La liberté, rien que la liberté

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vendredi 23 avril 2010

Cameroun : Le pouvoir en place ne respecte pas les droits de l’homme




Janet E. Garvey (Ambassadeur des USA): "Le Cameroun n'a pas progressé dans la voie de la démocratie"



La version française du rapport 2009 sur les droits de l'homme au Cameroun a été rendu publique le 15 avril dernier. Les Etats Unis sont très critiques vis-à-vis du régime au pouvoir...C'était à l'occasion de la clôture d'une série de trois ateliers sur le renforcement des capacités organisés par l'ambassade des Etats-Unis au Cameroun à l'intention de la société civile. Ce rapport donne une vue d'ensemble sur des problèmes qui interpellent les pouvoirs publics et les Organisations non-gouvernementales.

Quelques points saillants
Le document énumère un certain nombre de faits positifs. Citons la révision du Code de procédure pénale, la loi relative à la lutte contre le trafic et la traite des enfants, le combat que mène la Cndhl - la Commission nationale des droits de l'homme et des libertés. Le rapport prend acte de la publication, par le gouvernement camerounais, de son propre rapport annuel ainsi que des progrès accomplis en matière de collaboration avec la société civile. En plus, ce document de 50 pages relève les domaines qui ont besoin d'amélioration. A cet effet, il est indiqué que «les forces de sécurité continuent d'opérer des arrestations et des détentions arbitraires, torturent des citoyens sans défense et leur infligent des traitements inhumains». Des incidents pour lesquels, dit le rapport, «le gouvernement a rarement engagé des poursuites contre les responsables». Il est néanmoins rappelé l'assassinat de l'artisan Jean- Baptiste Kamgaing tué par balles le 28 octobre par le capitaine Jean-Pierre Kagombé alors qu'il était commandant de la compagnie de gendarmerie des Hauts-Plateaux dans la région de l'Ouest. «Le 15 novembre, l'officier de police de 2e grade Olivier Villot Ehongo a tué par balles son épouse Virginie Ehongo magistrat et substitut du procureur de Bafia, après une querelle provoquée par la jalousie», lit-on dans le rapport qui indique que ce policier était encore recherché à la fin de l’année.
L’ambassade des Etats-Unis regrette que le gouvernement n’ait pris aucune mesure dans les affaires d'homicide commis par les forces de sécurité au cours des émeutes de février 2008. Le rapport revient sur le meurtre de Grégoire Diboulé qui, selon les rapporteurs, aurait été commis par Ni John Fru Ndi le président du Social democratic front, et 21 autres responsables appartenant à une faction rivale du Sdf. Ensuite, le rapport des Américains souligne qu'au cours de l'année 2009, «les violences sociétales et les cas de justice sommaire envers des personnes soupçonnées de vol ont continué de causer des morts». Pour eux, ces violences collectives ont été attribuées en grande partie à la frustration du public causée par l'inefficacité de la police et par la remise en liberté sans inculpation d'individus arrêtés pour des infractions graves. Si le rapport ne signale aucune disparition à caractère politique, il souligne tout de même que «les forces de sécurité auraient détenu et torturé des personnes dans des lieux spécifiques». Il est également mis en relief le harcèlement et la détention de façon abusive des manifestants politiques, ainsi que les cas d'intimidation et d'arrestation des journalistes. Aussi, il est noté que beaucoup reste à faire pour améliorer les droits des femmes.

Alternance
«Le droit des citoyens de changer leur gouvernement a régulièrement été violé par des élections entachées d'irrégularités», soutient Janet Elisabeth Garvey, l'ambassadrice des Etats-Unis au Cameroun. La diplomate américaine a d'ailleurs la dent dure: «j'ai passé près de trois années au Cameroun, et pendant ce temps, le pays ne semble pas avoir beaucoup progressé dans la voie de la démocratie». Croyant à la puissance de la démocratie et aux droits fondamentaux de chaque individu, elle propose: «au moment où le pays s'apprête à rentrer dans une période électorale capitale, j'invite le peuple camerounais à saisir cette occasion pour faire avancer la démocratie en participant aux élections et en assurant la réussite du processus».
Pour Janet Elisabeth Garvey, c'est au Camerounais qu’il incombe de changer leur pays. «Il ne revient pas aux étrangers de le faire à votre place», ajoute-t-elle, attestant que son pays accompagne le gouvernement camerounais, les ONG et les Camerounais ordinaires dans leurs efforts pour bâtir une nation où la règle de droit est capable de protéger les droits des citoyens.
Concernant donc les élections et la participation politique, il ressort dans ce rapport que lors des élections législatives de 2007, les observateurs ont constaté «l'exercice d'une supervision médiocre dans les bureaux de vote et une application laxiste de la loi électorale».
Parlant d'Elecam qui fait couler beaucoup d'eau sous les ponts ces derniers jours, le rapport mentionne que nombre de membres de la communauté internationale ont émis publiquement des doutes sur l'indépendance et la crédibilité d'Elecam, vu la nature partisane de son Conseil. Alors que le gouvernement pour sa part prétend qu'Elections Cameroon est capable de gérer des élections indépendantes.
© Dikalo : JEAN-PIERRE BITONGO

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