La liberté, rien que la liberté

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jeudi 11 mars 2010

Togo : La société civile se révolte contre la dictature



La révolte d'un peuple victime d'abus électoraux



Malgré ce que les médias français essaient de faire croire à leurs publics, les rues de Lomé n'ont jamais été remplies de jeunes manifestants en faveur de Faure Gnassingbé. Ce procédé démagogique en dit déjà long sur l'implication de la France dans le soutien de Gnassingbé fils, le président qui avait déjà volé la victoire en 2005, et qui aujourd'hui encore s'accroche au pouvoir. Sarkozy fait donc de grands discours larmoyant sur le soutien qu'il offre soi-disant aux africains, transpirant de mauvaise foi, et retransmis intégralement dans les médias français pendant des heures. En réalité, et les Eclairés le savent parfaitement, il fait exactement le contraire de ce qu’il proclame à grand bruit. Pire, la destruction systématique et radiculaire des sociétés africaines se poursuit allègrement avec le soutien actif de la France notamment.
Aujourd'hui dans les rues de Lomé et des autres villes du Togo, les jeunes manifestent encore une fois contre le vol et la séquestration de leurs bulletins de vote. Faure Gnassingbé, une fois de plus, le sourire aux lèvres, et sûr de son pouvoir et du soutien qu'il reçoit, se pavane dans les rues, blasphémant même avec le drapeau togolais croisé sur sa poitrine, la mémoire des martyrs tombés pour la Justice dans leur patrie. Quel immense culot!
L'Union Européenne condamne, dit-on dans la presse. Mais c'est largement insuffisant. Car il s'agit d'une condamnation stratégique, pour calmer les esprits et les consciences. Condamner simplement, c'est trop léger. Les peuples africains en veulent plus, et les peuples occidentaux doivent en exiger plus. Ces occidentaux, qui, enfoncés dans leur cocon douillet, ont la plus grande peine à visualiser au-delà de leurs écrans de télévision, ce qui se passe loin de chez eux, et surtout de réfléchir sur leurs responsabilités en tant que membres du concert des nations. Car l’exploitation des ressources africaines sans se préoccuper du pillage pur et simple des bénéfices, relève du recel. Refuser la moindre responsabilité et valider ce refus, c’est l’impunité institutionnalisé à l’état pur.
La France discute avec Faure Gnassingbé. Elle lui conseille comment calmer le jeu pour rester au pouvoir. Elle le soutient dans sa trahison du peuple togolais, comme elle soutient systématiquement les fossoyeurs sanguinaires des sociétés civiles africaines.
Certains fanfaronnent que ces sociétés civiles sont inexistantes et invisibles sur la scène politique africaine. Les lascars au pouvoir raillent les diasporas qui cherchent à soutenir les sociétés civiles locales et pissent dans leur culotte devant les plus virulentes, les menaçant de sanctions diplomatiques abracadabrantes et autres punitions imaginaires. Les occidentaux raillent d’un ton raciste et sûr de leur suprématie cachée derrière leurs gilets pare-balles, ces africains qui ne sont même pas capables soi-disant de faire régner un tant soit peu de civilité dans leur pays. Du Tintin au Congo belge tout craché !
Pendant ce temps-là, et depuis 50 ans que ce cirque infernal dure, des personnes courageuses se battent, versent le sang pour leur terre natale, chacun à sa manière. Certains sont des intellectuels, écrivent, parlent, cherchent à rassembler ceux qui sont déjà prêt à lutter, encourageant ceux qui ne sont pas encore prêts. Les Moumié, Nyobé, Olympio, Sankara, Lumumba, Cabral, Biko, et tant d'autres, sont morts dans leur lutte contre cette tyrannie validée et soutenue par l'Occident. Certains ont même été carrément assassinés par les services secrets occidentaux, à l'instar de Félix Moumié tombé à Genève en 1960 par empoisonnement au thallium.
Les Occidentaux ont une part de responsabilité dans cette débâcle qu'ils refusent catégoriquement d'endosser, sans même parler d'assumer. Et pourtant, encore aujourd'hui, quand des militants périssent pour un respect minimal des droits de l'homme, Charte elle-même élaborée par l'Occident, les gouvernements européens continuent très ouvertement à soutenir financièrement et militairement leurs pions qu'ils appellent leurs partenaires.
Les martyrs les plus récents, à l'instar d'Oumar Saleh au Tchad, Bruno Ossebi au Congo, Goungaye Wanfiyo en Centrafrique, Norbert Zongo au Burkina Faso, Atsutsé Agbobli au Togo, et plus récemment Charles Massi toujours en Centrafrique, sont non seulement morts dans des circonstances mystérieuses, mais pire encore, leurs familles et leur entourage rencontrent les pires obstacles, tant en France qu'en Afrique, dans l’éclaircissement des circonstances de ces morts violentes et inacceptables.
Au Togo en avril 2005, les populations se sont révoltées contre les violations de leurs droits les plus élémentaires. Plus de 600 personnes sont tombées selon certaines sources. Les victimes des affrontements, sans parler des milliers de réfugiés partis au Bénin et au Ghana voisins dans des circonstances épouvantables, n'ont jamais obtenu justice jusqu'à maintenant. Pourtant la France discute aujourd'hui avec Faure Gnassingbé pour l'aider à s'accrocher au pouvoir. Elle étudie dans quel cadre elle va encore pouvoir valider la fausse victoire de Gnassingbé fils.
Au Cameroun en février 2008, les camerounais étaient descendus dans la rue se révoltant contre le maquillage en public de la Constitution, et contre les conditions socio-économiques épouvantables pendant que Biya se pavane en Suisse sur les rives du lac Léman 6 mois par année. Des centaines sont morts, certains fusillés à bout portant dans la tête. Des milliers ont été arrêtés et sanctionnés de façon insensée, et qui croupissent encore dans les prisons crasseuses et surpeuplées du Cameroun. Pendant ce temps, Sarkozy vient visiter le « chef de l’Etat » en grande pompe, lui assure son soutien, et fait revenir le sourire carnassier de Biya, qui l'avait perdu le temps d'un petit moment de panique.
En République Centrafricaine avec ses concerts de casseroles assourdissants quand tout va vraiment mal et que les fonctionnaires réclament leurs arriérés de salaire qui se montent jusqu’à plus de 40 mois parfois, le régime profère régulièrement les pires menaces d’exactions sanguinaires contre ceux et celles qui oseront encore brandir une seule casserole. Et toujours en sango, langue nationale, c’est plus discret !
Ces populations que l'ont dénie systématiquement du droit de protester contre le viol de leurs vies, ne pourront pas éternellement être opprimées de la sorte. Elles savent qu'elles n'ont plus rien à perdre. Malgré les sanctions, les brimades, les persécutions de journalistes, les menaces, les mesures d'intimidation en tout genre, les assassinats de leaders, rien n'y fera. Le Tyran de la place ne pourra pas éternellement tirer sur la corde de plus en plus fort. Tout à une fin. Les fins de règnes peuplent les manuels d'histoire de l'Humanité. Et la Justice populaire occupe généralement une grande place dans ces événements. Nul ne peut se considérer au-dessus des autres, et son tour viendra forcément tôt ou tard.
Le scorpion devient plus agressif quand il se sent menacé, tout le monde le sait. Mais rira bien rira le dernier! Il se fera forcément écraser comme une vulgaire fourmi à un moment ou à un autre.
A bon entendeur!
© Juliette Abandokwe

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