L'union africaine face aux constitutions flexibles
L'Union Africaine. Elle n'a d'union que de ses désaccords et le dernier attroupement des chefs d'Etat à Adis Abéba l'a encore démontré à propos des constitutions flexibles, étirables à souhait, malléables à volonté de sorte qu'elles produisent le pouvoir éternel, le trône à vie. Quand l'ostracisme de ceux qui modifient leur constitution a été évoqué, Paul Biya (28 ans de pouvoir), Blaise Campaoré (23 ans de règne sans partage), Idris Itno Deby (20 ans sur le trône du Tchad), quittent l'auguste assemblée avec Kadhafi, Ben Ali, Hosni Moubarak, Omar El-Béchir. Nul ne doit ôter aux dieux noirs le droit d'allonger le temps politique. L'Union Africaine s'entendait si bien sur ses désaccords, voilà qu'elle ajoute de l'audace à se séparer des assoiffés du pouvoir. Le pouvoir est comme une griserie à l'alcool de l'autorité et nul ne veut se dessaouler. Au contraire ! C'est le propre des rois de posséder à jamais la foudre et le pouvoir et les républiques africaines sont toutes nostalgiques de ce mode de gouvernance si bien qu'elles jouent à la royauté.
L'Union Africaine a-t-elle un iota de pouvoir sur les nations africaines ? Peut-elle apprivoiser le Soudan, dresser le Rwanda, calmer la RDC, démocratiser la Somalie, arroser le Tchad de paix, injecter de la sagesse là où il le faut ? A savoir qu'un rassemblement composite ne fait pas un corps car il faut du ciment et l'UA n'a aucune adhérence à vendre aux pays africains afin qu'ils deviennent une véritable Union. Au milieu, il y a Ping. Mi-noir, mi-chinois, un peu rond sur les bords, court sur pattes, entièrement invisible et inutile au milieu de la marmaille des chefferies africaines. Un Gabonais, quoi car il lui manque du pong pour être un vrai Chinois. Comment faire coller ensemble des dictatures ?
La dictature est la négation de tout principe sensé et une union d'egos démesurés n'est pas possible. Chacun règne sur le bout de glaise gracieusement hérité du découpage de l'Afrique par l'Europe et tous veulent y rester au sommet quand on parle de chefs d'Etats. Aux uns, leur poisson chat avec du manioc, aux autres un peu de sauce graine à l'atiéké, là du tchébou -machin au riz, bref, à chacun sa cuisine politique. Les retrouvailles "uaesques", c'est du simple divertissement. Cependant, l'idée sacrilège a été pondue. Quelqu'un a osé ! Que ceux qui sont las du pouvoir se désistent mais au diable la contagion !
L'Europe n'inspire l'Afrique que dans le sentiment d'infériorité qu'elle lui oblige à assumer parce qu'elle n'est pas prête pour la démocratie. Et elle ne peut le devenir que lorsque l'Europe l'aura décidé, c'est-à-dire quand il n'y aura plus une petite richesse à glaner sur le continent de la démesure. La démocratie est le luxe des vrais hommes et l'Afrique, c'est l'enfance de l'humanité : on doit lui donner son indépendance, son biberon, lui indiquer sa place et un jour, peut-être quand les Africains seront "un continent en voie de disparition", ils pourront être conduits vers la voie royale de la démocratie. Vers l'humanité, quoi.
Vous prendrez un peu de démocratie, chères dictatures ? Non, merci ! C'est naturel. Les constitutions rigides ne sont bonnes à digérer que lorsqu'elles totalement flexibles jusqu'à la royauté déguisée en res publica.
Nous sommes Noirs. Ce n'est pas une marque déposée de peau mais un déficit de principes car sur le plan pigmentaire, nous sommes complets. Il ne nous reste qu'à nous greffer de nouveaux cerveaux dans lesquels le principe de liberté occupera les trois quarts du cortex. Nous ne faisons que survivre au milieu de l'humanité ; il va falloir apprendre à vivre et vivre, c'est être libre ; être libre, c'est manifester sa volonté et la volonté c'est comme bander par l'esprit. Or, quand on débande par l'esprit, on bande fort au niveau de... C'est peut-être la faute à la testostérone !
© Le Lion de Makanda (LDM) http://www.demainlecongobrazzaville.over-blog.com
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