La liberté, rien que la liberté

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mercredi 11 août 2010

Cameroun : Comment lutter efficacement contre le dictateur Paul BIYA




S’unir ou périr : voilà le défi de l’opposition Camerounaise


Mes chers compatriotes et amis du Cameroun, l’année 2011 qui s’annonce marquera soit le début d’une nouvelle ère démocratique pour notre pays le Cameroun et implicitement la fin du régime corrompu en place depuis 3 décennies, soit la fin de tout espoir de changement avec l’avènement du royaume du dictateur « ad vitam aeternam », Paul Biya. Cependant, l’histoire retiendra que c’est avec la complicité passive du peuple camerounais dans son entier et la polarisation ethnique de son opposition que l’Armageddon démocratique aura frappé cette nation quinquagénaire qui déjà dans les années 70 offrait l’aide alimentaire à la Corée du Sud mais qui aujourd’hui tutoie les nations les plus pauvres du monde et ce malgré ses innombrables richesses naturelles et humaines. Winston Churchill ne prophétisait-il pas déjà il y’a plus d’un demi siècle que : « Un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre ? » Par conséquent, les Camerounais vont-ils commettre les mêmes erreurs qui ont permis au régime du mi-président mi-dictateur Paul Biya, de massivement tricher aux trois dernières élections présidentielles (1992, 1997, 2004) ? L’opposition camerounaise va t-elle oublier son passé en allant en rangs dispersés aux prochaines élections et ainsi condamner le peuple camerounais à revivre la mascarade de la dernière élection présidentielle gabonaise ? L’analyse qui suivra tentera de répondre à ces questions et proposera quelques pistes à suivre pour préparer le futur.

1-Les erreurs du passé.

Un adage populaire affirme que « l’Africain ne connaît pas la notion du temps ». Bien que cela puisse sembler outrageant à notre ego, cette maxime tend à se confirmer chaque fois que nous observons les faits politico-sociaux au Cameroun. Prenons à titre d’illustration notre chère équipe nationale et sa débâcle à la dernière coupe du monde. Une compétition aussi majestueuse se prépare sur quatre ans. Cependant les responsables en charge du sport roi au Cameroun ont eu largement le temps de se doter d’un entraîneur permanent qui suivrait et connaîtrait se joueurs. Mais c’est à quelques mois de la coupe du monde que Paul le Guen est engagé. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, le Cameroun s’est vu éliminé sans même marquer le moindre point au grand étonnement du monde entier. Cette tendance au bricolade de dernière minute fait partie de la vie intime des Camerounais. Allez dans n’importe quel ministère au Cameroun ou encore dans n’importe quel édifice public, on vous répondra que le patron n’est pas encore là et pour cause, être responsable au Cameroun, c’est se faire attendre, c’est arriver en retard. Notre président de la république, qui est justement le patron des patrons passe plus son temps en Suisse qu’au Cameroun. A quand remonte la dernière tournée des régions du Cameroun ? Ne dit-on pas que l’on prêche par l’exemple ? Le Cameroun ressemble à son président c’est-à-dire la paresse, l’absentéisme, les bricolages de dernière minute, bref, le manque de la notion du temps et par conséquent de responsabilité. Les exemples sont légion au Cameroun. Rien n’est fait à la préventive. C’est quand on est sur le point de mourir que l’on va à l’hôpital.

Le gouvernement seul n’est pas coupable. L’opposition camerounaise aussi a péché en ignorant la nation du temps, mais surtout en répétant les mêmes erreurs qui lui ont coûté la victoire depuis l’avènement du multipartisme dans les années 1990. Une élection présidentielle tout comme une coupe du monde ne se prépare pas en trois mois, mais pendant des années. L’opposition camerounaise est championne dans les campagnes électorales de dernière minute d’où leur dissonance avec le peuple. Imaginez que nous soyons à quelques mois des prochaines présidentielles camerounaises, mais aucun parti politique n’a véritablement proposé un programme politique aux citoyens. En plus, les grandes démocraties du monde ont en général deux, voire une dizaine de partis politiques. Les Etat-Unis ont principalement les démocrates et les républicains. Le Cameroun est tellement démocratique qu’il en a des centaines. Première erreur de l’opposition : « Divided We Fail ».

