La liberté, rien que la liberté

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lundi 26 avril 2010

Cameroun : La vie d’un citoyen n’a aucun sens pour le régime dictatorial




La tragédie de Bibi Ngota ou l’urgence de la révolution camerounaise



Chaque camerounais et chaque camerounaise assassinés par le régime Biya sont des morts de trop. Apprenons à considérer ces crimes qui assombrissent de jour en jour l’horizon comme le rappel pressant de notre responsabilité historique de faire apparaître tous les contours d’une nouvelle et durable aurore de dignité camerounaise. Les citoyennes et les citoyens qui attendent encore quelque chose du hasard des événements, ou de la grâce divine, doivent rentrer dans une autre dimension du temps. L’espoir doit être relayé par l’action et seuls les impératifs de l’action doivent déterminer le temps d’attente, mais aussi le contenu de ce temps d’attente. Le crépuscule des idoles néocoloniales camerounaises est un Grand’œuvre convoquant toutes les intelligences théoriques, morales et spirituelles de notre peuple. Qui donc peut encore rester humain en espérant que le sort seul décide des vies des plus de vingt millions de camerounais en ce XXIème siècle ?

Le livre de sang et de terreur ouvert à l’aube du détournement de la souveraineté du peuple camerounais par les puissances néocoloniales vient d’enregistrer une énième mort violente d’homme, une mort surnuméraire. Une mort infligée par le régime RDPC de Paul Biya, par l’injonction d’un de ses plus hauts thuriféraires, le Secrétaire Général de la Présidence de la République Laurent Esso, soit disant Sphinx de Deïdo qui mériterait davantage le surnom de Boucher Discret de Deïdo. Parce qu’il enquêtait sur les soupçons de détournement de fonds publics que lui a inspiré l’analyse d’un document suspect indexant ce proche collaborateur de Paul Biya, le journaliste Bibi Ngota a été arbitrairement et violemment arrêté avec deux de ses collègues, tandis que la Directrice de publication de son journal, Henriette Ekwé, se faisait et se fait encore menacer pistolet à la tempe par les sbires sanguinaires de notre dictateur bientôt octogénaire. Le vieillard Biya continue donc allègrement de donner la mort aux filles et fils du Cameroun, mordant sa propre queue, comme le mythique serpent égyptien Ouroboros.

La Bête qui traque notre peuple a foncé. La tragédie de Bibi Ngota et de ses amis avait commencé. Ils ont été tabassés, torturés, humiliés. Brièvement relaxés, Bibi Ngota et ses collègues ont été repris sur ordres. Le régime Biya ne mord qu’une fois pour toutes comme les crocodiles. Après, il ne lâche sa proie qu’après l’avoir ossifiée. A nouveau ont plu sur nos compatriotes les coups, la torture experte du régime néocolonial, et dans le passage du crépuscule du 20 avril à l’aube du 21 avril, Bibi Ngota a rencontré la nuit abjecte de la mort violente. C’était un homme, un fils, un frère, un ami, un travailleur, un citoyen, un père, un époux, une promesse, une étoile pour tant d’autres espérances. Né en janvier 1971, il avait 39 ans.

Qui donc s’arroge ainsi le droit de précipiter les enfants des autres dans la malemort ? Qui donc se décrète un droit de vie et de mort sur les enfants, vieillards, hommes et femmes du Cameroun ? Qui donc a tué Jacques Tiwa et les cent trente huit camerounais manifestant dans nos rues en février 2008 ? Qui donc a assassiné les neuf disparus de Bépanda à la fin des années 90 ? Qui donc tabasse et mutile des syndicalistes, des étudiants, des ouvriers, des paysans, des débrouillards du Cameroun ? Qui donc a contraint des centaines, voire des milliers de camerounais à l’exil économique, intellectuel ou politique ? Qui donc emprisonne et laisse mourir dans ces mouroirs à négriers que sont les prisons camerounaises, des citoyens et citoyennes qui ont eu le courage de dire un entêté « non » à la dérive économique, culturelle, et politique du Cameroun ? Nous partageons désormais une connaissance intime de la Bête Camerounaise.

