Le respect de l’institution présidentielle au Cameroun
Paul BIYA est le Président de la République ; mais la présidence de la République du Cameroun ne se réduit pas à Paul BIYA
Il est légitime de réclamer que soit jugée toute personne qui a perpétré des actes infractionnels. Qu’il s’agisse de souverain ou de simples citoyens, le sort doit être le même. D’ailleurs, nul n’est au dessus de loi. Au Cameroun surtout, la loi pénale est la même pour tous. Paul BIYA est donc justiciable des juridictions pénales, pour les actes dont il pourrait être reconnu coupable. Il n’y a pas l’ombre de la moindre immunité à son profit.
Seulement, loin de vouloir justement l’exempter d’éventuelles poursuites, je pense que le Cameroun est assez mûr pour juger ses criminels. Là-dessus, l’idée d’un procès de Monsieur BIYA devant une juridiction étrangère me paraît tout à fait déplacée. Il faut que l’on respecte l’institution de Président de la République. Ce concept doit permettre aux africains de décider d’un sort noble pour quelqu’un qui a quand même servi son pays et qui peut-on croire, n’a pas fait que du mal, et n’a certainement commis des exactions qu’à cause de ses fonctions.
Bien sûr, cela pourrait vouloir absoudre de nombreux criminels, en l’occurrence économiques et contre l’humanité. Mais je pense que si l’on doit convenir de poursuites contre M. BIYA, cela doit se faire devant les juridictions camerounaises. Il en va du respect de la souveraineté nationale et de l’institution présidentielle qui est l’instrument d’identification des nations modernes. A cet effet, on ne saurait songer qu’un ancien Président Européen ou Américain soit jugé ailleurs que dans son pays, en tous cas, jamais dans un pays africain. L’institution présidentielle passe ainsi au-delà de toutes velléités correctionnalistes.
Ne jouons justement pas la carte de l’Afrique des démocraties pénitentiaires où l’on croit instaurer l’alternance en envoyant en prison tous ceux qui ont occupé les hautes fonctions et qui sont contestés par la population. Cela interpelle d’autant ces dinosaures du pouvoir, qui doivent quitter les fonctions et supporter des les voir prendre par quelqu’un d’autre. Il s’agit évidemment d’un contrat de confiance entre la population et ceux qui vont au pouvoir.
Ma position demeure celle d’une dénégation à l’égard de M. BIYA. Il doit partir et laisser un autre présider aux destinées du Cameroun ; il doit se reposer et voir comment on gère un pays comme le Cameroun. Mais nous devons pouvoir consacrer le respect de l’institution présidentielle. Nous donnerions ainsi une autre orientation à la politique de notre pays.
En définitive, nous sommes tous d’accord que Paul BIYA doit partir. Mais s’il devait être jugé, cela devrait, pour des raisons de fierté nationale, se faire devant les juridictions camerounaises composées de juges camerounais.
© Jean Dassin SIGABET
Belle réflexion positive qui peut permettre de construire un Cameroun de la tolérance et du progrès. La haine ne sert à rien dans tous les cas et quelle que soit son origine. Tout le monde peut être Président de la république et la prison à tout prix ne sert à rien. Respectons l’institution présidentielle.
RépondreSupprimer