La liberté, rien que la liberté

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lundi 15 février 2010

Cameroun : Le RDPC lance sa campagne à l'université de Maroua

Paul Biya, l’élite de l’Extrême-Nord et l’université de Maroua




C’est l’appel lancé par Cavaye Yeguié Djibril aux étudiants de l’université de Maroua, le 02 février. C’est une initiative inédite et première dans la vie des universités d’Etat au Cameroun.
"Je crois qu’il faut l’exalté et saluer l’initiative des élites du grand nord ". Tel est l’avis du professeur Paul Henry Avam Zolo, recteur de l’université de Ngaoundéré, présent le 02 février à Maroua pour la cérémonie de remise de matériel informatique et d’ouvrages à l’université.

10 ministres, 03 ambassadeurs, 6 directeurs généraux de sociétés, 3 recteurs d’universités, 78 députés issus du Rdpc, de l’Undp, du Mp et du Sdf, deux délégations d’hommes d’affaires venus du Tchad et du Nigeria, conduits par le richissime homme d’affaires Endimi Ahmet du Borno State se sont retrouvés à Maroua.
Pourtant, ce qui devait être une cérémonie consacrée à l’université s’est mué en meeting de campagne du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc). Le président de l’Assemblée nationale du Cameroun, Cavaye Yéguié Djibril, a notamment appelé clairement les étudiants de l’université de Maroua à renvoyer l’ascenseur à Paul Biya à l’occasion de la prochaine élection présidentielle.
Quelques personnalités absentes à cette cérémonie ont laissé peser l’ombre de la question quelquefois évoquée de leadership au sein de l’élite du grand nord. Il s’agit notamment du vice-Premier ministre, ministre de la justice, Amadou Ali, rentré la veille sur Yaoundé après une réception offerte à Kolofata, 48 heures plus tôt, en l’honneur des ambassadeurs des Etats-Unis et d’Espagne. Ayang Luc aussi, président du Conseil économique et social (Ces), n’était pas présent.
Cette cérémonie, à travers laquelle beaucoup ont vu le lancement de la campagne électorale du Rdpc, marquait le départ, d’après ses organisateurs, d’une caravane de solidarité. Le prochain arrêt de cette caravane est prévu en 2011 à l’université de Ngaoundéré dans la région de l’Adamaoua.
Maroua : Cavaye Yéguié Djibril appelle les étudiants à voter pour Paul Biya en 2011
Le discours du président de l’Assemble nationale lors de la cérémonie de remise de don à l’université.
"Les élites ont toujours été sensibles à la création de l’université de Maroua. C’est pourquoi dès les premiers jours, elles ont engagé des actions, timides certes, mais qui n’ont pas manqué de porter des fruits.Notre gratitude est donc toute acquise au président de la République et président national du Rdpc. Paul Biya est l’unique et véritable artisan de l’implantation de cette université.
La joie des populations est ainsi immense, incommensurable. J’ai engagé les populations de la région de l’Extrême-Nord et toute la partie septentrionale à manifester cette joie et cette reconnaissance dans les urnes en 2011, en votant massivement pour le candidat Biya, le fondateur de l’université de Maroua.
En attendant, nous invitons le président Paul Biya à venir voir les fruits de nos efforts.
Enfin, notre action est un appel à l’excellence. L’excellence au niveau des étudiants. Les aînés, nous sommes prêts à tous les sacrifices. Nos jeunes compatriotes doivent pouvoir les mériter. A cet effet, nous leur recommandons l’effort au travail, la discipline, l’humilité et la remise en question permanente que requiert toute quête du savoir.
Chers étudiants,
Ne l’oubliez jamais : la science est une collecte ou chacun apporte sa part. Telle est d’ailleurs la devise de l’université de Yaoundé 1, la mère des universités du Cameroun.
Renvoyez l’ascenseur au géniteur de l’université de Maroua en votant pour lui en 2011".
Au commencement était une promesse électorale
Retour sur l’histoire de la création de l’Université de Maroua.
La première fois que l’idée de création de l’université de Maroua a été évoquée en public, c’était en octobre 1997, par Adji Abdoulaye Haman, alors délégué du gouvernement auprès de la commune urbaine de Maroua d’antan. Il faisait part de sa volonté et de celle des élites de la région de l’Extrême-Nord d’avoir leur université. C’était devant près de cinquante mille personnes réunies au stade lamido Yaya Dairou de Maroua et venues des trois provinces de la partie septentrionale à l’occasion de la visite du président Paul Biya à Maroua.Le président de la république et candidat naturel du Rdpc à sa propre succession applaudit avec les nombreux militants de son parti présents à l’esplanade du stade.

