politiques nationales ambitieuses seront définies, ainsi qu’un cahier des charges clair pour les représentations diplomatiques. Une politique active sera également mise en œuvre pour permettre au Cameroun de mieux tirer profit de sa diaspora et faciliter les efforts de réinsertion des camerounais de l’étranger.

La démarche du Changement
Il est temps de passer de la gestion de la pénurie à la création de richesses et du népotisme à la méritocratie. Il n’y a pas de Cameroun Anglophone et Francophone ou de Cameroun du Nord et celui du Sud. Il y a une seule nation avec un destin commun. Notre diversité constitue une richesse inestimable que nous devons transformer en réalité. Pour construire une nation prospère, solidaire, fière de sa diversité et offrant des opportunités à tous, il est indispensable de mettre un terme à l’expérience du Renouveau. Cela m’amène à partager avec vous la démarche du changement.
Le premier impératif est l’unité dans l’action. Nous devons, si vous le voulez bien, travailler au plus grand rassemblement jamais réalisé dans l’histoire politique du Cameroun. Pour ce faire, il est important d’aller au-delà des composantes actuelles de l’opposition pour englober les forces politiques et sociales, notamment la société civile, les intellectuels, les jeunes, les avocats, les artistes, les masses rurales et urbaines, les travailleurs des secteurs non structurés et toute la majorité silencieuse des camerounais, sans oublier la diaspora qui constitue un vecteur important du changement.
Le deuxième impératif à satisfaire porte sur la mise en place d’un projet politique alternatif. J’ai la ferme conviction que pour relever le défi de l’unité, il faut s’adosser sur un projet politique qui, dans son essence, doit marquer une véritable rupture. Cette rupture par rapport à l’ère du Renouveau est un défi de gouvernance, celui de notre capacité à fonder l’action publique sur des valeurs et des principes partagés à partir desquels nous bâtissons l’élan collectif pour une prospérité partagée. Pour ce faire, je propose que les forces du Changement lancent à partir du premier semestre 2010, les Assises Nationales de la Refondation pour définir ensemble un projet alternatif sous la conduite d’un groupe de personnalités de l’intérieur comme de l’extérieur ayant une autorité morale et représentatif des composantes politique, économique, sociale et culturelle du Cameroun. Il ne s’agit nullement de promouvoir un esprit revanchard ou de faire une chasse aux sorcières. Il s’agit plutôt de marquer une différence nette avec les motions de soutien par l’organisation d’une série de Tables Rondes ayant pour objectif de définir les politiques à mettre en œuvre dans les différents domaines de la vie nationale pour améliorer les conditions de vie des camerounais. Compte tenu des spécificités de notre pays, il est indispensable de dédier un site internet aux Assises de la Refondation pour que des camerounais de l’intérieur et de la diaspora puissent apporter leur contribution au projet pour l’alternance.
Une telle démarche doit s’appuyer sur une communication efficace en association avec les média et les artistes, ainsi qu’une mobilisation dans nos villes et campagnes pour sensibiliser les populations sur le changement et les aider à se faire enregistrer sur les listes électorales. La capacité et la détermination des camerounais et de la jeunesse en particulier à défendre le droit de vote garanti par la constitution constitue un levier fondamental du changement. Je suis conscient des obstacles à surmonter sur le terrain et des moyens limités de nos compatriotes de l’intérieur. Je demeure néanmoins serein quant à notre capacité à réussir le changement, car le monde autour de nous est en pleine mutation. L’usage démesuré de la force pourrait engager la responsabilité individuelle des mandataires et de leurs mandants auprès de la communauté internationale. Les ressources sont mobilisables, à condition de convaincre un grand nombre autour d’un dessein national.
Ce constat m’amène naturellement à réitérer à l’endroit de mes compatriotes vivant à l’étranger que le Cameroun a besoin de votre énergie, de votre intelligence et de votre action pour mener à bien le Changement.

Mieux que quiconque, vous connaissez les difficultés que traverse notre pays. Malgré vos multiples sacrifices pour subvenir aux besoins de vos familles restées au Cameroun, il n’y a aucune politique cohérente visant à améliorer durablement leurs conditions de vie, à faciliter votre intégration au Cameroun ou à vous permettre d’exercer pleinement vos droits de citoyens. J’ai été témoin de l’élan de générosité dont nombre d’entre vous ont fait montre pour contribuer à la campagne de Barack Obama. En misant sur le Cameroun, nous pouvons avoir un meilleur impact pour nous-mêmes, nos familles et notre avenir commun. Il est temps que nous mettions de côté nos égoïsmes et les clivages divers -qui du reste sont entretenus par le régime-, pour nous mettre au service de notre cause commune: le Cameroun. Pour ce faire, il est impérieux que les camerounais de la diaspora souhaitant soutenir le changement s’organisent au niveau des différents pays d’accueil et fédèrent leurs efforts en un forum de coordination des Camerounais de l’étranger pour constituer une force de proposition, de lobbying et de mobilisation de ressources pour agir en concertation avec les Assises Nationales de la Refondation.
Je n’en doute pas, une démarche concertée autour des Assises Nationales de la Refondation pourrait tracer les sillons d’un espoir collectif par lequel notre pays sortira de l’impasse. Il faut vous en persuader et en convaincre tous les sceptiques afin que tous ensemble nous soyons pénétrés par la force invincible de l’espérance. Car lorsque de nouveau, le peuple camerounais commencera à vivre avec espoir, il n’aura aucune peine à trouver l’énergie salvatrice qui permettra à notre pays de se réconcilier avec lui-même et de voir l’horizon d’un monde nouveau s’ouvrir pour tous ses citoyens, femmes et hommes, jeunes et moins jeunes.
Mes vœux les plus sincères de santé et de bonheur pour l’année 2010
© Correspondance de Camer be Via Le Jour : Eugène Nyambal

4 commentaires:

  1. Cher monsieur Nyambal, vous dites des choses bien et justes, mais si vous arrivez au pouvoir vous allez faire comme les autres, voler et viler encore. Où est la preuve que vous êtes différent ?

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  2. Je ne suis pas d'accod avec l'auteur de ce texte. Le Président BIYA assure la paix, c'est un homme de paix qui doit rester au pouvoir pour éviter des guerres.

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  3. Cher Monsieur Nyambal,
    C'est toujours un immense plaisir pour moi de lire vos contributions pour la renaissance d'un KAMERUN nouveau.
    Le Djihad pour la cause KAMERUN est juste.
    Nous sommes très nombreux capables de soutenir financièrement tout mouvement sérieux.
    Nous devons mettre tout en eouvre pour l'avènement de la troisième république en 2011.
    Vie éternelle à nos martyrs.
    Vive le KAMERUN éternel.

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  4. salue MR nyambal du courage abat les voleurs de la république BIYA et sa bande doit foutre le quand il tué la jeunesse ruiné nos espoirs compté sur moi pour la difusion de se méssage et je me tient près pour participer a un soulèvement populaire

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