Pouvoir-Opposition : le déséquilibre infernal
Jours d’allégresse au Cameroun, où l’on a commémoré, tout au long de la semaine qui s’achève, les 25 ans de la Télévision nationale, la CRTV, puis les 25 ans du RDPC, le parti unique… pardon, le parti présidentiel. Des cérémonies grandioses, comme on les aime dans ce pays.
Au Cameroun, la télévision est née plus tard que dans la plupart des autres pays du continent. Non pas que l’État n’en avait pas les moyens. Mais, pour Ahmadou Ahidjo, le premier président, une télévision n’avait d’intérêt que si elle couvrait, d’emblée, l’ensemble du territoire national. Il y avait tant de susceptibilités à ménager dans ce grand pays.
Les téléspectateurs camerounais ont même eu droit, ces derniers jours, à un JT présenté par ceux qui le faisaient, il y a un quart de siècle. Eric Chinje et Denise Epoté sur le même plateau, célébrant en direct la grand’messe du soir, en français et en anglais. C’est là une des originalités de la télévision, dans ce pays bilingue.
Encore plus éclatante a été la commémoration des 25 ans du RDPC. Les dirigeants camerounais auraient annoncé qu’ils célébraient les 50 ans de leur parti, cela n’aurait pas choqué outre mesure. Car c’est la même famille politique qui dirige le Cameroun depuis un demi-siècle. Le RDPC découle de l’UNC (Union nationale camerounaise), dont il a hérité militants et biens. Le président actuel était le Premier ministre de son prédécesseur, qui lui a passé librement le témoin, en 1982.
Le Cameroun est donc un des rares pays du continent sous la coupe de la même formation politique depuis cinquante ans. Les discours que l’on a pu entendre durant ces commémorations présentent un pays heureux, qui demande à Paul Biya, 77 ans, de se présenter à la présidentielle de 2011.
Devant tant d’effusions et de bonheur affiché, que peut donc être le sort d’un opposant dans un tel pays, quand on sait que dans notre Afrique, il vaut mieux être du parti au pouvoir pour espérer s’en sortir, que l’on soit fonctionnaire ou dans les affaires ?Le destin de l’opposant est d’être privé de toutes les facilités que l’on n’est pas obligé de lui concéder. Et ceux qui n’ont pas beaucoup de personnalité finissent par retourner leur veste, comme certains de ceux que l’on a pu apercevoir, célébrant gaiement les 25 ans du RDPC.
Il paraît que l’on prend des risques à glorifier des opposants vivants. Alors, hommage à ceux qui ne sont plus. A Mongo Béti, et à tous les opposants qui sont restés fidèles, jusqu’au bout, à leurs convictions, on a envie de dire : respect éternel !
© Par Jean-Baptiste Placca
Vous avez tout à fait raison. il nous faut un vrai opposant face à Paul Biya, celui qui va l'affronter à armes égales et avec des arguments solides. Que le seigneur pense à nous car paul boya est vraiment seul face à nous. C'est pour cela qu'il fait tant de bêtises.
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