Dans son discours de campagne, le candidat répondait aux militants du Rdpc de l’Extrême-Nord : «Dans les différents discours, la création de l’université revient et occupe une place importante pour les populations de la province de l’Extrême-Nord. Et comme je ne peux rien refuser à la province de l’Extrême-Nord qui est la fille aînée du Renouveau, Maroua et l’Extrême-Nord auront leur université».
La création de l’université de Maroua était donc annoncée dans le cadre de la campagne en vue de l’élection présidentielle du 12 octobre 1997. Election remportée par le président Paul Biya. L’Extrême-Nord fut classé 2eme au niveau national, après le Sud. Mais, pendant le septennat de Paul Biya qui suivit, l’université n’arriva pas.

Pour la campagne de l’élection de 2004, le président de la République revient à Maroua dans le cadre de sa tournée de campagne dans les villes du Cameroun. La création de l’université de Maroua refait surface au sein de la classe politique de l’Extrême-Nord. Paul Biya remet également à l’ordre du jour la création de l’université de l’Extrême-Nord.
Les populations vont faire confiance à Paul Biya et lui offrir leurs voix. Des années passent et l’attente se fait longue. Trois ans plus tard, au cours des élections législatives et municipales de 2007, le Rdpc va perdre des sièges à l’Assemblée nationale et dans les communes.

Le 09 août 2008, par un décret présidentiel, Paul Biya crée l’université de Maroua. Des scènes de liesse s’en suivent dans les coins et recoins de la région de l’Extrême-Nord. «Ces scènes ressemblaient au jour de la qualification des Lions indomptables au second tour du mondial italien en 1990», nous confie un témoin. Ainsi vit le jour l’université de Maroua, qui, au départ, devait être l’annexe de l’Ecole normale supérieure de Yaoundé.La cérémonie de remise de don à l’université de Maroua était-elle un prétexte pour le Rdpc pour lancer sa campagne électorale pour 2011 ?

Jean Jacques Ekindi, député et président Mp
«Nous allons nous organiser nous aussi pour nous mettre en campagne»

J’ai été trop surpris par les déclarations du président de l’Assemblée nationale. Moi, je suis venu pour une cérémonie officielle de remise de don. Quelque chose qui concerne toute la nation camerounaise. Je suis surpris par certains écarts de la part du Président de l’Assemblée nationale. Ma surprise est d’entendre et de constater qu’il s’agit d’un relent de lancement de campagne électorale pour la présidentielle de 2011. Nous en prenons acte ; étant donné que le signal est donné, nous allons nous organiser, nous aussi, pour nous mettre en campagne.
Hamadou Sali, député Rdpc de Bogo
«Nous sommes tous les jours en campagne avec notre base»
Le Rdpc est un parti qui est de façon permanente en campagne. On n’attend pas une cérémonie pour aller en campagne. Nous sommes tous les jours en campagne avec notre base. C’est une cérémonie, pourquoi ne pas profiter pour rappeler à nos électeurs et sympathisants du chef de l’Etat, que l’élection c’est dans quelques mois ? C’est une cérémonie de gratitude à l’endroit du chef de l’Etat qui est pour nous le meilleur candidat. Et cette cérémonie ne concerne pas que la région de l’Extrême-Nord, puisqu’il y a toutes les régions du Cameroun à l’université de Maroua. Nous sommes des Camerounais, dans l’ensemble. Nous allons soutenir tous les étudiants camerounais.

Baba Hamadou, ministre du tourisme
"Le Rdpc n’est pas en campagne»"
Non ! Le Rdpc n’est pas en campagne. Nous sommes là pour l’université de Maroua, la deuxième université de la partie septentrionale. Mais, comme nous sommes tous des ardents militants et sympathisants du Rdpc, on ne peut pas ne pas rappeler à nos sympathisants que nous avons un seul candidat dans le Grand Nord, en l’occurrence le président national du Rdpc.
Mohamadou Ahidjo, député Undp de Garoua
«Il s’agissait d’une cérémonie de lancement de campagne pour la présidentielle de 2011»
Je constate comme vous qu’il s’agissait d’une cérémonie de lancement de campagne pour la présidentielle de 2011. Franchement, je ne m’attendais pas à de telles déclarations de la part du Président de l’Assemblée nationale. Une fois de plus, les responsables du Rdpc nous démontrent que l’on ne peut pas leur faire confiance. Nous sommes là pour l’inauguration du centre de documentation de l’université de Maroua et la remise d’ouvrages à l’Ecole normale supérieure de la même université. L’Undp, je crois, a pris acte, et son comité central répondra très bientôt au Rdpc. Nous sommes vraiment étonnés mais aussi surpris par le Président de l’Assemblée nationale et son discours.