Cette épidémie de partis politiques n’a jamais profité au peuple, mais bel et bien au parti au pouvoir qui peut aisément manipuler un pseudo électorat qui n’existe que sur une liste électorale chirugicalement préétablie par et pour les sbires du Rdpc (Rassemblement démocratique du peuple camerounais).

La deuxième erreur de l’opposition camerounaise réside dans le non renouvellement des responsables dans leur propres structures politiques. Paul Biya est à la tête du RDPC depuis bientôt trente ans. Pareil pour les dirigeants de l’opposition depuis les années de braise. Pourquoi voudrions-nous remplacer un dictateur par un autre ? Bien que le Cameroun ait une population jeune à plus de 70%, la représentativité sociologique des jeunes est quasi néant dans les structures politiques de l’opposition. Comment voulons-nous construire un Cameroun neuf avec du vieux ? Certains de nos leaders de l’opposition ont encore des méthodes de gestion datant de la guerre froide, pourtant nous sommes à l’heure de la cyberculture. En psychologie, il existe le phénomène connu sous le nom du double mécanisme de la « projection et de l’identification ». Cette méthode est utilisée au quotidien dans les films, les spots publicitaires, le sport etc. Pour l’illustrer en des mots simples quand vous achetez un maillot de Samuel Eto’o, c’est parce que vous vous projetez en lui, et vous identifier par son maillot. Les surnoms que l’on se donne résultent de ce mécanisme. Un tel dira qu’il est « l’homme lion », un autre qu’il est « Rambo ». Les Américains eux aiment s’identifier à l’ « aigle » qui est leur mascotte nationale car selon eux l’aigle est le roi du ciel et ils veulent « voler toujours plus haut avec les aigles » d’où leur obsession à être toujours « nomber one ». Cependant quand je regarde notre opposition comment voulez-vous que je m’identifie à leader qui date de Mathusalem ? Si les Américains ont voté Barack Obama, c’est parce qu’il incarnait le neuf, l’avenir. McCain a été rejeté parce qu’il incarnait le vieux, le révolu. L’opposition camerounaise a besoin de se refaire un sang neuf s’il veut raisonner au diapason de la jeunesse camerounaise bien sûr avec l’aide des vieux, mais une aide seulement consultative.

La troisième erreur de notre opposition consiste en la régionalisation, voire la tribalisation de leurs partis politiques. Le gouvernement camerounais a longtemps divisé les camerounais pour mieux les mâter. Il y’a déjà là non moins grande division linguistique entre Francophones et Anglophones mais surtout les divisions intestines entre les régions du cameroun. Si l’obsession du premier président du Cameroun était de bâtir une nation, celle de son successeur a été d’ériger un royaume dont les sujets seraient tant divisés par les conflits ethniques que le prince paraîtrait le seul garant de l’ordre. Le moins que l’on puisse dire est que cette politique fonctionne à merveille. Le Camerounais qui s’en va à l’urne se projette et s’identifie d’abord par rapport au leader qui communique dans sa langue maternelle. Il n’y a presque pas de parti politique à vocation nationale. Il y en eu par le passé. Le Sdf a bel et bien battu le RDPC en 1992 parce que les camerounais voyaient en son leader un rassembleur. Mais les temps on bien changé. Au Cameroun, quand on nomme un ministre, c’est son village et non la nation qui dance. Faut pas se mentir, le Cameroun va mal… Mais la situation n’est pas désespérée…
La suite de cette analyse proposera quelques pistes d’analyse pour s’en sortir

2- La leçon apprise du Gabon.