Je ne voudrais répondre à ces questions dans cette tribune qu’après avoir montré en quoi la tragédie de Bibi Ngota est l’ultime convocation des forces saines de la nation camerounaise pour une confrontation recréatrice avec les conservateurs cyniques du Renouveau National en vue la naissance de la première république souveraine du Cameroun. Je voudrais montrer que plus que jamais, un acte fondateur nous appelle, de la même dimension que celui de Ruben Um Nyobé et ses camarades de l’UPC dès 1948. Oui, la mort de Bibi Ngota et toutes celles qui la précèdent en lui ressemblant, tout comme toutes celles qui la suivront en lui ressemblant, nous concernent tous, camerounais de l’intérieur et de la diaspora. Et s’il y a un coupable, nous sommes tous condamnés.

I Les raisons de la violence structurelle du régime Biya

Celui qui veut comprendre l’usage répété du crime dans un système politique aussi opaque que celui qui opère au Cameroun doit procéder comme un plongeur en apnée. Partir de l’aspect des vagues à la profondeur des abîmes, en n’oubliant jamais le fil d’Ariane qui le ramènera en surface, face à ces apparences qui ne le tromperont plus de leur illusion flatteuse. Contemplons donc l’écume des vagues, mais n’oublions pas que sous l’eau, rôdent les pires monstres de sang froid.

I. 1 Des fausses raisons de la mort violente des civils sous Paul Biya
Pourquoi tue-t-on tant de civils sous l’ère Biya au Cameroun ? Eliminons d’abord les fausses raisons si souvent alléguées par le régime :

- a) L’insécurité liée au banditisme ?
Sans doute, dirait-on a priori. Les infractions de tous ordres doivent être sanctionnées dans une société civile, pour éviter l’éternelle guerre de tous contre tous. Cette exigence de maintien de l’ordre, malgré sa noblesse de principe indiscutable, se heurte pourtant au mur glacial du contexte politique camerounais. En effet, la responsabilité de la lutte contre le grand banditisme incombe d’abord à l’Etat. Or, l’Etat camerounais est du sommet à la base, truffé de bandits en cols blancs et d’exécutants prébendiers, agissant de tout temps en toute impunité. Ceci discrédite absolument sa lutte contre le banditisme. Un Etat bandit peut-il combattre efficacement les grands bandits sans se saborder lui-même ? Le bilan de la lutte contre la corruption et la haute criminalité au Cameroun est loin de témoigner pour une réelle volonté politique des gouvernants. La violence sans nom du régime Biya contre les criminels de droit commun est donc un cache-sexe pour ses propres crimes. C’est une violence exutoire, que nous avons si justement appelée « L’art politique de Paul Biya ou comment Satan expulse Satan », dans une de nos précédentes tribunes ;

- b)La violence populaire ?
La recrudescence des scènes de lynchage, de justice populaire, d’exactions en tous genres contre de nombreuses catégories d’individus (voleurs à main armée et non armée, homosexuels présumés, jeteurs de sorts présumés, etc.) pourrait laisser penser que les camerounais sont devenus eux-mêmes intrinsèquement violents. Ainsi les assassinats populaires témoigneraient seulement d’une morbidité diffuse dans la société. Il ne resterait plus alors qu’à mobiliser les agents de moralisation collective pour réapprendre, de la famille à la rue, le culte de la paix aux camerounais. Parents, enseignants, prêtres, imams, agents des forces de sécurité, auraient ainsi une mission de pédagogie citoyenne. Ce raisonnement noble tient-il vraiment la route ? Suffit-il de prier sur les camerounais pour qu’ils redeviennent tendres et doux ? Les causes de la justice populaire sont en réalité à chercher dans les failles de la justice officielle : absence de moyens, corruption des agents, domination du pouvoir exécutif sur le judiciaire, etc. Elles sont aussi à chercher dans la faillite de l’éducation politique des citoyens que l’absence de fonctionnement démocratique des institutions politiques induit en contexte de dictature. Elles sont enfin à chercher dans la misère matérielle crasse qui étrangle les camerounais – près de 50% vivent en dessous du seuil de misère - , exacerbant leurs réactions face aux infractions qui les spolient de leurs rares biens. Ici encore, c’est l’échec de toutes les politiques sociales, économiques et institutionnelles du régime de Paul Biya qui explique l’explosion des cas de violence populaire. Nous l’avons nommée ailleurs « la dialectique de l’ordure », le rejet de la grossièreté régnante du pouvoir contre le pouvoir. Arbre qui cache la forêt, la violence populaire n’est donc pas la principale source, la principale cause et le facteur explicatif fondamental de la mort violente des civils sous l’ère Biya. Quelles en sont donc les vraies raisons ?

