La liberté, rien que la liberté

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samedi 13 mars 2010

Cameroun : Des vies détruites sous le régime de Paul BIYA




Guy Modeste Ambomo : « On m’a proposé 5 millions pour mentir sur le nom de Kingué »


Condamné à 15 ans de prison ferme pour pillage en bande dans l’affaire Paul Eric Kingue, le général Maestro, comme on l’appelle, explique le rôle de l’ex-maire lors des émeutes. Il dédouane Paul Eric Kingue dans cette interview accordée à nos confrères du quotidien Le Jour tout en affirmant qu'on lui a "proposé 5 millions pour mentir sur le nom de Kingué "(...) Chaque fois que le colonel me convoquait dans son bureau, il mettait son téléphone en main libre. De sorte que tout ce que le colonel me disait, venait directement du procureur. ..

Confirmez-vous que vous avez été manipulé pour incriminer l’ancien maire de Njombé Penja ?
Effectivement. Quand je suis arrivé à Nkongsamba, entre le 1er et le 14 mai 2008, lors de l’enquête préliminaire au Groupement territorial de gendarmerie, le colonel, commandant de cette unité, un lieutenant (notre enquêteur) et le procureur de la République m’ont demandé de mentir sur le nom du maire, en disant qu’il tenait des réunions préparatoires des émeutes de février 2008 à Njombé Penja. Chaque fois que le colonel me convoquait dans son bureau, il mettait son téléphone en main libre. De sorte que tout ce que le colonel me disait, venait directement du procureur. C’est lui qui disait ce qu’il fallait faire et me faisait des promesses. J’étais aux petits soins chaque fois que je m’y rendais. J’ai relaté au juge d’instruction tout ce qui s’est passé à l’enquête préliminaire. Devant nous, il a appelé le procureur qui voulait l’intimider afin que je confirme que Kingué était responsable des émeutes.
J’étais tellement recherché que tout ce qu’on me disait lors de l’enquête préliminaire, j’étais obligé de l’accepter, sachant que j’allais le rejeter par la suite au niveau du juge d’instruction. Ils m’ont promis près de 5 millions de francs Cfa, ils se proposaient aussi de me protéger, en m’envoyant en exil en Centrafrique. Toujours à l’enquête préliminaire, j’ai donné les noms des vrais commanditaires, on les a convoqués au niveau du parquet, mais ils n’y sont jamais arrivés. Depuis lors, on ne sait plus ce qu’ils sont devenus. Je reste convaincu qu’ils ont corrompu avec l’argent pour être mis en liberté alors qu’ils sont les vrais instigateurs de ces émeutes.

Qui sont ces vrais commanditaires ?
Ce sont des acteurs de la scène politique à Njombé Penja. J’étais un des piliers de la grève. C’est à ce titre que des femmes politiquement actives dans la localité m’ont approché et m’ont avancé une somme d’argent pour me motiver (jusqu’à ce jour, elles n’ont jamais versé le reste d’argent). Il se trouve que ces femmes-là battaient campagne en juillet 2007, pour que André Ndono Mbanga soit élu député. Seulement, quand Ndono est devenu député, il les a rejetées. Sachant que Ndono occupe la position de cadre à la Php (Plantations du haut Penja) et que cette position pouvait obliger le député à négocier, elles ont pris contact avec mon groupe et moi puis m’ont demandé de m’attaquer à la bananeraie, sachant que j’avais été aussi abusé par Ndono. Celui-ci me devait 7 millions de francs Cfa pour le rôle que j’avais joué en sa faveur lors des échéances électorales de juillet 2007.

Quel rôle a joué l’ancien maire au cours de ces émeutes ?
En réalité, on ne s’est vus, lui et moi, que le 27 février, quand il est venu mettre la paix à la brigade de Penja. Les éléments du Gmi venaient de tirer sur un jeune garçon. Sur place, il y avait un colonel de la Légion de gendarmerie du Littoral, le commandant de Penja, le commandant du Gmi et le sous-préfet Akoue Mengue. M. Kingue et le sous-préfet sont venus parler au peuple, ils lui ont demandé de se calmer, ils ont rétabli le calme. Je vous rappelle que j’étais meneur de la foule. Sans l’intervention de Kingué, on ne se serait pas démobilisés de sitôt.

Le maire Kingue avait-il eu des liens quelconques avec vous avant les émeutes ?
Je n’avais jamais été en contact avec le maire. Tout au contraire, je travaillais toujours avec ses adversaires. Notamment, M. Ndono Mbanga, rival politique juré de Kingué. Je reste donc convaincu que les malheurs du maire viennent de ce monsieur qui par ailleurs, travaille à la Php. Ce maire est un innocent qui écrit librement au président de la République.

N’avez-vous pas peur aujourd’hui de faire ces déclarations explosives ?
Non ! J’ai la conscience tranquille, il fallait bien que je me décharge du poids qui me pesait sur la conscience parce que j’ai l’impression que c’est à cause de moi que Kingué a été condamné. Si la justice faisait bien son travail, les aveux qui m’ont été extorqués en préliminaire, en échange des promesses et suggestions, n’auraient pas dus être pris en compte lors du verdict au Tgi du Moungo. Vous vous rappelez que chaque fois que je voulais prendre la parole là-bas au Tgi pour dénoncer, le juge m’intimait l’ordre de m’asseoir. J’espère qu’on m’offrira cette occasion à la Cour d’appel.

Avez-vous des espoirs quant au dénouement de ce procès ?
Dans ces procès liés aux émeutes, le président de la République avait déjà prôné l’apaisement. C’est ainsi qu’à Douala comme partout ailleurs, aucune condamnation n’a dépassé 18 mois. Malheureusement, pour nous, les responsables du Moungo ont tellement passionné cette affaire liée à la grève qu’ils ont fait traîner notre procès sur plus de neuf mois. Conséquence, les remises de peine que le chef de l’Etat avait décrétées en mars 2008 ne sont pas toujours appliquées. Pourtant, nous sommes également des enfants du président et méritons que sa grâce nous soit appliquée. C’est pour cela que je reste convaincu que les magistrats de la Cour, parce que n’étant pas passionnés dans cette affaire, sauront jouer le rôle de parents.
© Le Jour : Théodore Tchopa

1 commentaire:

  1. These are informations that are true and i hope every other Cameroonian should come into realization and take proper steps to cause change without necessary using VIOLENCE. Thank you prof. for your contribution

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