Quelle leçon l’opposition camerounais a-t-elle apprise de la « succession à la Wabo Deffo » gabonaise qui eut lieu le 30 août 2009 ? Rien. Le Cameroun, tout comme le Gabon, est entrain d’aller tout droit vers le couronnement du roi Paul Biya. L’homme lion a tripatouillé sa constitution en 2008 devant l’amorphisme de l’opposition. Le bas peuple s’est réveillé. Biya en a massacré une centaine. Son gouvernement a accusé les « allogènes » c’est les « étrangers » dans leur propre pays, d’être à l’origine du courroux du bas peuple. S’il y a au moins une chose qui mérite l’adjectif « démocratique » au Cameroun, c’est bel et bien la pauvreté, la misère, la corruption. Le Gabon, après la victoire « suréaliste » d’Ali Bongo, (car est-ce pensable que l’homme le plus impopulaire du Gabon à cette époque (Ali Bongo) fasse 41,73% ? Est-ce possible qu’Ali Bongo batte Pierre Mambondou dans son fief de la Ngounié ? C’est impensable. Est-ce possible d’avoir 51 000 votants dans la province du Haut Ogooué (région d’origine d’Ali Bongo) alors que la province de la capitale économique du Gabon proclame 26 000 votants ? Comme est-il possible qu’au Gabon dont la population globale y compris les étrangers estinférieure à 1. 300. 000 habitants, ait un fichier électoral de plus 800 000 habitants ?), a enfin penser à créer une coalition…Mais il était trop tard. L’égoïsme ayant triomphé de l’interrêt général, la tribu ayant pris le dessus sur la nation, l’opposition gabonaise présenta 17 candidats chacun venant d’une aire tribale bien définie. Même la Russie dont la superficie et la population sont des centaines de fois supérieures au minuscule Gabon n’a jamais eu autant de candidats à une élection. En additionnant les voix obtenues individuellement, un candidat unique aurait battu Ali Bongo quand bien même il eut manipulé les résultats. La question que je me pose est de savoir si l’opposition camerounaise va nous servir le même plat que l’opposition gabonaise avec juste une nuance aromatisée à la camerounaise ? Première leçon : « United we stand, divided we fall ». Cependant pourquoi le sentiment nationaliste manque t-il tant aux Africains ?

3-La nation : Un « construit » et non un « donné »

En Afrique malheureusement, les Etats ont précédé les Nations, tout simplement parce que le morcellement et le partage du continent africain a commencé à la Conférence de Berlin, de novembre 1884 au 26 février 1885 à l’invitation de Bismark, en l’absence de tout représentant africain. Hormis Stanley, membre de la délégation des Etats-Unis, aucun des participants n’était allé en Afrique noire. Contrairement à l’idée reçue, le partage de l’Afrique ne s’est pas fait à Berlin. Il est fait par de pseudo-traités avec des chefs indigènes et des accords bilatéraux entre puissances européennes. Après les deux guerres mondiales (1914-1918, et 1939-1944), le sort des colonies africaines a été une fois de plus décidé par les puissances occidentales avec l’arbitrage de la SDN, puis de l’ONU. Cependant, les leaders africains de l’époque des indépendances ont eu plus de responsabilités dans la construction de leurs Etats que les chefs indigènes de l’ère Birmark. Dans le cas du Cameroun par exemple, les historiens peuvent objecter de tout sauf de l’obsession du feu président Ahidjo de construire une nation camerounaise. Je ne fais surtout pas l’apologie du premier président camerounais, cela relève du domaine de la morale et je ne suis qu’un sociologue qui analyse les faits sans les juger. Tout comme les pères fondateurs de l’Afrique qui venaient de différentes cultures, Ahidjo fit sienne la devise américaine : « E pluribus unum », qui peut se traduire par « Un à partir de plusieurs » ou, dans une traduction plus directe de plusieurs, unifié, a ensuite pris une signification sociocritique supplémentaire, de par la nature pluraliste de la société américaine, issue de l’immigration. La nation américaine par conséquent est une pure construction, ou pour parapher le feu Pr Mfoulou du département de sociologie de l’université de Yaoundé I, un « construit ». Nul ne doute du sang qui a été versé par nos aïeux à l’aube de notre indépendance pour l’avènement d’un Cameroun uni malgré son unique diversité ethnolinguistique. Que se soit Ernest Oaundie de l’Ouest ou encore Um Nyobe du Littoral, en passant par Osende Afana du Grand centre pour ne citer que ceux-là, les exemples de Camerounais amoureux de l’Union est légion. Très tôt ils ont compris que l’avenir du Cameroun était dans l’Union. Malheureusement, l’Afrique semble être le seul continent qui continue à se diviser pendant que les autres continents créés des blocs pour mieux protéger leurs intérêts. On a la peine a croire que la France, et l’Allemagne, pourtant les pires ennemis durant la deuxième guerre mondiale, soient les moteurs de l’Union européenne, alors que seulement dans la zone CEMAC en Afrique, il est plus difficile d’aller du Cameroun au Gabon que d’obtenir un visa pour la France. Parfois pour aller du Cameroun en Afrique du Sud, il faut transiter par l’Europe. Tout cela démontre combien l’Afrique, et par conséquent le Cameroun à une échelle plus petite est divisée.

