La liberté, rien que la liberté

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mercredi 10 février 2010

Cameroun : Le pays du mauvais exemple



Fête de la jeunesse : des générations sacrifiées


Quand le président Paul Biya posait la question de savoir « quel Cameroun voulons-nous pour nos enfants ? », il mettait le doigt dans la plaie qu’il n’a pas pu soigner en presque un demi-siècle dont trois décennies passées à la tête de l’Etat.
Le thème de la 44e édition de la fête nationale de la jeunesse qui se célèbrera le 11 février prochain rentre dans l’air du temps : « Jeunesse et consolidation des cinquante ans d’indépendance du Cameroun ». De l’indépendance du Cameroun le 1er janvier 1960 à ce jour, il y a trois générations de jeunes camerounais qui ont vécu et vivent encore à des degrés divers les conséquences du néocolonialisme. Ainsi que les désastres provenant du manque de vision et de l’incompétence des dirigeants successifs de ce pays qui se délite. Un pays riche de ressources naturelles et de ses ressources humaines, mais plongé dans la corruption, la pauvreté, la mauvaise gouvernance, le tribalisme, l’inertie et un système gérontocratique « juvénocide ».

Le sens des émeutes de février 2008
La première génération est celle des années 1960. La génération des années de l’indépendance, de l’unification des partis politiques et de la célébration de la première édition de la fête nationale de la jeunesse en 1966. Cette génération évolue dans un contexte sociopolitique marqué par la disparition tragique de figures emblématiques de la lutte de libération nationale telles que Ruben Um Nyobe, Félix-Roland Moumié, Osendé Afana et Ernest Ouandié. Dans un régime de répression qui a éloigné du pays des intellectuels et militants de l’Union des populations du Cameroun.
La deuxième génération est celle des années 1980 marquées par l’accession de Paul Biya à la magistrature suprême en 1982, la transformation de l’Union nationale camerounaise (Unc) en Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) en 1985 et par la visite la même année du pape Jean-Paul II au Cameroun. La deuxième génération comprend les jeunes qui ont vécu les moments intenses des années de contestation politique liées à la chute du mur de Berlin et qui ont connu les villes mortes de 1991.
La troisième génération est celle actuelle des années 2000, celle qui a rapidement pris conscience de son rôle historique et a manifesté son ras-le-bol lors des émeutes de février 2008. Cette jeunesse qui veut redonner du sens au fer de lance de la nation, qui ne veut plus être un mouton de campagne. Elle a pu tirer les leçons et veut vivre autrement.

Aveu d’incapacité
Interpeller la jeunesse actuelle pour la consolidation des 50 ans de l’indépendance, c’est reconnaître à la jeunesse un rôle dans la sauvegarde de l’événement qui fut célébré le 1er janvier 1960. La proclamation de l’indépendance par le premier président de la République du Cameroun. Ahmadou Ahidjo était membre d’un groupe d’hommes politiques qui n’étaient ni pour l’indépendance ni préparés à assumer les responsabilités que l’indépendance exigeait.
Cette indépendance revendiquée de haute lutte par des nationalistes massacrés, assassinés et contraints à l’exil par le gouvernement de la France, qui assurait la tutelle de l’ex-Cameroun oriental, fut refusée à ceux-là même qui ont lutté et tout sacrifié, y compris leur vie. Demander aux jeunes de consolider les cinquante ans d’indépendance formelle est à la fois une interpellation et un aveu d’incapacité de ceux qui auraient du montrer le chemin à suivre. Il n’est pas facile de défendre l’indépendance pour laquelle on ne s’est pas battu…

Désespoir et désillusions
Si la première génération n’a pas beaucoup connu les affres du chômage grâce aux opérations des jeunes pionniers de développement qui permettaient aux jeunes désœuvrés de se lancer dans les activités agricoles pour gagner honnêtement leur vie, la deuxième et la troisième génération constituent de vraies générations sacrifiées.
Sans emploi, sans aucune perspective d’avenir sinon la farouche détermination de partir, de quitter le pays pour l’étranger. Partir par tous les moyens, au péril de leur vie, les jeunes ont perdu l’espoir d’un avenir radieux sous le ciel camerounais et l’informel ne suffit plus pour combler les lacunes du gouvernement dans sa politique de formation et d’insertion professionnelle des jeunes diplômés ou non diplômés.

Si proche de Sodome…
Paul Biya posait la question de savoir quel Cameroun nous voulons pour nos enfants….Voici le moment de faire le bilan, son bilan. A partir de ce constat qui nous interpelle. Un Cameroun de fraude électorale, de fraude aux examens, de détournements permanents de deniers publics par de hauts commis de l’Etat, d’infantilisation permanente de la jeunesse, d’instrumentalisation politique de la jeunesse, de Feymania, de tribalisme comme mode de gestion du pouvoir, de népotisme, d’affairisme, de favoritisme, d’injustice sociale, de corruption des mœurs et de la jeunesse, de corruption dans les tous les secteurs d’activités, de chômage, de délinquance, d’insécurité, de piraterie, de banalisation de l’avortement et de l’homosexualité, des adeptes de Bacchus et des sectes, etc. Si proche de Sodome et de Gomorrhe.
Edmond Kamguia K., La Nouvelle Expression

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