I.2 Des vraies raisons de la mort violente des civils sous Paul Biya
a) La construction violente de la nation camerounaise
On ne le rappellera jamais assez, la nation camerounaise n’a pas elle-même produit souverainement un Etat. C’est l’inverse qui se passa historiquement. C’est l’Etat camerounais qui a produit illégitimement cette nation qui titube dans le siècle. Or l’Etat camerounais actuel est une institution héritée du Pacte Inter-Colonial dont les mécanismes administratifs sont connus : 1) la violence arbitraire imposée aux populations par la supériorité militaire et technologique de l’occupant ; 2) la soumission du territoire entier au statut de zone d’extraction illimitée de matières premières pour l’économie capitaliste de l’occupant, cette fameuse extraversion de l’économie camerounaise que Tchundjang Pouémi décrit si bien dans son célèbre ouvrage sur les mécanismes de la répression et de l’auto-répression monétaire des pays d’Afrique francophone. Paul Biya, Ahmadou Ahidjo, André-Marie Mbida, Charles Okala, furent et sont les héritiers naturels de l’ordre colonial français qui détourna la souveraineté politique du Cameroun au moment de l’accès à l’indépendance de droit acquise de haute lutte par les héros fondateurs de l’Union des Populations du Cameroun (UPC). Nous sommes donc au cœur d’une Nation forgée dans la violence par un Etat foncièrement violent, assis et administrant essentiellement sur la base du consentement des citoyens sous contrainte. Les camerounais sont soumis, ils n’obéissent pas. Car seule l’obéissance aux lois qu’on s’est librement prescrites est liberté. Voilà pourquoi Paul Biya se trouve contraint d’aller chercher dans l’unité euphorique des camerounais autour de l’équipe des Lions Indomptables, la seule preuve de ce qu’il nomme faussement « unité nationale ». Le Cameroun est peut-être une unité administrative, mais il nous reste à en fonder l’unité politique par l’expression réelle de la souveraineté constituante du peuple.

b) La pratique impunie de la torture et des exécutions extrajudiciaires par le régime de Paul Biya.
Ce facteur constitue à notre sens, avec la responsabilité criminelle indirecte du régime dans les morts par misère, la principale source de mort violente des civils au Cameroun. Les rapports des ONG des Droits de l’Homme (ONDHC, ACAT, LCDH, Amnesty International, Survie, PRODHOP) sont prodiges en informations précises sur les atrocités récurrentes des autorités camerounaises contre les populations civiles. Etudiants, syndicalistes, religieux, intellectuels, opposants politiques, jeunes manifestants, toutes les couches actives de la population camerounaise comptent leur cortège de morts impunément provoquées par les troupes aux ordres de Paul Biya et de ses collaborateurs. De notoriété, le régime du RDPC est un régime de tueurs sans sommation. La mort du journaliste Bibi Ngota le 21 avril 2010 après deux mois de détention avec tortures dans la prison de Kondengui à Yaoundé, vient s’ajouter à une liste de crimes commis sur près de trois décennies par le régime Biya et impunis à ce jour. A ces crimes, si l’on ajoute ceux commis par le prédécesseur de Paul Biya, cet Ahmadou Ahidjo dont certains veulent aujourd’hui blanchir le blason ensanglanté, le coupe de la malemort politique est désespérément pleine au Cameroun.

