PAUL BIYA COMMET UN "CRIME CONTRE LA JEUNESSE"

Le crime de Paul BIYA contre la jeunesse camerounaise

Les victimes au premier chef des exactions du régime de Paul BIYA sont bien constituées de la jeunesse camerounaise. Il n'est ni prématuré, ni exagéré de le dire, l'avenir de ce « fer de lance de la nation » est compromis avec le régime dictatorial, tribaliste et corrompu que dirige Monsieur BIYA depuis 27 ans. Autant dire que le fer a rouillé avant même d'avoir été incrusté sur la lance de la nation.

La politique irresponsable des autorités camerounaises a fait exprès de les ignorer et de les contenter avec des slogans creux. Or ces jeunes patriotes, naïfs et pétris d'espoir, faisant confiance à ces vautours égoïstes de la cour à Monsieur BIYA, sont loin de se douter du processus de corruption de leur avenir dans lequel ils sont plongés. Ce processus, dont les axes sont la parturition du Cameroun en de petites entités ethniques et lobbyistes, les enrichissements illicites au détriment du peuple, le culte de la médiocrité, la promotion du sexe comme unique critère d'ascension sociale, etc., a bien vocation à trahir à long terme la conscience de cette jeunesse pourtant légitiment « jalouse » de ce beau pays auquel elle fonde chaque jour son espoir. Certains en sont même réduits à en vouloir au Cameroun. Le régime de Monsieur BIYA les contraint à penser qu'ils ne sont pas des camerounais, au point de se mettre en porte-à-faux avec les pays partenaires par rapport à leur loi sur l'immigration.

Le seul héritage que le régime dictatorial, tribaliste et corrompu laisse à long terme aux jeunes camerounais, c'est le dédain d'eux même, le dédain de leur pays, le dédain de leur nationalité. Innocents qu'ils le sont, ils ne perçoivent que trop peu l'ampleur du danger. C'est un « crime contre la jeunesse » que de la priver d'espoir, que de la priver du sentiment national, que de la priver d'avenir. Quiconque y participe de près ou de loin doit être regardé comme « complice » de Monsieur BIYA. Je parle de ses Ministres, de ses frères de clan, de ses camarades politiques ; mais je parle aussi des personnalités étrangères qui, au nom de la diplomatie et de la courtoisie, n'ont jamais eu le courage d'interpeler ces agents du « crime contre la jeunesse » camerounaise par rapport aux faits que je dénonce, notamment les dépenses excessives, les biens mal acquis.

Le maire de la ville dont l'hôtel est devenu aujourd'hui tristement célèbre au Cameroun pourrait être indexé pour « complicité passive de crime contre la jeunesse » camerounaise. Je me fais le devoir de prendre fait et cause de cette jeunesse, dont je peux percevoir le désarroi au quotidien, surtout avec l'expérience acquise au prix de péripéties, afin de leur éviter les sentiers difficultueux que j'ai dû emprunter pour accéder à la liberté.

Innocents qu'ils sont, ils sont loin de se douter du plan machiavélique ourdi contre eux par Monsieur BIYA et ses agents. Mais ils le perçoivent déjà : les évènements de février 2008 sont là pour nous sensibiliser.

Face à une telle réalité, je les invite à refuser eux aussi de se rendre victimes consentantes du crime ourdi contre eux. Il ne s'agit pas de se lancer sur le chemin de la violence ; après tout le Cameroun nous appartient et plutôt que de le détruire, défendons-le contre l'envahisseur interne. La méthode est celle du refus de tout compromis visant à nous faire penser que nous ne sommes pas des camerounais, qu’ils sont plus camerounais que nous, que nous n’avons pas droit à un meilleur vivre, que l’on ne peut envisager aucune alternative face au régime de Monsieur BIYA, que l'on est obligé de reconduire les mêmes qui ont fait leurs désastreuses preuves, que les Camerounais n'ont pas droit de décider du destin de leur pays. Il faut étouffer le « crime contre la jeunesse » dans l'œuf.

© Pr. Jean GATSI, Agrégé des facultés de droit, Université de Douala – Cameroun