Isabelle Silikam, députée Rdpc de Yagoua
«Cela peut tenir lieu de campagne»
Naturellement, si les choses sont bien faites, cela peut tenir lieu de campagne et, dans le cadre de cette cérémonie, le Rdpc est déjà en campagne. Et cette caravane de solidarité sera permanente et va continuer dans d’autres universités d’Etat du Cameroun. L’année prochaine, déjà, nous serons à l’université de Ngaoundéré. L’objectif, pour nous, c’est de dire à notre base qu’il y a un seul homme en qui nous devrons avoir confiance, c’est le président Paul Biya.
Sali Dairou, député et président de section Rdpc de Maroua rural
"Le Rdpc n’attend pas le jour du marché pour nourrir sa poule"
Le Rdpc n’attend pas le jour du marché pour nourrir sa poule. Nous sommes en campagne depuis 2004, jour de l’élection de notre président de la République et candidat naturel du Rdpc. Il s’agissait de rappeler aux populations que Paul Biya est celui qui promet et réalise. Cette cérémonie n’était qu’une étape à franchir et nous l’avons franchie. Nous savons que la population du Grand Nord, en général, et celle de l’Extrême-Nord, en particulier, a été interpellée de renvoyer l’ascenseur en votant massivement pour le président nationale du Rdpc en 2011.
GrégoireOwona
«Nous sommes en campagne de manière permanente mais pas toujours électoraliste»
Le secrétaire général adjoint du Rdpc réagit à la suite de la cérémonie de Maroua.

Est-ce que cette cérémonie a été juste l’occasion pour le Rdpc de lancer sa campagne électorale à Maroua ?
Le Rdpc est un parti moderne et comme tous les partis modernes dans un monde qui se veut en progrès, nous sommes en campagne de manière permanente, mais pas toujours électoraliste. Mais nous sommes un parti toujours en campagne sur différents thèmes qui peuvent être opportuns, de notre humble avis. Nous sommes venus ici soutenir cet élan de solidarité des élites des régions septentrionales face à cette grande ambition du chef de l’Etat qu’est l’université de Maroua. Il était nécessaire pour nous de soutenir cette initiative pour les jeunes.

Donc le Rdpc n’est pas en campagne…
Nous sommes de manière permanente en campagne. Il faut savoir que la naissance de l’université de Maroua est une demande des populations de l’Extrême-Nord. C’est une promesse faite par le chef de l’Etat, président national du Rdpc, et cette même population s’est mobilisée ici autour de l’élite pour lui dire merci et lui réitérer sa confiance et son soutien. Puisque le président Biya est resté égal à lui-même en tenant à ses promesses, nous voulons aussi dire aux jeunes qui sont des militants du Rdpc de prendre soin de ce don, pour eux-mêmes d’abord, et pour les générations futures. De tels gestes n’arrivent pas tous les jours. Je tire encore une fois un coup de chapeau à l’élite des régions septentrionales.

Y a-t-il aujourd’hui au Cameroun l’urgence d’une élection présidentielle anticipée comme veulent le faire savoir certains cadres du Rdpc ?
De mon point de vue personnel, je ne le pense pas. J’ai lu cela dans beaucoup de médias, ces derniers mois. J’ai même vu les demandes formulées à cet effet. Elles viennent de partout et même de l’extérieur de notre formation politique, comme de l’intérieur. Je peux tout simplement dire que nous avons la chance, dans notre formation qu’est le Rdpc d’avoir notre candidat naturel, qui est légaliste. Nous pensons que la légalité est le respect des normes. C’est pourquoi le Rdpc est en campagne de manière permanente, pour être prêt, parce que dans une démocratie moderne aussi, les élections peuvent avoir lieu à tout moment. Mais, il y a tout de même un calendrier qui est prévu à cet effet. Nous pensons que nous préparons une élection présidentielle à la date prévue du 11 octobre 2011. Mais nous avons aussi des échéances, comme la mise ne place de certaines institutions prévues dans notre constitution, qui nécessitent des élections. C’est pourquoi nous disons comme les scouts, toujours prêts.
© Le Jour

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