La prison-mouroir de Kondengui-Cameroun.
Que signifie donc cette facilité des régimes Ahidjo-Biya à administrer le pays par la donation récurrente de la mort violente aux citoyens plus ou moins contestataires ? Je ne vois pas d’autre raison que celle-ci : mater, torturer, intimider et tuer violemment sont les seuls moyens pour un régime politique structurellement illégitime de se maintenir contre vents et marées au pouvoir. De fait, le régime Biya doit rejouer chaque fois que les fronts sociaux, économiques, politiques ou culturels du pays se dressent contre lui, la scène traumatique de sa naissance tragique. Tel un maniaco-dépressif, le régime Biya à un double rythme. Quand il n’a pas d’opposants à broyer, il sombre dans une ennuyeuse et angoissante dépression. Quand il en trouve, il rejoue de façon maniaque la scène de sa violence originelle. Les régimes néocoloniaux ont impunément tué pour s’installer au pouvoir, ils doivent impunément tuer pour s’y maintenir. C’est la loi d’airain en néocolonie. En l’absence de toute légitimité populaire véritable, le régime-Biya vit de sacrifices humains. Ces sacrifices sont d’une double nature : a) D’une part le régime sacrifie bien sûr les citoyens innocents, car c’est contre l’innocence citoyenne même qu’il a été créé ; b) d’autre part, le régime sacrifie davantage sa propre culpabilité, car c’est contre toute idée de culpabilité qu’il a été créé. En réalité, nous nous acheminons chaque jour vers un règne toujours plus aveugle de la violence. Nous nous enfonçons sans fin dans les ténèbres de l’archaïsme pré-politique, monde mythique redoutable où coupables et innocents sont confondus. Ceci est d’autant plus vrai que le pouvoir judiciaire camerounais a été de fait dépossédé de la décision du droit de vie ou de mort sur les citoyens.

c) L’instrumentalisation politique de la peine de mort par le régime Biya.
L’Etat du Cameroun fait partie de la centaine d’Etats du monde qui n’ont pas encore aboli la peine de mort. Certes le débat de civilisation qui doit précéder l’abolition de cette peine au Cameroun n’a pas encore eu lieu. En outre, il n’est pas certain que l’opinion publique camerounaise actuelle soit par principe opposée à cette peine. Mais il n’en demeure pas moins vrai que ce ne sont ni les enjeux moraux, ni les enjeux démocratiques de cette abolition éventuelle qui expliquent le maintien de la peine de mort par le régime Biya. Les vraies raisons du maintien de cette peine sont à chercher dans l’histoire de la caractérisation juridique de l’infraction politique au Cameroun. L’arrière-plan de l’histoire coloniale est encore ici fondamental. La législation d’exception qui donnait le droit au colon d’exécuter le colonisé a été reconduite dès 1961 par le régime Ahidjo et s’est appliquée continûment jusqu’à nos jours. Non seulement on a continué d’exécuter des criminels de droit commun au Cameroun au moins jusqu’au début des années 2000, mais le CODE PENAL CAMEROUNAIS prévoit encore une passibilité de peine de mort pour des raisons politiques. Dans un mémoire récemment publié à l’Université de Douala, Thomas Ojong écrit avec raison : « Le droit positif camerounais s'est fixé sur le caractère politique d'un certain nombre d'infractions, sans que l'on ait à choisir entre le système objectif et le système subjectif. Il s'agit d'infractions qui, par leur nature propre, ont paru politiques à la fois objectivement et subjectivement ; le législateur ayant estimé que ces infracteurs méritaient d'être punis de mort".