4- CAMDIAC et le début d’une coalition

L’initiative lancée par la CAMDIAC arrive comme un oasis dans le champ désertique de la politique Camerounaise. Il est en effet choquant de constater qu’à moins d’un an de la prochaine élection présidentielle, aucune action d’envergure, aucune initiative visant à agréger, et j’exhorte tous les acteurs ici présents à ressortir de cette salle avec au minimum un projet de fédération de l’opposition autour d’une coalition pour reprendre notre pays par les urnes des mains du RDPC. Je vous encourage aussi à ne plus commettre les mêmes erreurs du passé. Nous avons non seulement une occasion historique de changer le Cameroun, mais aussi la responsabilité de le faire.

Que Dieu bénisse le Cameroun.
© Eric Roger Tagne, Phd Candidate, conseiller et consultant socio stratégique pour la plate forme de la société civile pour la démocratie au Cameroun.
*Eric Roger Tagne est un jeune sociologue doctorant âgé de 30 ans. Il est plus connu pour ses travaux en sociologie du développement et est l’un des pionniers de la « cyber sociologie » dont la thèse de maîtrise obtenu du jury la plus haute distinction jamais attribuée au département de Sociologie-Anthropologie-Psychologie de l’Université de Yaoundé 1. Tagne est aussi connu pour ses multiples contributions scientifiques à différentes universités et organisations Américaines dans l’élaboration des politiques de paix et de développement, notamment : « American University », « The Woodrow Wilson Center for Scholars » etc. Tagne est aussi un activiste politique et humanitaire. Il est décoré de la médaille d’or du « Duke of Edinburgh International Award Association », et est l’un des responsables de la « Plate-forme de la société civil Camerounaise » et collabore avec de nombreuses organisations des droits de l’homme telles « Human Right First ».

1 commentaire:

  1. C’est bizarre, pendant que Biya réfléchit comment sorti le Cameroun de la crise vous en êtes à cogiter sur comment lutter efficacement contre le même Biya. Votre solution, selon vous, semble se résumer à ce slogan « S’unir ou périr : voilà le défi de l’opposition Camerounaise », et vous dites par ailleurs que, l’année 2011 qui s’annonce marquera soit le début d’une nouvelle ère démocratique pour notre pays le Cameroun et implicitement la fin du régime corrompu en place depuis 3 décennies, soit la fin de tout espoir de changement avec l’avènement du royaume du dictateur « ad vitam aeternam », Paul Biya... Vous êtes seul dans ce combat fictionnel. Le peuple a mieux à faire en ce moment. Lutter contre la pauvreté et les défis économiques du futur. Vos préoccupations en sont à la hantise de faire partir Biya. Cela fait 2 décennies que ça dure…

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