La liberté, rien que la liberté

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mardi 23 février 2010

Cameroun : La famine après le massacre de février 2008

Emeutes de février 2008 au Cameroun: Peu de choses ont changé



Des jeunes camerounais étaient descendus dans la rue pour ce que des observateurs avaient qualifié de protestation contre la vie chère

Manifestations de souvenir interdites
Pour la célébration des émeutes dits de la faim, le gouvernement aurait interdit toute marche commémorative. Pourtant l’opposition rappelle que quelques soient les évolutions qu’ont connu ces émeutes, de nombreux camerounais jeunes et aimant leur pays sont morts. De nombreux jeunes avaient envahi les rues du Cameroun. Le président Biya visiblement mal conseillé, prononce un discours dur et fustige les apprentis sorciers tapis dans l’ombre. Luc Magloire Mbarga Atangana, le ministre du commerce fait bloc. Un camerounais qui vient vivre en ville doit savoir que cela coute cher déclarera-t-il face à la demande populaire de baisser le prix des produits de première nécessité. Quelques jours plus tard Paul Biya change le jeu. Le président de la république réactualise un décret pris en 2007 qui anticipaient sur la hausse des cours et exonérait de toute charge (TVA et Douanes), les produits de première nécessité. Et le ministre du commerce de déclarer nous devons nous unir derrière le chef de l’Etat qui dans sa vision voudrait permettre à tous les camerounais de pouvoir bien vivre.

Les mesures prises par le gouvernement
Dans la foulée, le prix du carburant baisse à la pompe, les émeutiers arrêtés sont libérés, les instigateurs retenus et il y'a augmentation du salaire des fonctionnaires. Mais sur le problème de fond, rien ne change. La constitution est modifiée, le président peut se représenter en 2011. Dans son discours de fin d’année, le président Biya déclarera que cette modification intervenue à la demande du peuple, ouvre désormais toutes les options. Le gouvernement prend d’autres mesures, sur instruction du chef de l’Etat. Outre l'augmentation effective des salaires des fonctionnaires, il annonce un plan d'urgence de relance de l'agriculture et de la pêche. Entre autres mesures annoncées se trouvent la création d’un fonds spécial destiné au financement d'un programme d'urgence d'accroissement de la production agro-pastorale à très court terme. Le chef du gouvernement camerounais d'alors (Inoni Ephraïm), encourage ses concitoyens à privilégier la consommation des produits locaux. Le Fonds Monétaire International apporte son soutien à cette vaste politique.

Douala ville la plus chère d’Afrique
Deux ans après, la situation n’a pas vraiment évolué. La vie continue d’être chère au Cameroun. Le ministre du commerce a signé depuis lors plusieurs protocoles d’accord avec des partenaires économiques et la société civile dans le but de stopper ou de ralentir la flambée des prix. Ainsi, les prix de certains produits de première nécessité ont été revus à la baisse. Cependant, cette volonté du gouvernement d’améliorer les conditions de vie donne des résultats à peine perceptibles, à cause de nombreux facteurs, tels ceux de l’emploi et du logement. Les produits continuent d’être inaccessibles pour de nombreux camerounais. Dans un récent rapport, le cabinet Mercer a classé la ville de Douala (capitale économique) au rang de première ville d’Afrique la plus chère. En 2008, elle était deuxième derrière la ville de Lagos au Nigéria. Ainsi, deux ans après les émeutes de février 2008, les problèmes qui sous-tendaient la crise demeurent.

Moins de 1000 francs par jour pour 40% des camerounais
Une situation qui n’est pas prête de s’améliorer. Le nombre de pauvres -vivant avec «moins de 738 FCFA par jour a augmenté de près d'un million au Cameroun entre 2001 et 2007, selon un récent rapport officiel. Le nombre de pauvres serait passé de « 6,2 millions en 2001 à 7,1 millions (39,9% de la population) en 2007, soit 900.000 personnes, d’après une enquête réalisée par l'Institut national des statistiques (INS) du Cameroun. Cette hausse d’après un des enquêteurs, se justifie par le fait que la population a augmenté de 2,7% par an durant la période de l'enquête alors le taux de croissance moyen est resté compris entre 3 et 3,4%. «Le Cameroun doit porter sa croissance au moins à 5,7% par an pour espérer ramener son taux de pauvreté à 25% d'ici à 2015, conformément aux Objectifs du millénaire pour le développement », soulignent-ils. Le gouvernement vise une croissance annuelle de 5,5% pour les dix prochaines années, selon sa nouvelle feuille de route. Babissakana un expert et ingénieur Financier a rappelé récemment les contradictions entre cette volonté et un budget artificiellement déficitaire et au profit du fonctionnement. Ses observations ont été rejetées, comme l’avaient été celles sur le Document de stratégie de réduction de la pauvreté(DSRP). L’an dernier, le gouvernement a reconnu son échec.
© Idriss Linge Journalducameroun.com

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