La liberté, rien que la liberté

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mardi 23 février 2010

Cameroun : Pourquoi Paul BIYA bloque-t-il les routes lorsqu'il se déplace ?

Que pensez-vous du fait que les routes sont barrées lorsque le président de la République se déplace ?



Athanase Ateba, comptable à Douala : « C’est aberrant de barrer les routes »
Je pense que c’est aberrant et amusant de savoir que les routes sont barrées quand le président de la république se déplace. Je ne sais pas ce que notre président se reproche. En principe, pour un président qui est aimé et respecté dans son pays,
il n’a pas besoin d’une aussi grande escorte lorsqu’il se déplace. Le président c’est un citoyen camerounais comme tous les autres et il doit circuler sans trop de cérémonie. Tout ce que la garde rapprochée du président peut faire c’est de le contrôler sur son trajet.

Ebel Olinga, journaliste à Ngaoundéré : « Il serait mieux pour le président de se déplacer en hélicoptère ».
Nous savons tous que c’est l’un de ses pouvoirs les plus absolus. Mais, compte tenu du fait que la ville de Yaoundé n’a pas encore assez de voies de contournement et manque même de voies secondaires dignes de ce nom. Compte tenu du fait que l’espace aérien est presque inexploité, il serait mieux pour le président de se déplacer en hélicoptère pour éviter de suspendre l’activité dans la ville rien qu’à son passage. Que la route soit barrée lorsqu’il souhaite communier avec son peuple ou vivre les réalités de ce peuple en faisant des tours dans la ville de Yaoundé.
Pascal Souloukna, travailleur social à Ngaoundéré : « Nous ne sommes pas en situation de guerre »
Le Chef de l'Etat a droit à une sécurité rapprochée certes, mais pas à un déploiement exagéré de forces de maintien de l'ordre et de sécurité tel que ce qu'on observe à chaque sortie du président ou à son retour lors d'un séjour dans son village ou à l'étranger. Nous ne sommes pas en situation de guerre et la paranoïa entretenue autour de la sécurité du président de la République est sans objet.

Guy Zogo, journaliste à Yaoundé : « On est exaspéré »
En tant qu’utilisateur des infrastructures routières de Yaoundé, on est exaspéré. On souhaiterait par exemple que le dispositif de sécurité soit allégé comme cela se passe un peu partout dans le monde. Avant le passage du cortège présidentiel, on peut bloquer la route pendant dix minutes et la rouvrir dix minutes après. Il faut pouvoir concilier les impératifs de sécurité du Chef de l’Etat avec les attentes des populations. Car, sur le plan économique, on ne mesure pas assez souvent le coût des pertes qu’entrainent ces arrêts de la circulation pendant des heures. Or, en même temps, le pays souhaite qu’il y ait croissance et que les choses aillent pour le mieux. Il faut tenir compte de tout cela avant de barre les routes pendant des heures.
Fepoghouo Djibrilla, Sg de la commune de Nyambaka : «Je suis pour cette option prise par la sécurité présidentielle»
Cela résulte, selon moi, d’une mauvaise culture des Camerounais après les années de braise. La sécurité du chef de l’Etat à été à maintes reprises menacée. Je trouve que c’est normal de barrer les routes au passage du président de la République. Tout cela tend à ce que des disjonctés ne puissent pas lui jeter des pots de bananes. Cette situation n’est pas seulement le propre du président Biya. C’est une situation mondiale. Je suis pour cette option prise par la sécurité présidentielle.

Georgette Wassa, commerçante à Douala : «Ce n’est pas bien organisé »
Barrer les routes lorsque le président de la République se déplace c’est tout à fait normal. Le problème que nous avons dans ce Cameroun, c’est que ce n’est pas bien organisé. Les responsables du protocole de Paul Biya devraient un peu réfléchir à cette stratégie. Si vous faites un tour à Yaoundé quand le président passe, les activités sont presque aux arrêts. Ce n’est pas parce qu’un président passe que l’économie du pays va s’arrêter. La garde rapprochée de Paul Biya doit comprendre qu’après et avant le président, la population a des bouches à nourrir.
Alhadji Ousmanou Abdoulaye alias Manou, opérateur économique à Ngaoundéré : « Pour éviter des attentats contre le chef de l’Etat »
Le président de la République n’est pas n’importe qui . Je crois que pour sa sécurité, lorsqu’il se déplace, les routes devraient être barrées et une sécurité absolue instaurée sur son itinéraire pour éviter des désagréments. Regardez un peu dans les pays développés ou encore en Europe et aux Etats-Unis, les émirs et sultans dans les pays arabes. Je crois que tout cela est fait à dessein pour éviter des attentats contre le chef de l’Etat.

Madeleine Tsamo, agent commercial à Douala : « Trop de protection tue la protection »
On ne refuse pas qu’un président soit escorté quand il se déplace. Cependant, il ne faudrait pas quand même exagérer. Il arrive souvent que les routes soient barrées pendant plus de cinq heures. Juste parce qu’un président doit passer ? Il faut que les gens d’Etoudi respectent les pauvres Camerounais comme nous. Nous avons d’autres chats à fouetter dans la journée. Vous avez déjà fait un tour à Yaoundé quand on annonce que Paul Biya rentre d’un voyage ? C’est la catastrophe. S’il est prévu qu’il arrive à 17 heures, c’est très tôt le matin que les routes seront barrées. Quand même, il ne faut pas exagérer. Trop de protection tue la protection.