Tel est notamment le cas des hostilités contre la patrie prévues et réprimées par l'article 102 c.p.138(*) : « Est coupable de trahison et puni de mort tout citoyen qui : a) Participe à des hostilités contre la République ; b) Favorise ou offre de favoriser lesdites hostilités. »
Cet article est complété par l'article 103 c.p.139(*)réprimant l'espionnage et la trahison, ainsi : « Est coupable de trahison et puni de mort tout citoyen et est coupable d'espionnage et également puni de mort tout étranger qui : a) Incite une puissance étrangère à des hostilités contre la République ; b) Livre ou offre de livrer à une puissance étrangère ou à ses agents des troupes, des territoires, des installations ou du matériel affectés à la défense nationale ou des secrets de la défense ou s'assure par quelque moyen que ce soit la possession d'un secret de la défense nationale en vue de le livrer à une puissance étrangère ; c) En vue de nuire à la défense nationale détériore les constructions, des installations ou matériels ou pratique soit avant, soit après leur achèvement des malfaçons de nature à les empêcher de fonctionner normalement ou à provoquer un accident. » (« L'infraction politique en droit pénal camerounais », Université de Douala-2008, DEA de Droit Privé Fondamental, http://www.memoireonline.com/03/10/3219/m_Linfraction-politique-en-droit-penal-camerounais15.html ).

Thomas Ojong nous révèle l’essentiel entre les lignes, en bon juriste formé à l’art de l’écriture en temps de persécution. En fait, une lecture minimale et logique de la légalité du régime RDPC cristallisée dans cette pénalisation de l’infraction politique indique clairement que le régime somme ses juges accroupis de requérir la peine de mort contre toute personne susceptible de le contester sérieusement sur le terrain politique. Ainsi par exemple, la détérioration de biens matériels (par exemple les routes, sur lesquelles certains manifestants brûlent des pneus ou posent des barrages, au risque que des véhicules militaires qui viendraient à passer imprudemment soient accidentés) est susceptible au regard de la loi camerounaise actuelle d’une condamnation des auteurs à la peine de mort. Ainsi, « participer à des hostilités contre la République » - y compris bien sûr une république illégitime assise sur le sang des innocents, les détournements publics et les élections truquées – vaut peine de mort aux yeux du régime RDPC. L’esprit des lois du RDPC est donc clairement orienté vers la criminalisation outrancière des manifestations de désobéissance civile que génère pourtant l’incurie structurelle du régime. Le régime sait qu’il poussera nécessairement et régulièrement les camerounais à se révolter. Aussi a-t-il prévu de les exécuter légalement si nécessaire en pareil cas. Aux voies de faits caractéristiques que sont les nombreuses exécutions extrajudiciaires perpétrées contre les camerounais, répond donc comme en écho lointain, une légalité de la violence politique normalisée.

