La liberté, rien que la liberté

La liberté, rien que la liberté

jeudi 11 février 2010

Cameroun : Le vol des voitures prend des proportions inquiétantes




Un Alhadji recherché par la police dans une affaire de vol de voiture


L’homme d’affaires, aurait déjà vendu au Tchad la grosse cylindrée évaluée à près de 80 millions de F cfa. Mais il est toujours en liberté dans une localité de l’Extrême-Nord du Cameroun.
« Il y a lieu de rechercher activement sur l’étendue du territoire national le nommé Ousmane Adoum, de nationalité camerounaise, né en 1959 à Pouss dans le département du Mayo Danaï, région de l’Exrême Nord (…). L’intéressé est poursuivi par la Division régionale de la police judiciaire du Littoral à Douala pour vol de voiture de marque Mercedes ML 500 de couleur noire, immatriculée Lt 314 Bf, châssis AJGBB75E66AO51372 au préjudice de Sieur Nico Halle ». L’avis de recherche précise qu’«en cas de trouvaille, l’interpeller, le garder à vue dans un poste de police ou de gendarmerie le plus proche et aviser d’urgence la Division régionale de la police judiciaire du Littoral ». L’avis de recherche lancé depuis le 25 septembre 2009 est largement diffusé dans les services des forces de maintien de l’ordre à travers le territoire national.

Selon des informations confidentielles, le « Wanted » qui se cache dans son fief de Pouss, près de Maga, sort de temps en temps pour le Tchad voisin où, selon les mêmes sources, il a vendu la Mercedes à prix d’or. Depuis que le mandat de recherche a été lancé contre lui, il bénéficierait à Pouss de la forte protection d’une autorité traditionnelle locale dont nous taisons le nom. Des informations proches de la gendarmerie nationale et de la police qui s’occupent concomitamment de l’enquête, indiquent que des rapports sur la position de ce présumé chef de gang à la tête d’un vaste trafic de cylindrées volées au Cameroun et vendues dans les pays voisins, ont été adressés à de multiples administrations. Notamment la présidence de la République du Cameroun, le Premier ministère, le vice Premier ministère chargé de la justice, le ministère de la Défense, la délégation générale à la Sûreté nationale. ... Qu’est-ce qui coince au moment où les enquêteurs mobilisés à travers le territoire national sont sur le point de lever un gros lièvre ? La police avait pourtant fait montre d’une célérité remarquable jusque-là pour remonter la chaîne.

Fausse identité
Les faits remontent au 7 mai 2009. Ntumfor Nico Hale est réveillé tôt le matin par un de ses fils qui lui annonce que la Mercedes 4x4, d’une valeur de plus de 50 millions de Fcfa qu’il venait de recevoir d’un parent des Etat-Unis, n’est plus garée dans la concession. Lorsqu’il sort de la résidence, il est devant le fait accompli. Il ne reste de son gardien que ses babouches et le chargeur de son téléphone portable. Il saisit immédiatement la police judiciaire du Littoral qui ouvre une enquête. Première trouvaille des éléments de la police judiciaire, le gardien de nuit qui lui avait présenté un récépissé de carte nationale d’identité informatisée il y a un peu plus de trois ans sous le nom de Daouda Alphonse, au moment de son recrutement, s’appelle en réalité Hinsia Alphonse, originaire du village Guéré, près de Yagoua, dans l’Extrême nord du Cameroun.
Il a fallu l’ouverture de l’enquête des éléments du chef de la division régionale de la police judiciaire du Littoral, le commissaire de police principal Vincent Minkoa Nga, pour se rendre compte que celui qui avait présenté le récépissé de la carte d’identité informatisée au nom de Daouda Alphonse, pour se faire recruter comme gardien, s’appelle plutôt Hinsia Alphonse. La police judiciaire qui a déjà déployé son réseau à travers le pays, a mis un point d’honneur à capturer le fugitif, non seulement pour retrouver les traces de la voiture volée, mais aussi et surtout parce qu’il va leur permettre de comprendre comment il a pu se faire établir une carte d’identité informatisée avec de faux documents à la base.
A partir d’ici, la police va multiplier des prouesses. Hinsia Alphonse est cueilli dans son village de Géré dans le Mayo Danay (Extrême-Nord) et ramené à Douala. En même temps, trois de ses complices, Roger Tansi, Adina Sussia et Abou Dinka, sont interpellés à Douala. Avant d’être écroués à la prison centrale de Douala, tous passent aux aveux complets et établissent les parts de responsabilité de chacun dans l’opération.

Complicités
Surtout, tous sont unanimes pour citer un certain Alhadji Ousmane Adoum comme le patron du gang venu spécialement à Douala avec un chauffeur prendre livraison de la voiture la nuit du vol. Une fouille dans le fichier national d’identification à Yaoundé permet d’avoir des informations précises sur le fameux « Alhadji » chef de gang.
« Les choses ne bougent plus beaucoup parce que cet homme doit bénéficier des solides appuis de personnalités qui se sucrent dans ce trafic. Et aussi parce que cette voiture qui ne peut pas passer inaperçue au Cameroun, est déjà placée à un puissant dans les pays voisins. Il faudra que les autorités au plus haut niveau de ce pays s’impliquent non seulement pour retrouver ce véhicule, mais surtout pour éventrer ce vaste réseau de trafic de voitures vers les pays voisins », confie un des éléments associés à l’enquête.
Les 6 et 7 février derniers, une commission mixte permanente de sécurité transfrontalière s’est tenue à Bertoua entre les délégations du Cameroun et de la République centrafricaine, afin de rechercher des solutions pour lutter contre l’insécurité le long des frontières des deux pays. Il y a quelques mois, une telle concertation entre le Cameroun et le Tchad avait déjà eu lieu à Kousséri, à l’Extrême nord du Cameroun. Ces commissions sont interpellées par ces trafics multiformes qui semblent prendre des proportions plutôt inquiétantes.
© La Nouvelle Expression : David Nouwou

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire