La liberté, rien que la liberté

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jeudi 29 avril 2010

Cameroun : Le régime de Paul BIYA est décidément très dangereux




Assassinat politique de Bibi Ngota: Issa Tchiroma manipule la presse et l’opinion





Voici en intégralité, le témoignage de Félix Cyriaque Ebolé Bola, invité par le ministre de la Communication à assister à l’autopsie du journaliste décédé à la prison centrale de Kondengui.




« Chers tous, je voudrais partager avec vous ces faits insolites autour de la mort de Bibi Ngota, survenus le lundi 26 avril 2009 à Yaoundé.

A 12h40, je reçois un coup de fil d’un numéro caché. C’est M. Issa Tchiroma, ministre de la Communication, qui me prie d’aller représenter la profession à l’autopsie de Bibi Ngota, qui doit avoir lieu au Centre hospitalier universitaire (Chu) de la ville. Je saute dans premier taxi, et me retrouve quelques minutes plus tard à la morgue. Un homme en blouse blanche émerge de derrière une bâche. Je me présente à lui et dis l’objet de ma présence en ces lieux. Il semble ne rien maîtriser : «Je ne sais pas si cette autopsie aura lieu… En tout cas, allez voir directement au Chu».

Je monte à toute vitesse, me renseigne puis me retrouve dans le service compétent, sis au sous-sol de l’officine. Un homme à l’allure jeune m’accueille, me prie d’attendre le major qui ne serait pas loin et me désigne une chaise. Entre mon départ du bureau et mon arrivée dans ce service, il s’est écoulé quelque 35mn.

J’attends environ 10mn, puis des gens en blouse blanche arrivent. Je me présente à celui qu’on me désigne comme étant le major : «Je m’appelle Félix Cyriaque Ebolé Bola, j’ai été envoyé par le ministre de la Communication pour représenter les journalistes à l’autopsie de Bibi Ngota.» .

Mon interlocuteur a l’air effaré : «Mais nous avons fini ! Et puis c’était à la morgue et non ici.» Je lui apprends que j’ai commencé par ce pavillon, je décris celui qui m’a reçu avant de m’envoyer à son service. Il le reconnait et s’étonne qu’il m’ait ainsi mal renseigné alors qu’il a personnellement assisté à l’autopsie. A ma question de savoir si au moins un membre de la famille a assisté à cette opération, le major m’indique que «c’est une épreuve difficile à laquelle les familles ne sont généralement pas conviées».

Je le quitte, confus et interrogateur, me demandant pourquoi le ministre Tchiroma m’a-t-il dirigé au Chu alors que l’autopsie était soit en cours, soit déjà terminée. Je me demande, surtout, pourquoi le préposé à la morgue m’a dérouté.

Revenu au bureau, j’ai vainement tenté de joindre le ministre de la Communication pour comprendre pourquoi j’avais été embarqué dans une affaire visiblement viciée. En désespoir de cause, j’ai pu rendre compte de ma mésaventure à son conseiller technique, Félix Zogo, qui a promis de lui en parler. Je tenais à faire cette lumière afin d’éviter tout malentendu, et surtout pour alerter la corporation quant au mystère qui continue de s’épaissir autour de la mort de Bibi.

NB : Dimanche dernier en mi-journée, Bruno Ntede, le cadet de Bibi, m’a joint au téléphone pour m’apprendre qu’une autopsie avait déjà été pratiquée depuis vendredi. Selon ses déclarations, c’est un membre de la famille travaillant au Chu qui a alerté les autres de ce que des individus se sont présentés à la morgue du Chu comme venant «du secrétariat général de la présidence de la République», envoyés pour demander que l’autopsie soit pratiquée immédiatement. Ce qui aurait été fait.».
© La nouvelle expression

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