Victor Wanguia, enseignant à Douala : « C’est un phénomène normal »
C’est tout à fait normal de barrer les routes quand le président de la république passe. C’est pour des besoins de sécurité. Dans tous les pays, le président se déplace sous forte escorte. Même Nelson Mandela qui est aimé par les Sud-africains est protégé par la garde rapprochée quand il se déplace. Pareil pour Barack Obama, le président des Etats-Unis. La population doit se conformer à ce qui établi depuis des lustres. Il faut arrêter de chercher les poux là où il n’en faut pas. Notre président a le droit d’être protégé quand il se déplace.

Larissa Eyene, agent commercial à Douala : « Le président veut se faire voir »
Le passage de Paul Biya s’exécute en grande pompe parce qu’il veut qu’on sache qu’il est au Cameroun, c’est tout. Il passe tout son temps à l’étranger. Donc, quand il est au pays, il faut que les Camerounais soient au courant. Voilà donc les routes barrées, les motards. On dirait un carnaval. Tout cela ne sert à rien. Kennedy était super gardé, on n’a réussi à en découdre avec lui. Il faut que le président sache que les Camerounais n’ont rien à cirer avec sa vie. Tous ce que les Camerounais veulent c’est gagner leur pain quotidien. Il ne faut donc pas le leur en empêcher en barrant les routes en désordre.

Francis Eboa, journaliste à Ngaoundéré : « On en fait un peu trop »
Je pense qu’on en fait un peu trop. On n’a pas besoin de barrer les rues pendant toute une journée pour le passage du chef de l’Etat. Je pense que 10 à 20 minutes suffissent pour ces choses-là , car c’est une paralysie des activités accompagnée d’embouteillages dans la ville de Yaoundé. Mais comme le Cameroun c’est le Cameroun, on fait avec, je crois. Et je crois que cela plaît au président de la République.

Jacques Assala, débrouillard à Douala : « C’est aussi une forme de dictature »
Nous sommes habitués à la dictature. Si Paul Biya décide que les routes soient barrées pendant son passage, c’est encore une autre forme de dictature. Pour un président qui sait comment son peuple souffre, il ne devrait pas ordonner que les routes soient barrées quand il se déplace. Il peut juste utiliser une escorte de la garde rapprochée de la présidence. En plus, il a peur de quoi ? Il n’a aucun ennemi au Cameroun. Tous les opposants sont des peureux et acquis à sa cause. Qui peut bien vouloir sa tête actuellement ? Les Camerounais n’ont pas le courage d’en finir avec leur président. Donc, cela ne sert à rien de barrer les routes lors de son passage.
Placide Adegobo, élève à Yaoundé : « Ce n’est pas du tout normal »
Ce n’est pas du tout normal que l’on bloque pendant longtemps la circulation lors du passage du président de la République. Le président est lui-même citoyen. Je ne vois pas pourquoi il devrait empêcher les autres citoyens de vaquer normalement à leurs occupations. On peut bloquer la route juste le temps de son passage. Le faire durant des heures nuit aux autres Camerounais.

Emmanuel Messina, informaticien à Yaoundé : « C’est un peu exagéré »
La fermeture prolongée de la circulation lors du passage du président de la République telle qu’on l’observe actuellement est un peu exagérée. Je pense qu’en dix minutes on peut régler le passage du cortège présidentiel. La route n’est pas seulement bloquée lors du passage de Paul Biya. Même quand son épouse, Chantal Biya passe, la circulation est bloquée. Vous imaginez les pertes qu’on peut avoir quand la route est bloquée le 24 décembre, parce que la première dame est allée rendre visite dans un orphelinat ou dans une école ! Je pense que le président de la République est le premier citoyen du pays et c’est lui qui doit nous montrer le bon exemple.
El Hassan, gérant d’un « call box » à Yaoundé : “C’est normal”
C’est normal que l’on bloque la circulation quand le président de la République passe. Il a certainement un timing urgent. La sécurité du président peut être en péril. Par exemple, lors de la panne de la voiture du président la semaine dernière à Mvan, il pouvait être victime d’une attaque quelconque par certaines personnes. Donc, c’’est normal que l’on arrête la circulation à son passage. Pour moi, on peut bloquer pendant six heures. Je pense que ce n’est pas tuant pour une journée.

Oumarou Bokala, vétérinaire à Ngaoundéré : «C’est un désordre que le président et son entourage créent»
C’est un désordre que le président et son entourage créent. Nous sommes dans un pays de paix dont le président ne devrait pas avoir peur de circuler. Barrer les routes crée des embouteillage dans toute la ville de Yaoundé, ce qui est un manque à gagner pour les débrouillards. Je crois que son équipe de sécurité devrait revoir cette façon de faire.