On peut du reste comprendre au regard de ces éléments du CODE PENAL DU CAMEROUN, la récente sortie du Ministre des Relations Extérieures du Régime Biya, un certain Henri EYEBE AYISSI, contre le CODE (Collectif des Organisations Patriotiques et Démocratiques de la Diaspora Camerounaise). EYEBE AYISSI ne promet ni plus ni moins que l’application de la peine de mort contre les patriotes et démocrates du CODE, en des termes qui puisent directement dans le lexique du CODE PENAL INIQUE que nous venons de citer. Parce que le CODE – qui n’est pas une organisation armée - dénonce les crimes politiques et économiques du régime, voici ce qu’affirme pourtant le dangereux diplomate accroupi de Paul Biya dans une tribune assassine parue le 17 mars 2010 : « Il convient de mentionner d’autres types d’associations, à l’instar du Collectif des Organisations Démocratiques et Patriotiques des Camerounais de la Diaspora, de son acronyme «C.O.D.E.», dont le fonds de commerce est la désinformation à l’étranger sur leur propre pays, en particulier sur le fonctionnement des institutions de la République. A cette dernière catégorie de regroupements, comme aux citoyens agissant, de façon isolée, en prophètes de malheur contre l’image et les intérêts du pays qu’ils prétendent servir, le Gouvernement ne peut que réserver le traitement qu’ils méritent, en liaison avec les Autorités du pays d’accueil et les Services Etatiques compétents, en vue de la sauvegarde des intérêts supérieurs de la Nation. »
Agir contre les « intérêts supérieurs » de la Nation forgée par l’Etat néocolonial UNC-RDPC, c’est donc mériter de facto la peine de mort. L’avertissement sans frais d’EYEBE AYISSI au CODE indique donc d’où vient la tranquillité avec laquelle le régime que sert ce thuriféraire a donné la mort à notre compatriote Bibi Ngota. On comprend pourquoi rien ne semble presser Biya et ses affidés de faire la lumière sur la mort de Bibi Ngota comme sur celles des milliers d’autres camerounais avant lui. Les autorités occidentales des pays où vivent les leaders du CODE ne prétendront du reste pas que le CODE ne les a pas prévenues de l’intention officiellement affichée par Paul Biya de venir abattre ses opposants politiques sur les sols étrangers. L’enlèvement de notre compatriote LIMAN OUMATE au Nigeria en 2008 prouve à suffisance que Bienvenu OBELABOUT et ses hommes de la Direction des Recherches Extérieures veulent mériter leur salaire, comme autrefois l’espion William Bechtel exécutant notre héros Félix Roland MOUMIE dans un hôtel à Genève, en 1961, de triste mémoire. La mort de Bibi Ngota dit à tous les patriotes et démocrates camerounais qu’ils sont dans l’obligation irréversible de choisir entre résister avec énergie et intelligence au régime de Paul Biya jusqu’à sa chute et le tolérer jusqu’à la leur. Tapis dans l’ombre, essayant de toujours davantage camper leur dispositif autour de nos pas, les hommes …et les belles femmes des Services Secrets du RDPC avancent, patriotes ! Soyons vigilants, une longue nuit s’annonce avant le jour que nous cherchons.

II Les tâches de l’heure, leurs lieux et leurs porteurs : les raisins de la colère.
L’organisation de la résistance patriotique est la seule raison pour laquelle nous pouvons parler et nous taire, voire nous taire en parlant. Que ceux qui connaissent ce dont les lignes qui suivent sont le nombre comprennent. Aux autres, la lumière viendra avec la maturation des choses. Nous disons sur la tombe bientôt fraîche de notre compatriote Bibi Ngota que les camerounais de l’intérieur et de l’extérieur doivent impérativement reconnaître les tâches de l’heure, leurs lieux et leurs porteurs. Qu’on nous autorise ici le style schématique et allusif, réservé à la communication publique sur les enjeux de grand dessein.
Voici ce que nous devons et pouvons faire pour que la liste des sacrifiés comme Bibi Ngota s’écourte et se ferme. Je dessine ici les axes de la plus patiente alchimie dont notre peuple soit capable contre le génie de perversité néocloniale qui le spolie. Je ne dis rien que notre peuple ne sache déjà d’une manière ou d’aune autre, quand il lit ou écoute Ruben Um Nyobé, Félix Moumié, Osendé Afana, Ernest Ouandié, Michel Ndoh, Moukoko Priso, Mongo Beti, Osendé Afana, Eboussi Boulaga, Jean-Marc Ela, Tchundjang Pouémi, Achille Mbémbé, Célestin Bedzigui, Djeukam Tchameni, Abel Eyinga, Kotto Essomè et bien d’autres vigies de notre pays. Cela ressemble à peu près à ceci. Que faire ? Vivre et survivre envers et contre tout est une exigence qui ne se prescrit pas. Je ne vous ferai pas l’affront de m’y risquer.

