Les promesses non tenues du Président
L’exécution concrète de plusieurs chantiers que le président de la République a annoncés dans son discours aux jeunes, en février 2009, est restée un serpent de mer sur le terrain.
Paul Biya avait annoncé dans son adresse à ses « jeunes compatriotes » le 10 février de l’an passé, « le Plan d’action National pour l’Emploi des jeunes qui récence les actions à entreprendre pour promouvoir l’emploi spécifique des jeunes ». Un plan qui devrait nécessiter « un financement de 165 milliards ». Avec début de mise en œuvre en 2009. « Dans le même ordre d’idées, le projet d’insertion socio économique des jeunes par la fabrication de matériel sportif est à l’origine de la création de 16 coopératives de production de ce genre de matériel». Il a cru devoir concrétiser ce projet par l’annonce de la création d’une école de football qui fit déjà couler encre et salive sur la primauté d’un tel projet sur les autres initiatives à prendre pour l’emploi des jeunes désespérés par le désœuvrement.
Sur le terrain, entre temps, tout observateur de la scène socio économique camerounaise peut se rendre compte de ce que ces réalisations sont introuvables. L’année dernière, par exemple, Paul Biya avait donné, en termes chiffrés, le nombre d’enseignants qui ont été recrutés pour renforcer la formation des jeunes. Des données qui, tout au long de l’année, ont d’ailleurs fait l’objet d’une large publicité dans les médias. Convaincant.
Dans son discours de cette année, le président de la République aurait été plus concret, en indiquant palpable ce qui a été fait et où ces réalisations ont été effectuées. Le « Plan d’action pour l’Emploi des jeunes » ne concerne-t-il pas tous les jeunes du Cameroun qui vivent avec nous dans nos maisons ? Comment un tel plan pouvait-il être exécuté en leur faveur sans que nous qui leur cherchons fébrilement du travail avec la torche ne soyons au courant?
Un projet mort-né
L’an dernier toujours, Paul Biya, paraphrasant un célèbre homme d’Etat américain, lançait à ses « jeunes compatriotes » : « Vous devez vous demander ce que vous pouvez faire pour votre pays ». Et non ce que votre pays peut faire pour vous. Pour conclure. Le président de la République sait pertinemment ici que ces jeunes sont pourtant prêts à travailler pour le développement de leur pays. Dans n’importe quelles conditions. C’est pourquoi il avait opportunément signalé que les textes portant création et organisation du Service civique national de participation au développement (Scnpd) sont déjà mis au point. Cette année, il a superbement ignoré cette opération qui, dans le contexte actuel, est la seule à pouvoir mobiliser, en un tour de main, des centaines de milliers de jeunes Camerounais qui n’ont pas toujours besoin de recevoir une formation particulière pour un rendement immédiat dans la production agricole camerounaise.
Déjàn à la suite de cette annonce, Paul Biya avait plutôt laissé entrevoir qu’il n’était pas très sûr de son exécution, comme si sa mise en œuvre dépendait de quelqu’un d’autre que lui : «Je veux espérer qu’elle (SCNPD, ndlr) verra le jour dans les meilleurs délais».
Son illustre prédécesseur avait lancé ce service civique dans les années 1970, à travers l’opération Bafang-Nkondjock, avec la Société de développement du Nkam. Des milliers de robustes adolescents avaient été recrutés dans des villages à l’époque pour créer de vastes plantations dans la région de Nkondjock, sous l’encadrement des personnels du ministère de l’Agriculture. La ville de Nkondjock, dans le département du Nkam, qui est un véritable don de la Sodenkam, serait l’un des plus grands greniers de l’Ouest et du Littoral, si les autorités de Yaoundé n’avaient pas tué cet ambitieux projet agricole.
Pourquoi ne pas reprendre une telle expérience qui a fait ses preuves par le passé, au moment où les jeunes de plus en plus désespérés, montreraient plus d’engouement et d’enthousiasme à aller se prendre en charge, pour échapper, comme disait Voltaire, à l’ennui, au vice et au besoin ?
Paul Biya a avoué, comme désarmé, le monumental déficit que son pays accuse sur le plan agricole. La conséquence étant les centaines de milliards de Fcfa que le pays débourse chaque année pour combler ce déficit que le Cameroun a largement les moyens de couvrir. Comment un pays peut avoir autant de terres fertiles et autant de bras pour les cultiver et ses fils meurent de faim ?
© David Nouwou, La Nouvelle Expression
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