Soulemana Harouna, directeur de l’école islamique Nafissa de Ngaoundéré : « C’est ridicule »
Je trouve cela ridicule. A la limite, c’est une bassesse de l’autorité ou encore un complexe d’autorité mélangé à la peur de l’homme, permettez moi le terme. Un président devrait être libre de circuler sans avoir peur de qui que ce soit, parce qu’il doit se sentir aimer par son peuple. Ici au Cameroun, c’est le contraire. Le président suspend les activités des uns et des autres pour un simple déplacement.

Serges Mpouoh, fonctionnaire à Yaoundé : « Il faut annoncer l’heure de la fermeture des routes »
Je trouve que c’est normal que l’on arrête la circulation quand le président de la République est en déplacement. C’est le père du pays. Quand il se déplace, c’est pour aller résoudre les problèmes du pays. On doit le laisser passer sans problème, car on ne connaît pas l’objet de son déplacement. On peut donc bloquer la route pendant deux ou trois heures. Mais seulement, il faut que l’on avise les Camerounais de l’heure de la fermeture des routes. Ce qui n’est pas le cas actuellement. Ceci afin que chacun sache dans quel espace horaire la route sera bloquée et programme ses activités en fonction de cela.

Gabriel Noah, élève à Yaoundé : « Il est hors de question que les routes soient bloquées quand il est déjà chez lui »
C’est normal que la circulation soit bloquée lorsque le président passe. Par prudence, il faut préserver la sécurité du président. Dans certains pays, les chefs d’Etat sont en danger quand ils sont en contact avec les populations. Ils peuvent même être victimes d’assassinat. On peut donc bloquer la circulation jusqu’à ce qu’il arrive à son palais. Dès qu’il y est, il est hors de question que l’on maintienne les routes bloquées.

Janvier Mvondo, infographe à Ebolowa : « On n’y peut rien »
On n’y peut rien, le chef c’est le chef, surtout chez nous en Afrique. Je souhaite néanmoins que la garde présidentielle face des efforts pour permettre à ce que les populations camerounaises qui vivent déjà dans une pauvreté criarde puissent retrouver facilement leurs lieux de travail pendant les déplacements du président. Dans l’avenir, je souhaite que le prochain président soit un peu plus regardant sur la question.
Samuel Kawuldim, vendeur à la sauvette à Ebolowa : « Créer une voie spéciale pour le président »
Je pense que ce n’est pas toujours facile pour nous autres lorsque les routes sont bloquées à cause des déplacements du président. Quand les routes sont bloquées, les activités des localités desservies par ces routes tournent au ralenti. J’ai été bloqué à Nsimalen l’autre jour alors que j’accompagnais un malade à l’hôpital. Il est décédé pendant que nous attendions que le cortège du chef de l’état puisse passer. Ce que je propose, c’est qu’une voie spéciale soit créée pour les déplacements du président de la République, afin de nous épargner ce genre de désagréments. Nous sommes tous citoyens de ce pays et nous sommes tous libres de nos mouvements dans cette nation.

Jean Maurice Noah, enseignant à Ebolowa : « La sécurité du pays en dépend »
C’est pénible, mais il faut comprendre. Les Etats africains sont des états mous, tout pouvant arriver, surtout en mal. La sécurité du président n’a donc pas de prix, parce que la sécurité du pays en dépend. Un attentat contre le président pourrait embraser tout le pays. L’attentat de Sarajevo a entraîné la première guerre mondiale, l’attentat contre les présidents Rwandais et Burundais en avril 1994 à Kigali a provoqué le fameux génocide. Les attentats successifs contre les Gandhi, Indira, Rajiv ont détérioré les rapports entre Indous et Sikh. En matière de sécurité, on ne prend pas de risques, surtout dans les états villageois, précaires et incertains d’Afrique.
Jacques Pierre Seh, journaliste à Ebolowa : « Manque de coordination des services de sécurité »
Ailleurs, on a vu les cortèges présidentiels s’immobiliser à un feu de signalisation. Chez nous, les routes se retrouvent totalement barrées, paralysant le reste des activités économiques dans les parties de la ville où doit circuler le président, juste parce qu’il y’a comme une sorte d’incoordination des services de sécurité du chef de l’Etat. Vous savez que les sorties du président sont d’une précision extrême. Je pense juste qu’il faut faciliter la circulation au président et non barrer totalement les routes. Mais avec le degré d’incivisme constaté sur nos routes, il paraît difficile d’atteindre cet idéal.
© Le jour, Propos recueillis par B-O.D., Christelle Kouétcha, Adolarc Lamissia, Jérôme Essian

1 commentaire:

  1. ce qui me tu cest que ce president tout le temps a lexterieur et je ne comprend pas pourquoi il ne peut pas copier le bon exemple
    regarder la maison blanche cest ouvert a tout le monde , on saccroche a la barrire de la maison blanche , parceque la democratie , la vrai democratie existe dans ces pays les champs elysee, le president francais physiquement proche de son peuple , nous avons grandi et nous sommes partis du cameroonsans savoir a quoi ressemble notre presidence ,mon dieu aide l'Afrique ,aide nous a jouir de la transparence un jour , on est fatigue

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