II. 1 La première de toutes les tâches de l’heure est d’adhérer, camerounaises et camerounais, où que vous soyez, aux Organisations de Défense des Droits Humains et Civiques du Cameroun.
Nous devons y adhérer pour mutualiser nos moyens, nos expériences et nos forces contre le braquage sans fin des populations par le régime de Paul Biya. Ces organisations ne vous feront pas de difficultés en matière d’adhésion, mais insisteront sur votre formation civique et vous apporteront l’art de mettre en commun ce qui est nécessaire à la résistance en temps de domination dictatoriale.

II. 2. La seconde de toutes les tâches est d’adhérer massivement aux Organisations politiques démocratiques, nationalistes et progressistes présentes au Cameroun et à l’étranger afin d’exécuter leurs mots d’ordre convergents. Ainsi, L’Union des Populations du Cameroun (UPC, Voir les sites upc-cameroon.com ou www.upc-kamerun.com ), est disposée à vous accueillir en son sein, pour donner à ses futures mobilisations toute l’ampleur nécessaire à la revendication de la souveraineté constituante du peuple bafouée par le régime RDPC de Paul Biya. Le CODE (Voir le site http://lecodeafrikblog.com) et d’autres Organisations Patriotiques existent dans la Diaspora. Ils ont besoin votre adhésion pour mettre davantage la pression sur les opinions publiques occidentale en particulier et internationale en général, afin que le Régime Biya perde définitivement son cordon sanitaire françafricain. Nous devons le couper de ses bases « célestes » comme il est coupé de ses bases terrestres. Notre compréhension de l’intérêt national du Cameroun va au-delà des mesquines ambitions criminelles de M. Eyebe Ayissi, car ce que nous voulons est moralement et politiquement supérieur à l’œuvre néfaste du RDPC.

II.3 La troisième des tâches de l’heure est de commencer à créer, au moins dans Chaque quartier, des Foyers de résistance civique autonome et transpartisane contre toutes les formes de spoliations de proximité : a) Résistons et manifestons partout où cela est nécessaire, en groupe contre la corruption ostentatoire de certains agents des forces de polices et de sécurité ; b) Résistons en groupe devant voire dans toute administration où nos proches et voisins seront victimes d’injustices ; c) Résistons en groupe dans les Institutions Internationales où le régime Biya court sans cesse se blanchir ; d) Résistons en groupe à la mascarade d’ELECAM, partout où ses bureaux de vote ouvriront ; e) Résistons massivement devant les prisons-mouroirs du Cameroun.

Résistons, Résistons, Résistons et organisons-nous chaque jour davantage pour que vienne ce jour où Bibi Ngota entrera dans la Grande Case des Héros du Cameroun, l’un de ces monuments dont les Architectes de notre Patrie demain bâtie sur sa liberté reconquise, doivent d’ores et déjà avoir les plans sublimes dans leurs tiroirs. Résistons, au nom de la survie de l’espérance qui rédimera les fiers enfants du Mont Fako. En ces temps-là, les noms de Paul Biya, d’Ahmadou Ahidjo, de Kodock Augustin, de Kontchou Kouomegni, d’Issa Tchiroma ou d’Eyebe Ayissi, et bien d’autres criminels de triste mémoire, seront inscrits en lettres inoubliables de sang sur la Pierre à lapider les ennemis de l’humanité Camerounaise. Encore un monument à concevoir, mais dont l’archaïsme n’exigera aucun talent particulier. On pourra toujours l’appeler le Tombeau de la République Bananière du Cameroun ou Place For Badluck na Mboutoukou, « Place de la Malchance et de la Bêtise ». Afin que nul n’oublie. Par la force de l’organisation et de la détermination populaires, la peur changera définitivement de camp. Elle poussera bientôt les ennemis du peuple à de bien plus irréparables fautes. La production délibérée du Mal ne peut que faire boomerang. Ceux qui sèment les raisins de la colère des camerounais devront bientôt les récolter. Par Bibi Ngota et tous les autres héros de la Patrie, nous le jurons !
© Correspondance camer be : Par Franklin Nyamsi, Professeur agrégé de philosophie

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