Où est passée l’infirmerie du marché central ?
Lorsque Paul Biya, alors Premier ministre et chef de gouvernement, inaugurait le marché central de Douala le 28 novembre 1981, il était question de faire de ce joyau architectural qui aura coûté plus de 3 milliards de Fcfa non dévalués, une référence en Afrique centrale. L’une des particularités de ce marché était la construction d’une infirmerie en son sein. Question de disposer, à défaut d’un centre commercial digne de ce nom, au moins d’un marché qui se veut être un véritable complexe. Mais aujourd’hui, très peu nombreux sont ceux qui savent qu’une infirmerie était construite dans ce marché. Les délégués du gouvernement qui se sont succédés à la tête de la Commune urbaine de Douala, devenue aujourd’hui Communauté urbaine, ont transformé ce chef-d’œuvre en un véritable dépotoir. Ils n’ont pas su créer d’autres infrastructures comme le fit André-Michel Epée, le porteur de la construction du marché central de Douala.
Pendant son allocution de circonstance, Paul Biya disait que « Ma présence à cette cérémonie d’inauguration du marché central de Douala reflète l’intérêt constant que le gouvernement attache à la modernisation de nos cités. Evaluée à près de 32% de la population totale il y a quelques années, la population de nos villes est passée à 40% en 1980. Ces données traduisent la nécessité pour l’Etat et les municipalités d’aménager dans nos cités les structures d’accueil et un cadre de vie toujours plus attrayants, répondant ainsi aux besoins en logement, infrastructures de communication, eau, santé, éducation, éclairage, loisirs, etc. ».
La structure du marché telle que prévue par les initiateurs du projet a totalement été dénaturée. La volonté des responsables municipaux de l’époque et des administrations de créer une saine émulation dans le secteur de la distribution, qui permet de mettre effectivement à la disposition du consommateur final les produits créés par l’activité des divers agents économiques, se trouve aujourd’hui travestie. Le marché central de Douala est devenu un haut lieu de mafia envahi par des personnes avides de gain qui ont même « acheté jusqu’aux toilettes » pour en faire des boutiques. Les bars restaurants, les bureaux du receveur, les sanitaires publics, et même les cellules du poste de police, ont été transformés en boutiques. Même les parkings aménagés le long du marché sont désormais occupés par les commerçants. Un véritable capharnaum !
Contenir la pression sociale
Les différentes informations font état de ce que cette situation se serait enracinée après les villes mortes des années 90. « Il fallait caser le maximum de personnes pour les contenir. Les responsables ont trouvé mieux de les installer au marché central de Douala dans des espaces libres ou inoccupés. Mais aussi, certains commerçants véreux ont profité de cette situation pour créer tout le désordre que l’on connaît aujourd’hui », souligne un commerçant de ce marché désormais contraint à « l’exil » au marché de la gare II. Et pour ce qui est des commerçants véreux, les noms de certains dits « dignitaires » reviennent constamment, aussi bien des commerçants que d’autres acteurs impliqués dans la gestion dudit marché. Ils seraient parmi ceux qui « ont favorisé » la multiplication des comptoirs dans ce marché central de Douala.
Certains commerçants estiment que ce sont ces dignitaires qui sont à l’origine de la majorité des problèmes rencontrés sur le terrain. Joint au téléphone, l’un de ces dignitaires, Daniel Noubissi, ancien président de l’association des commerçants du marché central de Douala, a refusé tout entretien avec le reporter de Le Messager. « Le traitement du dossier du dit marché, par le journal Le Messager ne m’a pas plu. J’ai décidé de ne pas vous recevoir », a-t-il déclaré. Avant cette déclaration, il a tourné en bourrique le reporter pendant presque deux semaines, lui donnant une série de rendez-vous jamais honorés. Une attitude qui ne surprend presque pas, lorsqu’on sait que le reporter a été agressé verbalement par certains acteurs de la gestion du dit marché, estimant que le traitement du dossier a été fait « en leur défaveur sans retourner la question sous toutes les facettes » et se demander si ce dernier n’avait des intérêts pour que le marché reste fermé. « Si on vous a payé pour déstabiliser les gens, ne recommencez plus jamais », lance l’un d’eux.
© Le Messager, Robert Ngono Ebode
Les camerounais sont habitués aux promesses non tenues. C'est donc normal ce qui se passe. On ne vous comprend pas finalement, ces camerounais, vous voulez le beurre et l'argent du beurre. On peut construire l'infirmerie partout à douala, pas nécessairement au marché central.
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